Partager la publication "Cohérence et inclusion sociales : la question cruciale des transports"
La mobilité est plus que jamais stratégique à l’heure où le règne de la voiture montre ses limites face à la lutte contre le réchauffement climatique. Mais quelles alternatives proposer en milieu rural ou pour désenclaver des banlieues ? À l’occasion du 3e Forum Sécurité & Résilience, la question des transports a été abordée avec un des principaux opérateurs du secteur, Transdev.
“Nous remplissons une fonction de cohérence et d’inclusion sociales“, a rappelé son président, Thierry Mallet. Désenclaver, ouvrir, refaire vivre un quartier en permettant le déplacement. Ne pas oublier les zones rurales, où le sentiment d’abandon existe. A avoir trop misé sur la métropole, n’a-t-on pas négligé ces no man’s land de la périphérie ? Le système de bus express, de Créon à Bordeaux, avec parking relais, démontre qu’on peut avancer avec des économies à la clé pour les usagers.
L’exemple de Bogotá et du TransMilenio en Colombie
Toujours dans cet objectif de cohérence et d’inclusions sociales, Thierry Mallet cite l’exemple de Bogotá, immense capitale colombienne. “Là-bas, un bus en site propre permet de transporter 2,5 millions de personnes. Cela a contribué à complètement désenclaver la ville”, assure-t-il.
Le système TransMilenio comporte 41 km de site propre bus à 2 voies par sens, 59 stations
fermées, 470 bus articulés de 18 m et 220 bus standard d’alimentation des stations de correspondance. C’est le système de bus le plus performant du monde. Comme un métro, il est capable de transporter 29 000 voyageurs par heure et par sens et 635 000 passagers par jour de semaine.
Un téléphérique pour désenclaver un bidonville
Restait le problème de tous les quartiers informels, des bidonvilles, de la ville de Bogotá. Sans structure et sans route, il n’était pas possible de créer un système de transports en commun. Sans parler des questions de sécurité. Dans le plus grand bidonville de Bogotá, nommé Ciudad Bolívar, quelque 700 000 personnes vivent dans des conditions très difficiles, sanitaires et de sécurité. “Il fallait plus d’une heure pour sortir du quartier à pied. La création d’un téléphérique et de 4-5 stations à l’aide de pieds de pylônes ont permis de changer la donne”, explique Thierry Mallet.
Pour s’assurer que le téléphérique soit adopté par les habitants, tous les employés viennent du quartier. “Aujourd’hui, il ne faut plus que 13 minutes pour sortir de ce quartier via le téléphérique et rejoindre le système urbain global. Et, preuve que cette infrastructure est un succès, pendant les émeutes il y a quelques années, personne n’a touché au téléphérique.” Qui plus est, depuis la ville a donné de la peinture aux habitants pour repeindre leurs habitations, donnant un tout autre aspect à ce bidonville installé sur les hauteurs de la ville.
Donner toute sa place à la jeunesse
Dans cette résilience, la place donnée à la jeunesse est capitale. Ne pas la laisser sur le bord de la route. C’est tout le sens du Service national universel (SNU) qui crée un sentiment d’appartenance à la République. “La citoyenneté ne se décrète pas, il lui faut des outils”, a insisté Emmanuelle Pérès, ex-déléguée interministérielle à la jeunesse.