Partager la publication "Neo P1 : une plante biotechnologique pour dépolluer son air intérieur"
C’est un fait, la pollution de l’air intérieur est plus dangereuse que la pollution extérieure. Selon l’OMS, la pollution dans nos foyers peut y être jusqu’à 15 fois supérieure à celle en dehors des habitations et autres bâtiments. Or, nous passons en moyenne 85 % de notre temps à l’intérieur, selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire. Dépolluer l’air ambiant est donc une bonne idée. Il existe des plantes qui, naturellement, captent plus de CO2 que d’autres ou davantage de molécules polluantes que d’autres. Mais leurs capacités restent limitées.
Une société française, Neoplants, a eu l’idée de modifier des plantes afin de les rendre plus efficaces dans leur mission de dépollution. Fondée en 2018, cette biotech tricolore s’est développée au sein de l’incubateur Entrepreneur First à la Station F à Paris. Depuis quatre ans, son équipe s’attèle à créer des plantes génétiquement modifiées grâce à la biologie de synthèse.
Neo P1, une plante dépolluante née de la biologie de synthèse
Neoplants présente cette semaine au CES de Las Vegas, énorme salon tech, sa toute première création. Baptisée Neo P1, il s’agit d’un spécimen nommé pothos, une plante déjà naturellement dépolluante. Génétiquement modifiée, elle est devenue 30 fois plus dépolluante qu’à l’origine. Outre le CO2, elle est devenue capable de capter des composés organiques volatils polluants présents dans nos intérieurs. Comme le formaldéhyde ou le benzène, par exemple. Grâce à la biotechnologie, elle est capable d’en faire de l’eau, des sucres, des acides aminés et de l’oxygène.
Neo P1 sera proposée en précommande d’ici un mois au prix de 179 dollars (170€). Elle est vendue avec un pot dont le design a été spécialement pensé pour optimiser les effets dépolluants du pothos. Dans un premier temps, la plante ne sera vendue qu’aux États-Unis en raison d’une législation européenne plus complexe et lente à délivrer une autorisation de mise sur le marché.
La rencontre de deux mondes pour fonder Neoplants
Sans la Station F, les deux fondateurs de la société française ne se seraient sans doute jamais rencontrés. Et encore moins fait germer leur idée. Le premier, Patrick Torbey, est le scientifique du duo. Titulaire d’un doctorat en génétique de l’Ecole normale supérieure, c’est lui qui a mis au point la modification de l’ADN de la plante. “J’ai appris à utiliser des techniques d’édition du génome, qui permettent de changer la génétique d’un organisme, de lui rajouter ou de lui enlever des caractéristiques. Je voulais montrer la force de ces outils pour avoir un impact positif dans le monde et la vie des gens”, explique-t-il à 20 minutes.
Le binôme est complété par Lionel Mora, un ancien de Google spécialisé dans le lancement de nouvelles catégories de produits. Le principe de Neoplants est né d’une banale discussion à la station F. Comment ? En admirant les plantes présentes sous l’immense verrière de la Halle Freyssinet. Et cela leur donne une idée. “Pour nous, la fonction la plus noble et la plus puissante à donner aux plantes, était de purifier l’air. On n’est jamais revenus de cette conversation”, souligne Lionel Mora.
Quatre ans et deux levées de fonds plus tard, Neoplants est présente au célèbre CES de Las Vegas. Elle emploie près de 25 personnes et s’apprête à lancer en précommande son premier produit. Sachant que bien d’autres projets sont dans les cartons de cette société ambitieuse. Elle veut même se doter d’un véritable laboratoire de biotechnologie dans ses nouveaux locaux.
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