Respirer  > Face au bouleversement des échanges maritimes, les défis qui attendent la France

Written by 11 h 09 min Respirer, Societe-Economie • One Comment

Face au bouleversement des échanges maritimes, les défis qui attendent la France

Montée des eaux, multiplication des phénomènes climatiques extrêmes, redéfinition des échanges maritimes… La France va devoir répondre présente aux défis des décennies à venir.

Le 06/05/2023 par Florence Santrot
cordage bateau
Le réchauffement climatique risque de bouleverser les échanges maritimes dans les années à venir. Crédit : Markus Spiske / Unsplash.
Le réchauffement climatique risque de bouleverser les échanges maritimes dans les années à venir. Crédit : Markus Spiske / Unsplash.

Une place stratégique mais quel avenir pour la position de la France dans les échanges maritimes ? Notre pays a la chance de bénéficier d’un accès privilégié à de nombreuses mers et océans dans le monde. Avec son vaste domaine maritime, qui est le deuxième plus important au monde, juste après les États-Unis, la France est en mesure d’assurer un rôle majeur dans le commerce international.

Les sept ports maritimes majeurs de France, tels que Marseille, Le Havre, Dunkerque, Nantes, Rouen, La Rochelle et Bordeaux, représentent des points d’entrée et de sortie essentiels pour les marchandises en Europe. En particulier, Le Havre, qui figure dans le Top 10 des plus grands ports à conteneurs européens, a enregistré une croissance de 28 % du nombre de conteneurs transitant en 2021, principalement due à la congestion des ports du Nord, notamment celui d’Anvers.

Quel avenir se profile pour la France dans les décennies à venir ?

“Je suis assez optimiste car nous bénéficions d’une industrie très performante en qualité, explique Frédéric Moncany de Saint-Aignan, président du Cluster Maritime Français. Nous construisons les plus beaux paquebots dans nos chantiers navals, la compagnie maritime CMA CGM est très impliquée dans la décarbonation de son activité et, plus généralement, depuis 25 ans déjà, la France s’efforce de rendre ses navires beaucoup plus vertueux et sobres.”

De vrais défis à venir pour les échanges maritimes

Si les principales routes maritimes qui passent pas la Chine, l’Europe et les États-Unis ne sont pas prêtes de changer, le réchauffement climatique aura un impact certain sur l’activité maritime ces prochaines décennies. “L’ouverture éventuelle de nouvelles voies arctiques ou antarctiques, rendues possibles avec la fonte des glaces, concerne assez peu la France, si ce n’est peut-être Saint-Pierre-et-Miquelon. On peut imaginer que ce port devienne une base de services. En dehors de cela, c’est surtout la montée des eaux et l’érosion littorale qui vont obliger les grands ports hexagonaux à se transformer”, souligne Frédéric Moncany de Saint-Aignan.

Beaucoup de sites portuaires vont se retrouver contraints à rehausser leurs infrastructures. Pour continuer leur activité, ils devront faire l’objet de rénovations et de transformations majeures. “Cela va les inciter à devenir plus résilient et plus autonomes en énergie. Finalement, nous aurons des ports plus vertueux mais cela aura un vrai coût. Le principal obstacle, c’est la finance. Il faudra des besoins considérables, tant pour modifier les structures que pour former et conserver une attractivité des métiers qui vont se transformer profondément”, prévient le président du Cluster Maritime.

Atteindre la neutralité carbone en 2050

L’Europe vise la neutralité carbone avant la deuxième moitié du siècle. Et l’industrie maritime n’y échappera pas, elle qui participe à un peu plus de 3 % des émissions de gaz à effet de serre dans l’Union européenne, peu ou prou comme l’aviation. D’ailleurs, le transporteur maritime danois Maersk, tout comme le français CMA CGM, ont mis le cap sur cet objectif depuis quelques années. Pour y arriver, plusieurs leviers existent. Le principal est l’utilisation de carburants moins polluants que le fioul lourd (HFO).

“De nombreuses pistes sont explorées : hydrogène, méthanol, éthanol, ammoniac… On cherche encore la bonne équation. Mais cela va nécessiter aussi, a minima, un changement des moteurs et réservoirs des cargos pour adopter ces modes de propulsion alternatifs. Sans oublier les innovations à venir dans de nouvelles technologies de sobriété. Car la meilleure énergie sera toujours celle que l’on ne consomme pas”, rappelle Frédéric Moncany de Saint-Aignan.

Cet article a été réalisé en partenariat avec le Musée de la Marine.

SOUTENEZ WE DEMAIN, SOUTENEZ UNE RÉDACTION INDÉPENDANTE
Inscrivez-vous à notre newsletter hebdomadaire
et abonnez-vous à notre magazine.

A lire aussi :