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Émissions de méthane : comment l’innovation dans l’élevage de bétail peut freiner le changement climatique

Face au réchauffement climatique, les émissions de méthane des bovins sont sous les projecteurs. Et cela passe par une lutte active contre les émissions du bétail. Les innovations se multiplient en ce sens.

Le 24/04/2024 par Florence Santrot
Vaches Holstein
Des vaches Holstein aux pâturages. Crédit :
Des vaches Holstein aux pâturages. Crédit :

Haro sur le méthane. Après le dioxyde de carbone (CO2), c’est le gaz à effet de serre le plus abondant sur Terre. Mais c’est aussi un gaz qui emprisonne environ 30 fois plus de chaleur que son confrère. Il mérite donc toute notre attention dans la lutte contre le réchauffement climatique. Or, 40 % du méthane émis sur notre planète provient de l’agriculture, à commencer par la production de riz, l’élevage du bétail et la gestion du fumier.

Comment bovins et vaches laitières contribuent-ils au changement climatique ? Par la digestion et les excréments. Par exemple, une vache laitière en lactation génère environ 400 g de méthane par jour. En une année, elle peut émettre autant de gaz à effet de serre qu’une voiture moyenne qui parcourt 20 000 kilomètres. Pas négligeable ! Les solutions pour réduire ces émissions sont donc scrutées de près. À ce sujet, la start-up suédoise Agteria vient de découvrir une nouvelle molécule qui pourrait tout changer.

Une molécule semblable à une algue qui inhibe des micro-organismes dans l’estomac

Sachant qu’on estime à 1,5 milliards de vaches sur Terre élevées pour la production de viande, réduire ces émissions de méthane est une nécessité pour éviter d’atteindre le point de basculement climatique critique. La biotech Agteria a imaginé une solution pour empêcher les vaches d’émettre autant de méthane sous forme de rots et de flatulences.

Comment ? En créant un aliment pour le bétail dérivé d’une nouvelle molécule en instance de brevet. Une molécule qui fonctionne de manière similaire à l’algue rouge asparagopsis, dont il a été démontré qu’elle réduit les émissions de méthane des vaches. Cela peut aller jusqu’à -80 % en inhibant les micro-organismes présents dans l’estomac de l’animal.

D’autres pistes prometteuses contre le méthane émis par le bétail

La biotech suédoise n’est pas la seule à chercher une solution au méthane émis par les bovins. Rumin8, une start-up australienne, développe des suppléments alimentaires qui ont le même effet que la molécule d’Agteria. Preuve du potentiel de ses produits et de l’efficacité de sa R&D, Rumin8 a obtenu en 2023 une dotation de 12 millions de dollars de la part de Breakthrough Energy Ventures, un fonds créé en 2015 par Bill Gates.

À nouveau en Suède, la firme Volta Greentech œuvre elle aussi pour réduire drastiquement les émissions de méthane de la part des vaches d’ici 2050. Son supplément réducteur de méthane, baptisé Lome, est à base d’algue rouge asparagopsis. Après une première installation pilote en 2020, la Volta Factory 01, et la validation du concept (-80 % d’émissions), une seconde usine plus vaste est en cours de construction. Volta Factory 02 pourra produire 50 tonnes du complément alimentaire par an. Entre temps, en novembre 2022, le premier bœuf à teneur réduite en méthane provenant de bovins nourris avec le produit de Volta Greentech a été commercialisé en Suède. Prochain marché à l’étude : le Royaume-Uni.

Et en France ? L’exemple du Groupe Bel

Entre janvier et mars 2023, le Groupe Bel, l’Association des Producteurs de lait Bel de l’Ouest et la société suisse dsm-firmenich ont mené, en partenariat avec l’Institut de l’Elevage, un projet pilote visant à réduire le méthane émis par les vaches laitières en France. Le supplément Bovaer développé en Suisse a été ajouté – à raison d’environ un quart de cuillère à café par jour – dans l’alimentation des bovins. Résultat : une réduction des émissions de méthane entre 29 et 42 % selon les élevages sur les deux mois de l’étude. Une bonne nouvelle à moduler cependant : en été, quand les vaches sont aux pâturages, le supplément ne peut être distribué.

L’expérience a cependant été jugée positive et, en juillet 2023, le Groupe Bel a annoncé le déploiement de la solution Bovaer dans les exploitations de son bassin laitier slovaque. L’usine slovaque de Michalovce est celle qui produit les fromages Babybel pour marchés UK, Allemagne, Tchèquie et Slovaquie.

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