Partager la publication "Vélo, jean, brosse à dent : 3 produits à nouveau fabriqués en France"
Ces exemples sont tirés d’un dossier sur Pixii, le premier appareil photo produit en France depuis 40 ans, paru dans WE DEMAIN n°32. Un numéro disponible sur notre boutique en ligne
SOLEX : Un retour en France dopé à l’électricité
Depuis sa commercialisation en 1946, le mythique vélo à moteur a parcouru bien des kilomètres. Sa production s’est même éloignée jusqu’en Chine. En 1988, la dernière usine française ferme ses portes. Un quart de siècle plus tard, lorsque le groupe Easybike rachète la marque en 2013, son PDG Grégory Trébaol décide de rapatrier en France la fabrication de la machine – dont le moteur est désormais électrique, et non plus à essence. Le groupe s’implante à Saint-Lô, en Normandie.
Les aides du ministère du redressement productif et des collectivités locales l’aident à gagner en compétitivité. Et la différence de cout ne se révèle tout compte fait pas énorme : “Fabriquer un vélo en Chine revient à environ 50 euros de plus que de le fabriquer en France, car la part de la main-d’œuvre est bien moindre que celle du prix des composants, qui viennent de différents pays, détaille Grégory Trébaol. En proposant des vélos à forte valeur ajoutée, que nous vendons à partir de 2 000 euros, l’écart entre une production asiatique et européenne est réduit.”
1083 : des jeans à la fibre locale
Si la toile denim, celle de nos jeans, tire son nom de ses origines nîmoises, ce tissage si spécifique avait quasiment déserté notre pays. C’est en 2013 que Thomas Huriez décide de réhabiliter la production française de jeans en lançant la marque 1083. Des mois d’effort l’attendent, tant les personnes qui détiennent les savoir-faire ont perdu l’habitude de travailler avec l’industrie textile nationale.
La première année, à la suite d’un crowdfunding réussi, la jeune marque produit 1 000 pantalons. La seule année 2019, ce sont 40 000 jeans qui ont été vendus. Pour rendre ses pantalons accessibles, 1083 opte pour la distribution en circuit court et réduit ses marges.
“Nous voulions créer la filière la plus locale possible”, résume le fondateur de la marque, qui tire son nom de la distance, en kilomètres, séparant les deux points les plus éloignés de France. Le coton, lui, provient encore d’Afrique, mais l’entreprise cherche à développer sa filière recyclage.
Bioseptyl : la brosse à dents “plus vertueuse”
On l’utilise tous les jours et on la jette au bout de trois mois, sans se soucier ni d’où elle vient, ni de ce qu’elle deviendra.
Pour lutter contre ce non-sens, Olivier Remoissonnet a relevé ce défi : “Montrer que la délocalisation en Asie de la production des produits de grande consommation n’était pas la seule issue.” Quand ce directeur industriel de l’usine Duopole, à Beauvais, qui abrite notamment la gamme Bioseptyl, présente son projet de reprise, en 2012, on le prend “pour un extraterrestre”. Mais son idée ne se limite pas à un rapatriement sec de la production.
“Le made in France à lui seul ne se suffit pas, affirme-t-il. La différence doit se retrouver dans les valeurs du produit.” La Brosserie française – c’est le nom de la nouvelle marque – développe ainsi des gammes de brosses à dents “plus vertueuses”, dont la quasi-totalité des matériaux provient de France, et limite son impact sur l’environnement. Vendues sous la marque Bioseptyl dans les réseaux de magasins bios et en ligne, elles sont également recyclables.