Partager la publication "Lettre d’une asexuelle à ceux qui la trouvent “anormale”"
À 19 ans, j’ai vécu une histoire d’amour sans avoir de désir. “Tu n’as rien fait avec lui ?“, questionnaient, incrédules, mes copines. Aimer, me répétait-on, c’était avoir du désir. Mon copain était patient. “On le fera quand tu en auras envie“, me disait-il. Je l’ai laissé partir. C’était devenu trop frustrant pour lui. Et pourtant oui, je l’aimais.
Un an plus tard, j’ai rencontré un autre garçon. Beaucoup plus entreprenant. Ça n’a pas duré. Longtemps, je me suis posé des questions. Qu’est-ce qui n’allait pas, physiquement, psychologiquement, chez moi ?
Et puis, j’ai lu un article sur les femmes amoureuses non désirantes. Je me suis sentie tellement libérée ! Mes relations passées prenaient sens.
J’ai eu de la chance de rencontrer les bonnes personnes qui m’ont dit : “Ne te force pas, ce n’est pas parce que quelqu’un te désire que tu dois souscrire à son désir.” J’ai pu en parler à ma mère, à mes amis.
La notion de sexualité évolue. Les gens réalisent que cette dernière est plurielle. Du coup, et grâce à Internet, les minorités sortent du bois. Dont les asexuels.
Il est primordial de partager pour ne plus se sentir seul. Anormal. Avec des proches, inquiets, qui vous conseillent “d’aller voir quelqu’un” – le nombre de thérapies de conversion chez les ace est le plus élevé de toute la communauté LGBT –, des praticiens qui vous prescrivent des hormones et tous ceux pour lesquels “vous n’avez pas rencontré la bonne personne“, qui vous expliquent qu’il “faut se forcer“.
Voire être forcée, comme ces asexuelles qui ont subi un “viol correctif” [pratique criminelle consistant à violer des personnes dans le but de les “guérir” de leur orientation sexuelle]. Pour ma part, je suis aujourd’hui libérée de cette pression sociale.