Partager la publication "À bord du plus grand catamaran solaire du monde !"
Lors d’une escale à Halifax, au Canada, Antoine Simon, ingénieur électricien embarqué à bord, a répondu aux questions de We Demain. Il témoigne du quotidien à bord et revient sur les objectifs de l’expédition.
Antoine Simon : Tout juste diplômé de l’Isen, une école d’ingénieurs brestoise, je cherchais du travail. Etant passionné par les énergies renouvelables et le milieu maritime, ce poste d’ingénieur électricien était une belle opportunité. C’est un boulot génial qui me permet d’apprendre de jour en jour. D’autant qu’il me permet de communiquer et échanger sur les énergies renouvelables, en particulier le photovoltaïque, qui est quelque chose d’important pour moi. C’est une expérience unique !
Après un tour du monde bouclé en 2012, PlanetSolar navigue avec des objectifs scientifiques très précis en 2013. Quels sont-ils ?
Le principal projet est l’expédition scientifique PlanetSolar DeepWater, en collaboration avec l’Université de Genève. Une équipe de scientifiques est à bord afin de récolter des données exclusives. En effet, comme le navire n’émet aucun Co2, nous sommes certains de l’exactitude de nos relevés. Grâce à des instruments de haute technologie, nous nous intéressons à l’eau et à l’air le long du courant océanique Gulf Stream, qui est l’un des plus importants régulateurs du climat européen et nord-américain.
Vous avez quitté La Ciotat le 8 Avril 2013 pour rallier les Antilles, avant de remonter le long du continent américain. Quelles seront les prochaines étapes ?
Les scientifiques ont embarqués à Miami afin d’effectuer une série de mesures. Nous avons ensuite rallié Boston et sommes actuellement en escale à Halifax, au Canada, le point le plus septentrional de l’histoire du bateau. Dans quelques jours, nous repartons en direction de St John’s, toujours au Canada et encore plus au Nord.
Entre ces deux escales, nous allons descendre rejoindre le Gulf Stream, afin de permettre aux scientifiques d’analyser le phénomène des vortexs océaniques, de larges tourbillons qui véhiculent une grande quantité d’énergie. Pour intercepter ces tourbillons, nous allons devoir effectuer une navigation en « zigzag » à travers le Gulf Stream.
La plus grosse différence entre un bateau solaire et un bateau classique, c’est que nous devons tenir compte de l’ensoleillement plus que du vent. Le bateau possède des batteries qui lui offrent environ trois jours d’autonomie. Il nous faut donc adapter la consommation électrique des moteurs à la quantité d’énergie produite.
En fin de journée, je regarde la quantité d’énergie électrique produite et j’indique au Capitaine la consommation que l’on s’autorise pour la nuit et la journée du lendemain. Bien sûr, si les prévisions météo ne correspondent pas à la réalité, il nous arrive de revenir sur ces décisions. En plus de mon travail d’ingénieur de bord, je participe comme tous les autres membres d’équipage à des quarts. Jour et nuit, quelqu’un doit être de surveillance en passerelle.
Que s’agit-il de montrer avec ce projet ?
Avec un tour du monde réalisé entre 2010 et 2012, PlanetSolar a démontré l’efficacité de l’énergie solaire. C’est une très belle plateforme pour prouver que ça marche vraiment ! Mais ce catamaran n’ambitionne pas pour autant révolutionner le monde maritime. La campagne 2013 a pour vocation d’offrir une seconde vie au navire et de prouver qu’il est possible de l’utiliser dans des applications concrètes, comme cette expédition scientifique. Ce bateau n’est pas destiné à finir au musée ! Désormais, nous jouissons d’une importante visibilité et PlanetSolar est devenu une véritable plateforme pour sensibiliser le public sur les changements climatiques en même temps qu’un centre de recherche sur le climat.
Merci pour vos réponses et bon voyage !
Pour suivre l’avancement du bateau via Google Earth, c’est ici !