Partager la publication "Guerre en Ukraine : comment en parler à ses enfants"
“Maman, papa, il va y avoir une troisième guerre mondiale ?” Pas toujours facile de savoir quoi répondre à ses enfants alors qu’on s’interroge nous-mêmes sur l’avenir face à cette guerre en Ukraine, finalement si proche de nous. Pour répondre à leurs questions, les réconforter et les apaiser, les parents se sentent parfois – souvent – démunis. Mais la presse jeunesse peut aider pour appréhender les angoisses des plus jeunes, qui sont aussi les nôtres la plupart du temps.
Il n’est pas toujours facile de comprendre et d’expliquer ce qui arrive actuellement en Ukraine, les racines de ce conflit avec la Russie, les motivations profondes de Vladimir Poutine… surtout face aux nombreuses fake news, de tout bord, qui pullulent sur les réseaux sociaux actuellement. Pour tenter de comprendre comment aborder cela au mieux avec ses enfants, WE DEMAIN a interrogé David Groison, responsable des titres ados de Bayard Jeunesse (Astrapi, Okapi, Phosphore…).
David Groison : Dans nos magazines, nous commençons à en parler dès Astrapi, c’est-à-dire pour les enfants de 6-7 ans. L’important est d’abord d’écouter les questions et les angoisses des enfants. Qu’est-ce qui les interpelle le plus ? Le risque d’un conflit nucléaire ? La possibilité d’une troisième guerre mondiale ? Comprendre pourquoi la Russie envahit l’Ukraine ? Pour cela, il est important que les parents se préparent et se renseignent afin de pouvoir y répondre au mieux, avec un langage simple et adapté. Il y a un discours et une façon de parler de l’actualité différente selon les âges, nous essayons de traduire cela pour les parents. Mais la priorité est de prendre le temps de les écouter.
Il ne faut pas couper les enfants, notamment les ados, de l’actualité. Ils vont forcément y être confrontés. Si ce n’est pas chez vous, ce sera dans la cour de l’école, sur le smartphone de leurs amis, en écoutant des conversations d’adultes… Le mieux est donc de partager autour de l’actualité et surtout de leur expliquer l’importance d’une information de première main. C’est pour cela qu’une presse adaptée à chaque enfant est utile. Un magazine qui traîne dans le salon ou dans une chambre, ça incarne et c’est utile.
Il est clair qu’à l’heure actuel, il est difficile de les protéger d’éventuelles images traumatisantes qu’ils pourraient voir sur les réseaux sociaux ou Internet plus généralement. C’est pourquoi il est important de surveiller les signaux révélateurs : nervosité, perte d’appétit, mauvaise humeur, sommeil chahuté… Encore une fois, il est important d’en parler. Mettre des mots sur des faits, cela permet déjà de mettre de la distance. Et puis il faut aussi, en tant que parent, s’autoriser à dire qu’on ne sait pas si telle ou telle vidéo ou image est vraie. On peut chercher ensemble à comprendre. Face à ces questions abyssales autour de la guerre, on a le droit de partager nos doutes et nos inquiétudes.
Il ne faut pas interdire pour interdire. D’une certaine manière, c’est une porte d’entrée pour une conversation. Sans être lourd, il faut leur demander de quoi ils ont peur. Tous ces jeux et attitudes provocantes sont des invitations à en discuter, à en parler. Il faut le faire, mais de manière assez informel de préférence. Ce n’est pas toujours facile car ça peut intervenir à tout moment, sur le chemin de l’école, en faisant les courses, etc. mais c’est mieux de glisser cela dans le quotidien.
Il ne faut pas forcer la conversation. Chacun a le droit de garder sa part d’enfance et préfère faire abstraction. Dans ce cas, il ne faut pas forcer la conversation. Il suffit de tâter le terrain en délicatesse mais si le sujet ne les intéresse pas plus que ça, rien ne sert de forcer.
Comprendre, ça apaise. Proposer d’aider, ça apporte du réconfort. Cette idée d’aider, d’agir, ça va leur faire du bien, c’est indéniable. Ils ne sont plus seulement passifs, ils participent à leur niveau. Et puis voir des adultes responsables s’impliquer aussi, c’est quelque chose d’important. Cela montre qu’il y a des manières d’agir sans entrer dans la violence. Ils peuvent aussi accompagner leurs parents à des marches. Si c’est important pour vous, ils vont trouver important de s’y associer à leur tour.
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