Vous connaissez le système de la consigne pour les récipients en verre ? Cette pratique s’exporte aujourd’hui dans la mode, l’un des secteurs les plus polluants. Chaque année, les Français achètent en moyenne 9,2 kg de vêtements et de chaussures par an. Or, seuls 3,2 kg par Français sont recyclés chaque année !
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Pour tenter de diminuer cette source de pollution, de plus en plus de marques proposent des vêtements recyclés, recyclables voire consignés !
“Faire des vêtements en matière recyclée, ce n’est pas innovant”, fait valoir Thomas Huriez, fondateur de la marque 1083 au journal Le Monde. “Car même si un produit est recyclable, encore faut-il que l’utilisateur sache quoi en faire une fois qu’il est arrivé en fin de vie.”
Penser la fin de vie des vêtements
En 2019, la marque lançait le premier jean recyclé, recyclable et consigné. “C’est ça l’économie circulaire idéale : concevoir et fabriquer un produit de telle sorte à ce qu’en fin de vie, il soit la matière première du même produit neuf ! Une boucle vertueuse dans laquelle on transforme les déchets en ressources”, écrivait Thomas Huriez sur la page de la campagne de crowdfunding dédiée à la nouvelle collection “Infini”.
Les jeans de cette collection comprennent dans leur prix (119 et 129 euros) une consigne de 20 euros, rendue lorsque le client renvoie son pantalon usagé. Ce dernier est ensuite broyé pour être retransformé en fil puis en nouveau jean.
1083 a également collaboré avec la marque de vêtement écologique Hopaal pour créer “la veste Infinie”. Conçue en une seule matière à base de plastiques collectés en haute mer, cette veste en jean (modèle homme et femme) est tout de même vendue au prix de 205 euros, dont une consigne de 20 euros.
“C’est aussi une façon de créer de la proximité avec nos clients, qui sont de fait intégrés à la chaîne de production. Ils sont alors dans une démarche d’achat beaucoup plus consciente et responsable”, plaide Thomas Huriez, au Monde.
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Lutte contre le gaspillage des matières premières
À l’image de 1083 ou d’Hopaal, d’autres marques françaises se lancent dans la consigne. Comme par exemple Atelier Unes, qui s’est attaquée aux collants, l’un des textiles les plus jetables de nos garde-robes. En effet, selon une enquête menée en 2018 par l’association Halte à l’obsolescence programmée, la durée de vie moyenne d’un collant ne dépasse pas les six utilisations pour 72 % des 3000 femmes interrogées.
À l’automne 2020, la jeune marque Atelier Unes décide donc de lancer des collants recyclés et consignés sur la plateforme Ulule. Ils sont aujourd’hui vendus à 23 euros – tout de même – un prix comprenant une consigne de 2 euros. A ce prix, ils son censés être assez solides.
“La consigne est le meilleur outil pour maîtriser notre cycle !”, affirme aussi Violette, co-fondatrice d’Atelier Unes, dans une tribune publiée sur le site d’Usbek & Rica. “En tant que créateurs, nous devons penser à la fois la conception d’un vêtement ‘désimpacté’, sa durée de vie, mais aussi sa fin de vie”.
Des baskets consignées
La marque française Panafrica, quant à elle, s’est penchée sur la basket, difficilement recyclable. Confectionnée en Afrique dans des matières recyclées à plus de 50 %, la paire coûte 145 euros avec une consigne de 10 euros. La marque recycle ensuite la chaussure pour en fabriquer de nouvelles.
Veja dispose également d’une stratégie similaire, avec la mise en place début 2020 de bacs à recyclage dans plusieurs de ses boutiques en échange d’un bon de réduction de 10 % pour les clients.
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La marque new-yorkaise Thousand Fell, spécialisée dans la basket écologique, propose pour sa part un modèle de basket blanche consignée pour 120 dollars, dont 20 dollars de consigne.
“Nous sommes convaincus que réfléchir à la fin de vie de l’objet avant même sa conception va devenir la norme dans les prochaines années”, assure Stuart Ahlum, cofondateur de Thousand Fell, au journal Le Monde. “Il y a un vrai problème de gestion des déchets dans l’industrie de la mode, et la seule façon de le résoudre est de se soucier du devenir de nos produits une fois usagés.”
Et de grosses enseignes se jettent aussi à l’eau. À l’image du groupe Eram qui a été récompensé en octobre 2020 par les Trophées de la mode circulaire pour sa gamme Resource, de la marque TBS. Il s’agit de baskets vegan “recyclables à l’infini”, dont le prix varie entre 99,90 euros et 129,90 euros, comprenant une consigne de 10 euros.
L’enseigne Suisse On Running, qui chausse notamment le tennisman Roger Federer, prévoit également le lancement de son projet “Cyclon” à l’automne 2021. Une basket consignée fonctionnant grâce à un système d’abonnement, s’élevant 29,95 euros par mois.
Reste à convaincre les consommateurs de l’intérêt de dépenser plus pour des produits plus durables.
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