Partager la publication "Dans l’Oregon, une solution pour économiser 50 % d’eau dans l’agriculture"
Alors qu’en Suisse, les Bisses – petit canaux creusés dans les montagnes – reprennent du service, en Oregon, c’est un autre système qui a le vent en poupe. À l’est de la chaîne des Cascades (Cascade Mountains), dans le centre de l’État américain, l’eau se fait rare. Pourtant, dans ces zones arides, des fermiers travaillent la terre depuis des centaines d’années pour produire des céréales, exploiter des vergers et élever ovins et bovins. Pour y parvenir, ils ont creusé et entretenu pendant plusieurs siècles des canaux d’irrigation.
Avec ce système, une partie de l’eau provenant de la rivière Deschutes, un des principaux affluents du fleuve Columbia. Mais, avec le réchauffement climatique et la baisse du niveau des cours d’eau, ce système est devenu de moins en moins efficace pour arroser les terres sableuses et poreuses de la région. Plus de la moitié de l’eau captée s’échappe (infiltration dans le sol ou évaporation) avant même de servir à la production agricole.
Des canaux d’irrigation remplacés par des canalisations étanches
“Vous devez plus ou moins doubler la quantité d’eau que vous prélevez de la rivière, car vous en perdez la moitié quand elle passe par ce ce fossé”, explique, au site Girst.com, Steve Johnson, directeur du district d’irrigation d’Arnold, au sud-est de Bend, dans l’Oregon. Pour pallier ce problème, les districts du centre de l’Oregon adoptent une nouvelle technique d’irrigation, efficace mais coûteuse. Ils remplacent les anciens canaux d’irrigation centenaires par des canalisations fermées qui ont l’avantage d’éviter la déperdition d’eau mais aussi d’être une source d’énergie renouvelable.
Après cinq ans d’études pour trouver la meilleure solution, le district d’Arnold a commencé cette année à remplacer une petite vingtaine de kilomètres de canaux par des pipelines. Budget : 35 millions de dollars (un peu moins de 36 millions d’euros). Heureusement, le district reçoit des aides fédérales pour les trois-quarts de l’investissement. “Le projet devrait permettre d’économiser 13,7 millions de mètres cubes d’eau par an. Suffisamment pour remplir plus de 5 500 piscines olympiques“, explique le site Girst. On estime que la déperdition avec les pipelines est au pire de 7 %, bien loin des 50 % avec les fossés creusés à même le sol.
Des économies d’eau qui évitent les coupures ou les rationnements dans l’Oregon
Dans le district voisin, Three Sisters Irrigation District, le grand remplacement, entamé il y a 20 ans, a permis de transformer 90 % des canaux d’irrigation ouverts en canalisations fermées. C’est l’équivalent de 55 piscines olympiques qui sont économisées chaque jour durant la saison d’irrigation.
“Nous n’avons pas eu à faire ce que d’autres districts ont fait, à savoir soit fermer complètement l’eau, soit fermer l’eau toutes les deux semaines”, a déclaré Sarahlee Lawrence, une agricultrice en bio du district, à Girst.
Des canalisations qui permettent aussi de générer de l’électricité
Outre une économie d’eau certaine, ce système de pipelines présente un autre avantage : la production d’électricité. En effet, en allant capter l’eau près des sources en altitude, le débit de l’eau descendante arrive sous pression dans les canalisations. Donc, au lieu de pomper l’eau des fossés, les fermiers n’ont qu’à ouvrir les vannes. Autant de dépenses en électricité en moins, ce qui permet d’économiser des milliers de dollars par an.
Surtout, ces systèmes permettent l’installation de petites turbines hydroélectriques à l’intérieur de ces conduites d’eau sous pression. Cela permet de produire de l’électricité facilement et à moindre frais. Selon Grist, l’organisation à but non lucratif The Energy Trust a soutenu trois projets hydroélectriques à Three Sisters. Au total, ces initiatives devraient générer environ 4 millions de kilowattheures d’électricité par an. Assez pour alimenter environ 370 foyers.
D’autres solutions alternatives également à l’étude
Outre l’installation de canalisations enterrées, d’autres pistes sont également explorées aux États-Unis. Ainsi, en Californie, le Turlock Irrigation District teste l’installation de panneaux solaires sur une partie des canaux d’irrigation ouverts. Certes, la déperdition par le sol demeure mais l’évaporation est limitée grâce aux panneaux solaires et ceux-ci sont une nouvelle source d’énergie renouvelable.
D’autres districts ont aussi décidé d’installer au fond des canaux une couche imperméable pour prévenir les déperditions par le sol. Face au réchauffement climatique et aux périodes de sécheresse toujours plus fréquentes et importantes, la modernisation n’est plus une option. C’est une obligation.