Partager la publication "Fin du confinement : “On va retrouver une intensité d’être”"
“Notre tranquillisant naturel, c’est une bonne relation, un bon lien”, s’inquiétait en mars le neuropsychiatre Boris Cyrulnik (1) , au micro de Claire Servajean sur France Inter. “Or, l’isolement sensoriel est une agression neurologique avant d’être une agression psychologique. Plus on attend, plus la résilience sera difficile.” L’anthropologue David Le Breton (Marcher la vie, Éditions Métailié, mai 2020) en est convaincu : le retour à l’autre est une aspiration très puissante après le confinement. Mais il y aura une phase de transition. “On a perdu la confiance les uns dans les autres avec une défiance collective.”
Cet article est extrait de notre grand dossier sur l’ère post-covid, paru dans le numéro 34 de la revue WE DEMAIN. Disponible en kiosque et sur notre boutique en ligne.
Après le confinement, le plaisir d’un café en terrasse
L’enseignant-chercheur reste pourtant confiant. “On va retrouver la jubilation du “prix des choses sans prix”. Un café sur une terrasse, rentrer chez soi tard dans la nuit… Une intensité d’être, une ferveur d’exister, la sensorialité du monde au travers de la nature et de l’autre. Avec une disponibilité que nous avions un peu perdu.”
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Jusqu’au grand lâcher-prise ? “Il est troublant de voir que les périodes de désastre ont un même fil rouge”, analyse David Le Breton. En décrivant la peste de Londres, Daniel Defoe, l’auteur de Robinson Crusoé, évoque des scènes d’orgie, de liberté sexuelle, d’ivresse collective. Il y a une volonté d’érotiser, d’intensifier le monde en allant à l’encontre d’un puritanisme ambiant. Effet de surcompensation pour retrouver une vie ordinaire qui, pendant un moment, sera extraordinaire !”
(1) Des âmes et des saisons, éd. Odile Jacob, janvier 2021