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Du curcuma pour sauver le corail en surchauffe ?

Des chercheurs italiens misent sur le “safran des indes”, alias le curcuma, pour protéger les récifs coralliens des dommages du réchauffement climatique.

Le 15/08/2023 par Florence Santrot
coraux et curcuma
Le curcuma semble protéger les coraux contre la décoloration due au réchauffement climatique. Crédit : ITT.
Le curcuma semble protéger les coraux contre la décoloration due au réchauffement climatique. Crédit : ITT.

L’Atlantique est en surchauffe. Depuis le mois de juin, l’océan affiche des températures bien plus élevées que la moyenne. Et cela s’en ressent sous la surface. Les récifs coralliens de pays comme le Mexique, le Costa Rica, la Colombie… ou encore les Bahamas et Cuba subissent une forte décoloration. On craint une mortalité massive de coraux due au stress thermique. Mais des scientifiques italiens ont peut-être une solution pour contrer la dépigmentation du corail : le curcuma.

Le blanchissement des coraux est un phénomène qui, suite à des températures élevées, entraîne la mort de ces organismes. Cela peut avoir des conséquences dévastatrices pour la protection de la biodiversité marine et des côtes contre les catastrophes naturelles. Il est donc crucial de protéger les récifs coralliens contre ce fléau galopant.

Le curcuma contre le blanchiments des coraux

récolte du curcuma
La récolte du curcuma se fait à la main. Crédit : johan kusuma / Shutterstock.

Des chercheurs de l’Institut Italien de Technologie (IIT) et de l’Université de Milan-Bicocca, en coopération avec l’Aquarium de Gênes, ont identifié une plante vivace, le curcuma, comme une solution au blanchiment des coraux. Dans leur étude – ACS Applied Materials and Interfaces – publiée récemment, ils ont démontré l’efficacité de la curcumine, une substance antioxydante naturelle extraite du curcuma.

Les scientifiques italiens ont développé un biomatériau biodégradable, à base de zéine, une protéine dérivée du maïs. Celui-ci est capable de délivrer la molécule sans causer de dommages à l’environnement marin environnant. Les tests menés à l’Aquarium de Gênes ont montré une efficacité significative dans la prévention du blanchissement des coraux.

La dépigmentation des coraux, comment ça marche ?

corail blanc
Des coraux victimes du réchauffement climatique. Crédit : buttchi 3 Sha Life / Shutterstock.

La plupart des coraux vivent en symbiose avec des algues microscopiques, indispensables à leur survie et responsables de leurs couleurs chatoyantes. En raison du changement climatique, les températures de la mer et des océans augmentent, un phénomène qui perturbe la relation entre ces deux organismes. Lorsque cela se produit, le corail, qui blanchit à cause de la perte d’algues, risque littéralement de mourir de faim.

Ce phénomène se répand de plus en plus un peu partout sur Terre, y compris dans la Grande Barrière de Corail en Australie. Et, jusqu’à présent, il n’existe pas à ce jour de moyens efficaces pour contrer ce phénomène et prévenir le blanchissement corallien sans mettre gravement en danger la survie de ces habitats et la biodiversité exceptionnelle qui leur est associée. Le curcuma semble donc une piste intéressante.

Des tests concluants dans des eaux à 33 °C

ACS Appl. Mater. Interfaces 2023 curcuma
L’étude a permis de confirmer que le curcuma permet de protéger les coraux du blanchiment. Crédit : ACS Appl. Mater. Interfaces 2023.

Durant l’étude réalisée par les chercheurs italiens, les scientifiques ont simulé une eau tropicale à 33 °C. À cette température, tous les coraux non traités ont été affectés par le phénomène de blanchiment comme cela se produirait dans la nature. En revanche, tous les spécimens traités à la curcumine n’ont montré aucun signe de cette tendance. Cela semble donc valider l’hypothèse que cette solution permet de réduire la sensibilité des coraux au stress thermique.

“Cette technologie fait l’objet d’une demande de brevet qui a été déposée. De fait, les prochaines étapes de cette recherche porteront sur son application dans la nature et à grande échelle, a déclaré Marco Contardi, premier auteur de l’étude. Parallèlement, nous examinerons l’utilisation d’autres substances antioxydantes d’origine naturelle pour bloquer le processus de blanchiment et ainsi empêcher la destruction des récifs coralliens.”

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