Partager la publication "Daan Roosegarde veut sauver la Chine de l’asphyxie"
« C’est là que j’ai sorti la bague de ma poche de veste. » La voix assurée, bien que teintée d’un enthousiasme amusé, Daan Roosegaarde rigole lui-même du bon tour qui vient de se jouer dans le bureau du maire
de Shanghai, en présence de ce dernier et de l’ambassadeur des Pays-bas en Chine. La bague en question est composée de suie, de particules fines
et de dioxyde de carbone, tous ces nouveaux parasites émis par les grandes villes du monde et dont on tente de protéger nos poumons. Compressée à l’extrême et sertie sur un anneau d’or, la poussière sale se transforme en
un diamant noir ébène. « Je l’ai posée sur la table et je leur ai dit : je suis inspiré par votre smog. »
Smog Project
« Paris, j’ai pris ta boue et j’en ai fait de l’or », se flattait Baudelaire. Voilà aussi ce que ce designer néerlandais de 34 ans fait de nos poussières. Plus précisément : une bague en or, dont un seul exemplaire vendu permet de financer « le nettoyage de 1 000 m3 d’air pollué », affirme
Daan Roosegaarde, à la tête d’un studio de design où une quinzaine de salariés
– électriciens, ingénieurs, développeurs – travaillent en permanence à la concrétisation de ses projets.
Le dernier en date s’appelle Smog Project. Le
smog – contraction de smoke, « fumée » et de fog, « brouillard » – est cet épais nuage de pollution qui stagne au-dessus de certaines concentrations urbaines
et industrielles. Smog Project entend donc épurer l’air pollué, de Chine
ou d’ailleurs, à l’aide de mini-aspirateurs à particules. N’y voyez pas la folie d’un esprit trop ambitieux. Pas question
ici de balancer sur Pékin des milliers de drones équipés de petites bouches avides de poussières grisâtres, mais simplement de créer dans les parcs quelques espaces d’air pur, circulaires, de 40 à 70 m de diamètre (…)
Julien Millanvoye
Journaliste