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Economie circulaire : de quels cycles parle-t-on ?

Directeur France de l’ONG Green Cross, Nicolas Imbert livre pour wedemain.fr une série de réflexions et de propositions autour de l’économie circulaire. Voici la troisième de ces cinq chroniques dédiées à ce nouveau schéma économique au sein duquel rien ne se perd : Quels cycles de vie pour l’économie circulaire ?

Le 25/10/2013 par WeDemain

Economie circulaire : de quels cycles parle-t-on ?
Dans la vulgate de l’économie circulaire, la notion de cycle est un terme simple qui renvoie à une réalité complexe. Il s’agit de quitter un modèle linéaire, ou chaque activité est en séquence et qui conduit à une culture du jetable, pour un modèle où l’on cherche à faire moins avec mieux, où l’on utilise les interdépendances et où l’on rend le meilleur service possible avec une consommation de ressources, en particulier d’énergie, réduite.

Au fond, il ne s’agit ni plus ni moins que d’imiter la nature dans sa capacité à faire circuler sans chef d’orchestre les flux d’énergie, de matières et d’informations pour constituer des équilibres efficaces et dynamiques. Quel est le rôle premier de la forêt ? Un refuge pour les animaux ? La captation et la filtration de l’humidité, afin d’améliorer la qualité de l’eau ? Une réserve renouvelable de combustible ? La captation du carbone ? La conservation durable de la qualité des sols ? Tout cela à la fois et bien plus encore. Le tout, sans que l’un de ces services ne l’emporte sur les autres. Ce sont ces équilibres et cette spontanéité vertueuse que l’économie circulaire vise à reproduire.
 
Économie et écologie réconciliées
 
Une bonne idée arrivant rarement seule, plusieurs concepts et slogans ont accompagné la naissance du concept d’économie circulaire et cohabitent aujourd’hui : écologie industrielle, innovation frugale, économie collaborative, économie symbiotique, économie positive… Deux concepts insistent plus particulièrement sur la notion de cycle : celui du « berceau à la tombe » et celui du « berceau au berceau », en anglais « cradle to grave » et « cradle to cradle ®». Ce second concept a d’ailleurs donné lieu à une marque commerciale, développée par une société et distribuée sous forme de certifications.
 
Qu’y a-t-il de commun à toutes ces initiatives ? L’idée d’une économie réconciliée avec l’écologie : la non-toxicité, la recyclabilité et le réemploi, la préconisation d’énergies renouvelables, ainsi que le respect de la biodiversité et des systèmes d’eau. Mais le plus important réside dans l’approche holistique, territoriale et systémique. On ne peut prétendre avoir traité la toxicité sans se préoccuper à la fois de la toxicité pour ceux qui travaillent matières et produits, de la toxicité en cours d’utilisation, de la toxicité en fin de vie et de celle des processus d’élimination. Cela vaut pour l’homme, par contact, exposition ou ingestion, comme pour le reste de l’environnement. Cet impératif rejoint des exigences légales, sociales, des recommandations et contraintes sur l’utilisation du produit
 
De la fabrication aux usages
 
Il en va de même pour la consommation de matière et d’énergie. S’il est effectivement important de recommander l’utilisation d’énergies renouvelables, il l’est également de chercher à minimiser la consommation énergétique tout au long du processus de production, et de s’assurer que le produit ou service est utilisé de la manière la plus durable possible.
 
Prenons un exemple issu de la filière textile : le jean. Une démarche circulaire pourra se porter sur le choix de matières premières recyclées ou biologiques, la minimisation de l’empreinte en eau, le choix de colorants et procédés d’obtention peu toxiques, une conception simplifiée minimisant la consommation d’énergie, un transport durable, des conditions de travail respectueuses. Tout ceci, éminemment nécessaire, n’agira que sur 10 à 20 % de l’empreinte écologique du produit.

Car une grande partie des impacts sont concentrés sur les usages. Comment le produit est-il lavé ? Est-ce dans une machine pleine ou quasi vide, efficace ou non, fréquemment ou non, avec ou sans filtre ? Ce travail nécessite que les filières industrielles puissent passer d’une démarche de concurrence frontale et d’un marketing de l’offre à une démarche de co-construction, de partage d’informations comme de moyens de collecte en fin de vie, mais aussi de marketing responsable et d’information honnête et objective du consommateur sur le meilleur usage qu’il peut tirer des produits.

La France sait inventer

Certains fabricants ont su anticiper les cycles de l’économie circulaire et les insérer au cœur de leur stratégie. L’ingénieur Charles Dyson a ainsi conçu, commercialisé et distribué des aspirateurs durables et réparables, dont chaque pièce détachée (depuis le premier modèle) est disponible à un coût adapté dans le réseau commercial ou sur le site Internet. Le tout bien avant les prémices de l’adoption législative d’une garantie longue. On peut également citer un industriel comme Rexel, qui affiche l’objectif d’une modernisation de tous les moteurs électriques industriels européens pour diminuer leur consommation énergétique globale de 30 %. Un objectif atteignable par l’implication de l’ensemble de la filière et des engagements volontaires, consolidés sous forme de certificats d’économie d’énergie.

Passer de l’économie linéaire à l’économie circulaire est un chemin complexe. On y avance d’autant plus vite que l’on unit ses forces, que l’on partage ses expériences sur la base d’une diversité des bonnes pratiques, mais aussi d’une cible claire et exhaustive. Sur chacun des marchés de l’eau, de l’énergie, des transports ou des biens de consommation, la France sait inventer. Elle sait également maintenir et préserver une position de choix. À l’heure où le travail mobilisable est aussi abondant que les matières premières sont rares, il est temps de réunir tous ces talents pour innover et construire notre activité autour de l’économie circulaire. Et ce, de la manière la plus ouverte et la plus large possible.

Economie circulaire : de quels cycles parle-t-on ?

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