Partager la publication "Baisse record de 7 % des émissions de CO2 en 2020 liée au Covid-19"
La pandémie de Covid-19 nous a mis – malgré nous – sur la bonne trajectoire. L’humanité, en 2020, a émis 34 milliards de tonnes de CO2 fossile contre 36,4 en 2019. Une baisse record de 7 % , selon le rapport annuel du Global carbon project (GCP), organisation internationale d’une centaine de chercheurs issus d’une soixantaine de laboratoires internationaux, spécialisée dans le décompte du carbone rejeté dans l’atmosphère.
Mais si cette baisse est inédite, elle n’est pas suffisante : il faudrait qu’elle se poursuive au moins jusqu’en 2030 pour rester sous la barre des 2°C de réchauffement climatique, fixée par l’Accord de Paris pour le Climat, avertissent les chercheurs. Un accord qui fête son cinquième anniversaire ce vendredi. Pour cela, ils appellent à construire des plans de relance écoresponsables.
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Effet Covid-19
“Le pic de la baisse des émissions en 2020 est survenu en avril, alors que les mesures de confinement étaient à leur maximum,” précise Philippe Ciais, chercheur au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement, et partie prenante du travail mené par le GCP chaque année. Les rejets de l’industrie (lors de la production de métaux, de produits chimiques, etc.) ont alors baissé de 30 %, celles dues au transport routier de 50 %.
Par ailleurs, un hiver doux et un printemps ensoleillé ont favorisé une demande d’électricité plus faible que les années précédentes en Amérique du Nord et en Europe. Le surplus de production d’énergie renouvelable (éolienne et solaire), le prix faible du gaz naturel ont permis la décroissance du charbon, “l’ennemi n°1”, ajoute Philippe Ciais.
Selon les calculs des chercheurs, la baisse des émissions aux Etats-Unis (-12%), dans l’Union européenne (-11%) et en Inde (-9%) est plus prononcée qu’en Chine (-1,7%), où le confinement, appliqué en début d’année, a été bien plus court.
Perspectives pour 2021
Dès le mois d’avril, les émissions de CO2 sont reparties à la hausse en Chine, d’où proviennent 27 % des émissions mondiales ; en Europe, elles ont quasiment récupéré leur niveau antérieur à la crise. Aussi “un léger rebond est prévisible en 2021”, annonce Philippe Ciais.
“Les pays veulent le retour à la normale de leur économie aussi vite que possible. Pour cela ils ont débloqué [à eux tous] 12 000 milliards de dollars. Si 4 % de cette montagne de liquidité étaient consacrés à la décarbonation, on pourrait se mettre sur la trajectoire des 2°C, à condition que l’effort soit poursuivi bien au-delà des plans de relance, de trop courte durée.”
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Les pays devront, par exemple, accélérer la fermeture des centrales à charbon, même si certaines ont été installées pour durer une quarantaine d’années encore, et les remplacer par des centrales à gaz. Tout en réduisant la demande énergétique, il leur faudra produire davantage d’électricité issue d’énergies renouvelables, pour électrifier les transports notamment, et augmenter l’efficacité énergétique des bâtiments responsables d’environ un tiers des émissions de en France.
Dernière préconisation : prendre des mesures de meilleure gestion des terres, afin de mettre un terme à la déforestation et augmenter les puits naturels pour piéger le carbone.
“Actuellement, le niveau de concentration de CO2 dans l’atmosphère continue d’augmenter. Il se stabilisera – et stabilisera le dérèglement climatique – lorsque les émissions de CO2 seront proches de zéro”, rappelle Philippe Ciais.