Partager la publication "Ineratec creuse la piste des carburants de synthèse pour la mobilité lourde"
D’ici 2024, la start-up allemande Ineratec commencera à produire à l’échelle industrielle son carburant de synthèse à destination du transport aérien, ferroviaire ou encore maritime. Pour pouvoir produire en quantité, la firme finit de construire la plus grande usine pionnière Ptl (Power to Liquid) au monde, installée à Francfort Hoechst. PtL ? Ce carburant alternatif durable est un biocarburant fabriqué à partir de CO2 pompé dans l’atmosphère ou issu de la biomasse.
Concrètement, il s’agit d’un combustible liquide obtenu en combinant du dioxyde de carbone et de l’hydrogène, créé par électrolyse. “L’usine produira jusqu’à 2 500 tonnes métriques de carburant durable par an, accélérant ainsi la montée en puissance du marché et contribuant grandement à un avenir neutre en carbone”, détaille Tim Boeltken, le PDG d’Ineratec, société fondée en 2014. Un volume très réduit au regard des besoins actuels mais un premier pas pour évaluer le potentiel de ce type de biocarburant.
Faire une croix sur les avions ou verdir leur carburant
Cette solution d’un carburant de synthèse bas carbone intéresse au plus haut point le secteur aérien, de plus en plus décrié pour sa lourde empreinte écologique. Mais pour qu’un e-kerosène soit très bas carbone, il est nécessaire qu’il soit fabriqué à l’aide d’énergies renouvelables exclusivement. C’est ainsi qu’Ineratec vient d’annoncer un très gros partenariat avec le Chili pour de la production de biocarburant à destination de l’aviation. Pourquoi ce pays ? Il dispose d’un important potentiel d’énergies renouvelables. En effet, sa capacité est estimée à plus de 1 300 GW de ressources solaires, éoliennes et hydroélectriques.
Pour son développement, Ineratec est notamment soutenu par les français Engie et Safran, tous deux entrés au capital de la start-up en 2022. Olivier Sala, vice-président de la Recherche & de l’Innovation d’Engie, explique à WE DEMAIN les raisons de la prise de participation de son groupe dans Ineratec : “Les technologies de pointe d’Ineratec pour fabriquer des e-SAF, des carburants durables produits à partir d’électricité bas carbone et de CO2, sont particulièrement prometteuses. Il nous a donc semblé nécessaire de soutenir cette entreprise appelée à jouer un rôle important dans la décarbonation de la mobilité lourde.”
Ineratec : une technologie très compacte unique en son genre
Si Ineratec n’est pas la seule entreprise à développer des carburants de synthèse, elle se distingue par son processus très compact. La firme a mis au point des unités de production bien moins imposantes que ce qui se fait généralement à l’heure actuelle. Le but est de pouvoir ainsi, dans le futur, pouvoir installer ces unités de production modulaires au plus près des consommateurs de biocarburants.
Et cela ne concerne pas que le secteur de l’aviation, loin de là. Ainsi le géant allemand de la logistique et du transport maritime, MPC, mise sur Ineratec pour mettre au point et passer à l’échelle industrielle un e-fuel capable de remplacer le diesel des bateaux sans avoir à complètement changer ou transformer les moteurs des embarcations. Pouvoir proposer un carburant davantage bas carbone directement à proximité de la zone portuaire ou de l’aéroport, tel est le pari d’Ineratec.
Pour cela, le passage à l’échelle industrielle est vital. Aujourd’hui la production d’un litre de biocarburant coûte entre 5 et 10 euros le litre en Europe. Pour être relativement compétitif, il faudrait faire passer le prix à environ 3 euros… la tonne. La marche est donc encore haute pour parler de succès. D’autant plus que, pour l’heure, l’Union européenne ne considère pas ce type de carburant de synthèse comme “vert” même s’il est relativement bas carbone. Ineratec a donc du pain sur la planche… mais aussi de nombreux soutiens pour avancer ses pions.
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