Partager la publication "Bientôt une filière de recyclage des masques en France ?"
Pour traiter cette nouvelle source de déchets, deux expérimentations sont actuellement en cours en France. L’objectif : recycler les masques jetables.
Une première mondiale dans le Nord de la France
Chaque année, la société récupère plus de 8 000 déchets – masques, blouses, seringues, etc. Ces détritus toxiques et dangereux sont collectés dans des fûts hermétiquement fermés auprès des hôpitaux, des professionnels libéraux, des maisons de retraite ou encore des industries pharmaceutiques et agroalimentaires. Ils sont ensuite acheminés jusqu’à un centre de tri, où ils sont scannés, broyés, désinfectés par micro-ondes ou incinérés.
Seul “le polypropylène jaune est rebroyé, lavé, extrudé et devient une matière primaire secondaire et réinjecté dans les emballages”, en laboratoire exclusivement, explique Arnaud Mary, directeur commercial de Cosmolys, à La Tribune .
Il s’agit d’un processus “unique en France et même au niveau mondial”, se targue Karine Neut, directrice générale du groupe Santélys dont Cosmolys est une filiale.
En avril 2019, l’entreprise a obtenu une dérogation de trois ans du gouvernement pour tester le recyclage des déchets infectieux, qui restent bien souvent incinérés.
Une solution qui pourrait s’avérer utile pour les déchets liés au Covid-19, et notamment pour les masques, jetés après seulement quelques heures d’utilisation. “C’est à éprouver scientifiquement”, mais “tout est envisageable”, assure le directeur commercial de Cosmolys.
Un consortium de chercheurs, d’industriels et de médecins
Son objectif est de parvenir à “éliminer la charge virale [des masques] après une première utilisation tout en garantissant le maintien de leur niveau de performance”, explique le professeur Philippe Cinquin, membre du consortium, dans le journal du CNRS.
“On doit aussi tester le nombre de traitements possibles : recycler une fois, d’accord, mais peut-on le faire deux, trois fois ?”, ajoute Laurence Le Coq, enseignante-chercheuse et directrice de recherche à IMT Atlantique, sur le site du Figaro .
Plusieurs pistes sont à l’étude, détaille Philippe Cinquin sur le site du CNRS : “Nous explorons ainsi actuellement les avantages comparés d’un lavage avec un détergent à 60 ou 95 °C, d’un passage en autoclave à 121 °C pendant 50 minutes, d’une irradiation par des rayonnements gamma ou bêta, d’une exposition à l’oxyde d’éthylène et d’un chauffage à 70 °C en chaleur sèche ou humide, ou dans l’eau.”
Il s’agit pour le moment de tests, rappelle le professeur, qui “ne peuvent à ce stade être considérés comme des recommandations, que seules les autorités compétentes pourront faire”.
Les résultats de ces tests sont néanmoins prometteurs. Les masques chirurgicaux conservent leurs performances après un lavage jusqu’à 95 °C. Deux autres techniques testées n’induirait qu’“une perte d’efficacité de filtration inférieure à 2 %”, précise l’enseignant chercheur du laboratoire Techniques de l’Ingénierie médicale et de la complexité de Grenoble.
Enfin, concernant les masques FFP2, un chercheur au Centre international de recherche en infectiologie, Olivier Terrier, “vient de réussir à démontrer que la chaleur sèche à 70 °C détruit très efficacement une charge virale calibrée déposée sur des masques chirurgicaux et FFP2”, rapport Pierre Cinquin. Des pistes prometteuses donc, qui laissent entrevoir la possibilité d’un recyclage des masques de protection dans un futur proche.