Partager la publication "En ville, les températures extrêmes tuent plus qu’ailleurs, notamment à Paris"
Dans une étude publiée dans The Lancet Planetary Health Journal, les chercheurs ont évalué de manière exhaustive l’impact sur la mortalité des températures extrêmes dans les villes européennes. Ils ont déterminé le risque variable dû aux facteurs démographiques et de vulnérabilité. On sait déjà que les températures extrêmement élevées et basses sont des facteurs de risque augmentant la mortalité dans le monde. Mais, en ville, avec la présence d’îlots de chaleur, le risque est accru.
Et le réchauffement climatique devrait exacerber ce fardeau sanitaire en provoquant une récurrence plus importante de ces extrêmes. Mais, jusqu’à présent, il était difficile d’estimer la contribution précise de ce facteur dans les statistiques de mortalité. Jusqu’à cette étude parue dans le Lancet, publiée en ce mois d’avril 2023.
Paris, particulièrement vulnérable aux températures extrêmes
Selon cette étude, la capitale française se révèle être la ville européenne où le risque de mourir de chaud est le plus élevé d’Europe. Concrètement, le rapport pointe du doigt que le risque pour les plus de 85 ans de mourir de chaud à Paris est “multiplié par 1,6 en moyenne par rapport aux températures de confort”. Plus largement, il s’agit de “la ville avec le risque le plus haut” de mortalité liée à la chaleur. Et ce, “à travers tous les âges” en Europe.
Pour rappel, la canicule de 2003 avait fait plus de 15 000 morts en France. La surmortalité avait alors atteint 141 % à Paris. Contre 40 % dans les villes de taille petite à moyenne, selon les chiffres de Santé publique France.
Moins de surmortalité en France par rapport à l’Allemagne et l’Italie à cause de la chaleur
L’étude affirme que quelque 1388 personnes meurent de chaud chaque année en France. Cette surmortalité liée aux chaleurs élevées est plus importante qu’au Portugal (529) ou en Grèce (738). Mais elle est moindre par rapport à d’autres pays d’Europe comme l’Allemagne (2886) et l’Italie (5034).
Pour affirmer cela, les chercheurs ont analysé les morts dans 854 villes de 30 pays européens. Cela représente plus de 205 millions de personnes âgées de 20 ans et plus, entre 2000 et 2019, en s’appuyant sur les données Eurostat de l’Urban Audit. Il en ressort que chaque année, le froid tue 203 620 personnes et le chaud 20 173. L’étude souligne en outre que les plus de 85 ans représentent 60% des morts dues à ces températures extrêmes.
Végétaliser les villes pour réduire les risques
Une autre étude, publiée en février dernier par l’Institut pour la santé mondiale de Barcelone (ISGlobal), souligne que 4,3 % des décès qui surviennent en villes pendant les mois d’été sont dus aux îlots de chaleur urbains. Lissé sur l’année, cela représente une surmortalité de 1,8 %. L’ISGlobal affirme qu’un tiers de ces décès (2644 personnes) pourrait être évité. Comment ? En mettant en place un couvert arboré qui abrite 30 % des zones urbaines.
« Nos résultats montrent également la nécessité de préserver et d’entretenir les arbres que nous avons déjà, car ils sont une ressource précieuse et il faut beaucoup de temps pour faire pousser de nouveaux arbres. Il ne s’agit pas seulement d’augmenter le nombre d’arbres dans la ville, mais aussi de savoir comment ils sont répartis », rappelle Mark Nieuwenhuijsen, directeur du programme Urbanisme, Environnement et Santé chez ISGlobal.
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