Partager la publication "Tout ce que vous ignoriez sur les richesses de la banlieue parisienne"
« De l’autre côté du périphérique, tout existe. Il faut juste le montrer ! » Avec une dizaine d’autres journalistes bénévoles, Renaud Charles appartient à la rédaction de Enlarge Your Paris. Un site Internet lancé en juillet 2013, avec l’objectif de montrer que la banlieue parisienne fourmille de lieux, d’entrepreneurs et d’initiatives inspirantes. « La marque Paris est superpuissante. L’extramuros ne se résume pas aux tensions sociales et aux tours. Il faut faire émerger l’imaginaire de la banlieue. » Pour cela, Enlarge your Paris à deux objectifs affichés : révéler la vitalité des banlieues et draguer les habitants de la capitale
L’insolite est en banlieue
Renaud Charles rappelle que la plupart des grandes villes ont une superficie bien plus importante que les 105,4 km2 de Paris. « New York, c’est 1 214 km2. Londres, 1 572 m2 ; Berlin, 891,8 km2. » À son sens, cela justifie que Saint Denis, Châtillon, Clamart, Nanterre ou Montreuil, soient considérées comme une extension naturelle de Paris.
C’est à travers une carte interactive un peu provocatrice – Paris, au centre, y est représentée par un vide – que l’on se fait une idée de la vie en périphérie de Paris. En cliquant les points répertoriés sur la carte, on peut découvrir pêle-mêle : un reportage sur une fumerie de saumon à Montreuil (93), une champignonnière à Montesson (78), un collectif qui organise des visites autour de l’architecture et des ruches présentes à Saint-Denis (93) ou une lutherie urbaine qui recycle du matériel en véritables instruments de musique à Bagnolet (93).
C’est à travers une carte interactive un peu provocatrice – Paris, au centre, y est représentée par un vide – que l’on se fait une idée de la vie en périphérie de Paris. En cliquant les points répertoriés sur la carte, on peut découvrir pêle-mêle : un reportage sur une fumerie de saumon à Montreuil (93), une champignonnière à Montesson (78), un collectif qui organise des visites autour de l’architecture et des ruches présentes à Saint-Denis (93) ou une lutherie urbaine qui recycle du matériel en véritables instruments de musique à Bagnolet (93).
Saint-Cloud, le « Central Park parisien »
Enlarge your Paris cherche aussi, via son agenda, à valoriser les nombreuses salles de concerts présentes en banlieue. « En banlieue, je sens plus d’enthousiasme, assure la comédienne Camille Chamoux, interviewée par Enlarge your Paris. Ce ne sont pas les spectateurs qui viennent à nous, mais nous qui venons à eux. Cela crée un rapport plus chaleureux. » « En plus, c’est moins cher ! », ajoute Renaud Charles.
Avis aux amateurs de nature : le site a publié une infographie des espaces verts d’Île-de-France comparant temps de transport et taille des parcs dans différentes capitales. Résultat : pour peu qu’on accepte de faire 20 minutes de RER, la région surclasse New-York et son « jardinet » qu’est Central Park en termes d’espaces verts, grâce notamment aux parcs de Saint-Cloud et de La Courneuve. En prime, 47 % de l’Ile de France est constituée de terres agricoles, rappelle Renaud Charles. De quoi favoriser l’essor des circuits-courts pour l’alimentation des citadins. Ce n’est pas tout. Pour les personnes lassées de Paris plage, l’alternative se trouve dans les nombreuses bases de loisirs des banlieues. Celles et ceux qui rêvent de sable fin, d’une eau translucide, de sports aquatiques seront comblés en se rendant à Jablines (Seine et Marne), à « 45 minutes de la bouillonnante capitale ». Enlarge your Paris: un média et un guide touristique.
Artistes confirmés et en devenir
Autre média, autre regard. Banlieues Créatives propose, via de courte vidéo, un traitement « plus politique » de la banlieue, explique Anne Dhoquois, coordinatrice éditoriale. « Notre travail s’effectue sur des zones sensibles, dites prioritaires, et des quartiers populaires. Les gens y ont de vrais problèmes à régler en termes de santé, de précarité », témoigne-t-elle.
Mais là non plus, pas de misérabilisme. Le but de la plateforme ? Compenser le manque de reconnaissance médiatique des quartiers en braquant la caméra sur « les talents qui émergent ». Cliquez sur l’onglet « Découvertes » et vous découvrirez des artistes, confirmés ou en devenir, tels que Berthet One, auteur de BD récompensé lors du festival d’Angoulême ; Maissam une collégienne de 15 ans auteur d’un roman interactif sur les favelas, diffusé sur Facebook ; Coumba Bocoum, bloggeuse photographe au regard décalé sur sa ville… Ou encore Samuel Gemelus, qui a réalisé son premier court-métrage grâce à une bourse octroyée par la fondation France Télévision.
L’anthropologue vs le romancier
Banlieues Créatives place le dynamisme associatif et citoyen au cœur de ses reportages. « On fait œuvre d’utilité publique », résume Anne Dhoquois. Dans la rubrique « Actions », ce sont diverses initiatives collectives, participatives et préventives qui sont compilées. À l’image de « ô sublime déchets », qui a vu cinquante habitants de Clichy sous Bois créer des œuvres d’art à partir de déchets. Des boites vides de médicaments et des bouchons plastiques colorés se sont métamorphosés en robe de princesse ou en sculptures.
La rubrique « Paroles » entend, quant à elle, combler le manque de points de rencontre entre journalistes et habitants des quartiers. Dernière vidéo en date : une interview croisée entre l’anthropologue spécialiste de la banlieue Marc Hatzfeld et Rachid Santaki, un scénariste et romancier élevé de l’autre coté du périph. « La culture des banlieues c’est celle de l’innovation, celle de l’homme nouveau », assure ce dernier.
« La banlieue tend la main. Elle ne veut pas rester recroquevillée sur elle-même, conclut Anne Dhoquois. Une dynamique sociétale est à l’œuvre en périphérie de Paris. Les gens se bougent. » Banlieues créatives joue également un rôle d’insertion professionnelle : chaque semaine, 18 jeunes consacrent chacun 26 heures à produire des contenus pour le site. Ou comment passer de l’observation à l’action.
Thomas Masson
Journaliste We Demain
Twitter : @Alter_Egaux
La rubrique « Paroles » entend, quant à elle, combler le manque de points de rencontre entre journalistes et habitants des quartiers. Dernière vidéo en date : une interview croisée entre l’anthropologue spécialiste de la banlieue Marc Hatzfeld et Rachid Santaki, un scénariste et romancier élevé de l’autre coté du périph. « La culture des banlieues c’est celle de l’innovation, celle de l’homme nouveau », assure ce dernier.
« La banlieue tend la main. Elle ne veut pas rester recroquevillée sur elle-même, conclut Anne Dhoquois. Une dynamique sociétale est à l’œuvre en périphérie de Paris. Les gens se bougent. » Banlieues créatives joue également un rôle d’insertion professionnelle : chaque semaine, 18 jeunes consacrent chacun 26 heures à produire des contenus pour le site. Ou comment passer de l’observation à l’action.
Thomas Masson
Journaliste We Demain
Twitter : @Alter_Egaux