Partager la publication "Le trou de la couche d’ozone sera bientôt un souvenir"
Il y a dix ans, c’était l’un des sujets écologiques les plus préoccupants : la couche d’ozone se trouait lentement au dessus de nos têtes, sous l’effet de certains gaz polluants, les chlorofluorocarbures (CFC) en tête. La menace semble désormais s’éloigner. Selon un rapport de l’Organisation Météorologique mondiale (OMM) et du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (Pnue), la couche d’ozone est en train de se réparer. Elle serait même reconstituée d’ici 2050 : de quoi éviter deux millions de cas de cancers de la peau chaque année d’ici à 2030.
Un long combat
La nouvelle a de quoi surprendre car depuis 30 ans, les scientifiques n’ont eu de cesse de sonner l’alerte. En 1985, ces derniers remarquent que la couche d’ozone, qui protège la terre des rayons ultraviolets, a diminué de 50% au dessus de l’Antarctique. Au début des années 2000, l’épaisseur de la couche n’a jamais été aussi fine. Et en 2006, les experts constatent qu’elle se reconstitue beaucoup moins vite que prévu.
Comment expliquer ce revirement ? L’ONU cite en premier lieu le Protocole de Montréal, signé en 1987, « l’un des traités relatifs à l’environnement les plus efficaces au monde ». Le texte interdit l’usage de certains composants, dont les CFC, issus de l’industrie, qui attaquent le bouclier gazeux. Aujourd’hui ratifié par 196 pays, l’accord a permis une action concertée menant à des résultats rapides.
Vases communicants
Mais cette reconstitution de la couche d’ozone n’est que pour moitié liée aux effort consentis suite au traité. Fait surprenant, le changement climatique a eu un effet positif sur la couche d’ozone : les gaz à effet de serre refroidissent en effet l’atmosphère à très haute altitude, favorisant sa reconstitution. Au point que, « vers la fin du siècle, la couche d’ozone sera sans doute plus épaisse que dans les années 1970 », explique au Monde Slimane Bekki, chercheur au CNRS et coauteur du rapport.
A noter enfin que la lutte contre le trou de la couche d’ozone a eu pour effet collatéral de limiter (dans une certaine mesure) le réchauffement climatique: « Les composés chlorés et bromés bannis par le protocole sont non seulement nocifs pour l’ozone, mais sont aussi de puissants gaz à effet de serre », souligne M. Bekki.
Cette bonne nouvelle est cependant à replacer dans un contexte climatique plus que préoccupant. Il y a quelques jours, l’OMM relevait une concentration de Co2 record pour l’année 2013, « la plus forte augmentation annuelle depuis 1984. » Un sommet sur le climat, placé sous l’égide des Nations Unies, doit réunir les principaux chefs d’États le 23 septembre prochain, à New York, afin de discuter de mesures en faveur du climat. Souhaitons qu’ils soient aussi inspirés qu’à Montréal.