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Dans la savane africaine, zèbres et gnous sous haute surveillance face au réchauffement climatique

Quels sont les effets des hausses de températures et de la sécheresse sur la savane africaine et donc sur sa biodiversité ? Pour le savoir, une mission scientifique française va étudier de près le comportement de la faune.

Le 09/06/2023 par Florence Santrot
zèbre dans la savane africaine
Un zèbre profite de températures plus clémentes au coucher du soleil pour manger quelques plantes. Crédit : Ondrej Prosicky / Shutterstock.
Un zèbre profite de températures plus clémentes au coucher du soleil pour manger quelques plantes. Crédit : Ondrej Prosicky / Shutterstock.

Eux aussi sont concernés par le réchauffement climatique. Alors que l’Afrique fait partie des continents les plus durement touchés par la hausse des températures, une équipe de scientifiques français a lancé une mission afin de mieux comprendre l’impact des changements climatiques sur les animaux de la savane africaine.

Deux chercheurs du CNRS (Centre national de la recherche scientifique), Simon Chamaillé-Jammes et Marion Valeix, vont s’efforcer de comprendre comment les grands herbivores s’adaptent face à la sécheresse et aux journées toujours plus écrasantes sous le soleil. L’objectif de la mission “Future Fear” est de constater s’il y a des modifications dans l’alimentation. Mais aussi si les dynamiques proies-prédateurs sont modifiées.

Zèbres et gnous équipés de traceurs GPS

Les deux scientifiques vont analyser les comportements des zèbres, des gnous et de leurs prédateurs (lions et hyènes) dans le parc de Hluhluwe-iMfolozi en Afrique du Sud. Il s’agit d’une aire protégée située à 280 km au nord de Durban, dans la région du KwaZulu-Natal.

“Nous allons utiliser des GPS, mais aussi des capteurs d’accélérométrie et acoustiques. Le but est dévaluer au mieux les comportements et l’environnement des animaux suivis” indique Marion Valeix, chargée de recherche CEFE/CNRS. En outre, ils feront l’objet d’une observation par le biais de pièges photographiques. Ils permettront d’étudier les interactions entre espèces. Et de voir si des modifications de comportements sont présentes.

zèbres et gnous dans la savane africaine
Migration de zèbres et gnous dans la savane africaine. Crédit : Chappelet Sebastien / Shutterstock.

La hausse des températures n’est pas le seul changement notable dans la savane africaine

“Il n’y a pas que la hausse des températures en jeu. On note aussi une accélération de la vitesse des vents. Cela a forcément un impact sur les interactions proies-prédateurs, explique Simon Chamaillé-Jammes, directeur de recherche sur le sujet Dynamique des paysages et de la biodiversité au CNRS.

Et d’ajouter : “Quand il y a une hausse des températures, les grands herbivores sont souvent plus actifs la nuit. Mais le risque d’être attaqués par les prédateurs nocturnes est plus fort. Par journée de fort vent, il devient plus difficile pour les proies de détecter ou de sentir les prédateurs. Car la végétation bouge sans cesse et ils peuvent approcher contre le vent.”

La flore évolue aussi dans la savane africaine

Le dérèglement climatique a aussi un effet sur l’habitat des zèbres et gnous. Et plus largement de l’ensemble des animaux de la savane africaine. Sécheresse et températures plus élevées provoquent une modification de leur habitat.

“La réduction des prairies au profit des buissons et arbustes a pour conséquence une visibilité plus réduite. Cela met en danger les grands herbivores. Il y a une vraie lutte entre les arbres et les herbes. On constate un embrousaillement des savanes avec hausse du CO2″, pointe Simon Chamaillé-Jammes.

Une mission inscrite dans la durée

Cette mission a pour vocation à s’inscrire dans la durée et à faire écho à d’autres projets d’observation scientifique des effets des changements climatiques sur les interactions prédateurs-proies dans les savanes africaines. Elle est soutenue par la fondation BNP Paribas qui l’a intégrée au programme “Climate & Biodiversity Initiative” 2023-2025.

Celui-ci finance des travaux de recherche aux effets concrets sur le changement climatique et la perte de biodiversité. 24 millions d’euros seront consacrés d’ici à 2025 au travers de 35 projets de recherche internationaux, comme celui sur le phytoplancton que nous avons déjà présenté.

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