Partager la publication "Livraison à domicile : comment en est-on arrivé là ?"
1785 : Du lait à la porte
Premières livraisons de lait frais aux États-Unis. Les fermiers eux-mêmes se chargent de la besogne au porte-à-porte, remplissant les jarres des foyers américains.
Cet article a initialement été publié dans la revue WE DEMAIN n° 33, parue en février 2021. Un numéro toujours disponible sur notre boutique en ligne.
1865 : Sur catalogue
Aristide Boucicaut, l’imaginatif patron du Bon Marché, lance le premier catalogue du grand magasin parisien. On y trouve plus de 1 500 produits livrables, expédiés par voie ferrée. C’est l’ancêtre de la vente par correspondance (VPC), près d’un siècle avant La Redoute !
1881 : courrier par vélo-cargo
La poste britannique utilise pour la première fois un vélo-cargo afin d’optimiser ses tournées. Dans la foulée, petits commerçants, boulangers et bouchers s’y mettent. La motorisation le rendra ensuite caduque… avant son retour en grâce à la fin des années 2010, dans les grandes métropoles occidentales.
1895 : journaux par kilos
Parrainée par les grands titres de presse de l’époque, la toute première course des porteurs de journaux est organisée à Paris cette année-là. Symbole de l’âge d’or de la presse – les bécanes des concurrents sont lestées de 15 kilos de journaux –, cette épreuve sportive existera sous divers noms jusque dans les années 1950.
1922 : repas à la maison
Un restaurant chinois, le Kin-Chu Café de Los Angeles, devient le premier des États-Unis à proposer de livrer des repas à domicile. Comble de la modernité, les clients peuvent réserver par téléphone leur portion de porc “mu shu”, et ce jusqu’à 1 heure du matin.
1925 : fin des chiens de trait
La SPA obtient l’interdiction des voitures à chien dans le Code de la route. Très utilisés au début du XXe siècle dans le nord de la France et en Belgique, les chariots tractés par des chiens servaient à livrer de petites charges : pain, lait, petit bois, lettres, etc.
1960 : pizza sur commande
Premières livraisons de pizzas à domicile. C’est aux États-Unis, et c’est la chaîne de fast-food Domino’s qui lance le bal. Margheritas et 4-fromages sont alors livrées à bord d’une coccinelle Volkswagen.
1984 : 48 heures chrono
La Redoute lance le “48 heures chrono”, c’est-à-dire l’engagement de livrer sous deux jours en point relais. Mais la VPC va bientôt voir arriver un concurrent de taille, Internet.
1994 : naissance d’un géant
Jeff Bezos enregistre à Seattle l’adresse web Amazon.com, le nom du site d’e-commerce de livres qu’il vient de lancer. Son but ? Créer la plus grande librairie du monde. Suivront bientôt les jouets, l’électronique… et tout le reste, malgré de vives critiques contre son modèle. Selon Forbes, Jeff Bezos est aujourd’hui l’homme le plus riche du monde (182 milliards de dollars !).
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2000 : premier cybermarché
Houra.fr, filiale de Cora, devient le premier cybermarché de France, grillant la politesse à Carrefour, Leclerc et Auchan, qui suivront rapidement. Au départ, pas de produits frais, mais tout de même 50 000 références d’épicerie, boissons, hygiène et entretien, livrables dans tout le pays en 48 heures, à des prix alignés sur ceux pratiqués en moyenne dans la grande distribution.
2001 : click & collect
La chaîne de grande distribution britannique Argos développe l’idée du “click & collect” (achat sur le web, retrait en magasin). Vingt ans plus tard, Argos revendique un milliard de visiteurs uniques chaque année et plus de 1 000 magasins partenaires de leur click & collect, concept qui a essaimé partout dans le monde.
2005 : livré le lendemain
Amazon lance Prime, la livraison sur abonnement. Moyennant un forfait annuel, le consommateur a accès à des livraisons gratuites et illimitées sur des millions d’articles, le tout en deux jours chrono. En 2019, le site augmente encore sa promesse de vitesse : la livraison en 24 heures devient possible aux États-Unis.
2013 : l’ubérisation des repas
Deliveroo naît à Londres : c’est le début d’un nouvel âge pour la livraison de repas à domicile. Cinq ans plus tard, en 2018, le secteur était estimé à 3,3 milliards d’euros en France, soit 6 % du marché total de la restauration, et devrait atteindre le double d’ici à 2022… Avant la chute ? Le secteur, très critiqué pour ses conditions de travail, demeure en effet peu rentable.
2015 : Entrepôts intelligents
Automatisation des entrepôts sous la pression du commerce en ligne qui explose. Tri et préparations de commandes se robotisent.
2016 : drones livreurs
En décembre, la Poste française et Amazon annoncent les toutes premières livraisons de colis par drone. L’opérateur français revendique la création d’une première ligne régulière de 15 km entre Saint-Maximin-La-Sainte-Baume et Pourrières, dans une zone montagneuse du Var. De son côté, l’Américain se contente d’annoncer la réussite d’un vol d’essai en Grande-Bretagne, dans la région de Cambridge. Tandis que Google et bien d’autres opérateurs travaillent à leurs propres programmes drones.
2017 : robot livreur
La startup Starship Technologies, pilotée par deux anciens cofondateurs de Skype, lance la commercialisation du premier “robot du dernier kilomètre”. Starship, c’est son nom, est doté de six roues et peut transporter jusqu’à dix kilos sur environ six kilomètres. Il est également muni de haut-parleurs afin de communiquer avec les utilisateurs.
2020 : sur deux pattes
Le premier livreur robotique et bipède déboule sur le marché. Développé par Ford et Agility Robotics, Digit vise cette fois à relever le défi… des cinquante derniers mètres. Capable de porter jusqu’à 18 kilos et d’emprunter des escaliers, il s’oriente grâce à une caméra et un lidar (“light detection and ranging”, un système de télédétection par laser).
2021 : vers une année record ?
Après un Noël 2020 historique (100 millions de Colissimos pour La Poste en décembre, en hausse de 30 %), les acteurs de la livraison à domicile s’attendent à une nouvelle année record en France. Si le marché hexagonal, en croissance constante, demeure dominé par La Poste, de nombreux acteurs en profitent, parmi lesquels DHL, UPS ou Mondial Relay.
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