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Singapour ou la lutte “exemplaire” d’une smart city contre le COVID-19

La ville “la plus intelligente du monde” a réussi a contenir l’épidémie de coronavirus grâce à sa réactivité et aux nouvelles technologies, notamment grâce au suivi à la trace des malades. Un exemple à suivre ?

Le 20/03/2020 par Paola De Rohan-Csermak
Poste de surveillance de la température des visiteurs dans une entreprise du centre de Singapour, pour détecter d'éventuels malades du coronavirus. (Crédit : Shutterstock)
Poste de surveillance de la température des visiteurs dans une entreprise du centre de Singapour, pour détecter d'éventuels malades du coronavirus. (Crédit : Shutterstock)

Aucun mort à déplorer, une très faible propagation du virus, alors que la densité de sa population est très forte : la courbe de diffusion de l’épidémie reste à l’horizontale à Singapour, quand celles de pays partageant les mêmes risques de transmission – comme la Corée du Sud, l’Italie ou l’Iran – ont bondi à la verticale, souligne le site Medium. 

Les chercheurs internationaux ont salué sans réserve la réponse de Singapour au COVID-19. “The gold standard “, selon un groupe de chercheurs d’Harvard, “le modèle à imiter “, pour Michael Osterholm, directeur du Centre de recherche sur les maladies infectieuses de l’Université du Minnesota, “exemplaire ” pour Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur de l’OMS.

La recette de Singapour ? L’endiguement de l’épidémie de la “première smart city du monde ” s’intègre dans la continuité de sa politique “Smart Nation ” initiée en 2014 et financée à hauteur d’1milliard de dollars en 2019, destinée à “mieux servir les citoyens et les entreprises grâce à la technologie”. 
 

Informations en temps réel et suivi à la trace des malades

Sa lutte contre le virus passe d’abord par une information en temps réel : une carte interactive  en ligne depuis le 18 janvier, avant même l’entrée en phase 1 de la maladie, permet aux habitants de suivre au jour le jour les foyers d’infection, le nombre de personnes touchées, leurs symptômes, leur âge, leur sexe, leur nationalité et même la rue où ils vivent. Les Singapouriens peuvent également s’abonner aux mises à jour du ministère de la Santé sur WhatsApp ou les trouver sur le site du ministère. “Les gens ont besoin d’entendre un parler clair”, déclarait Gan Kim Yong, ministre de la Santé, dans une allocution  au Parlement le 3 février.

Ajoutant : “Alors que nous espérons le meilleur, nous devons planifier le pire”. Aussi, des contrôles sanitaires se sont également mis en place très vite, dès début janvier, quelques jours seulement après l’annonce par l’OMS, le 31 décembre, d’une “pneumonie” à Wuhan : contrôle de la température dans les aéroports, notamment grâce aux scanners thermiques et au “contact tracking”, c’est-à-dire le suivi des personnes ayant été en contact avec les malades pour les mettre en quarantaine, et des contacts de ces contacts, mobilisant un nombre exponentiel d’agents.

Résultat : selon une étude récente menée par l’université d’Harvard, Singapour a réussi a déceler trois fois plus de cas que les autres pays. Et pourtant, si elle interdit les rassemblements de plusieurs dizaines de personnes, comme  les services religieux, les écoles n’ont pas fermé à ce jour, sinon dans les foyers à risque, et les employés des entreprises n’ont pas été confinés… 
 

Bracelets électroniques comme pour les prisonniers

Qu’est-ce qui rend Singapour différent des autres pays ?”, demande lui-même le Premier ministre Lee Hsien Loong, lors d’un discours télévisé, le 12 mars.  “Nous avons confiance les uns dans les autres, nous sentons que nous sommes tous ensemble dans le même combat, et nous ne laissons personne de côté.”

Peut-être. Mais cette démocratie autoritaire laisse décidément peu de place aux écarts individuels. Sur le site  du ministère de la Santé, on lit que les personnes assignées à résidence pour quatorze jours recevront des appels vidéo, au moins trois fois par jour, des visites impromptues, pour s’assurer qu’elles respectent strictement les conditions imposées par les autorités. Dans le cas contraire, elles porteront des bracelets électroniques, semblables à ceux des prisonniers ; si elles sortent de leur domicile, un boîtier connecté au bracelet, placé à l’intérieur de la maison, lancera instantanément l’alerte. 

Singapour a beaucoup appris du SRAS”, avait expliqué le Premier ministre Lee Hsien Loong le 8 février, une maladie qui, en 2003, avait tué 39 personnes sur l’île, et que le gouvernement avait mis des mois à contenir. Ceci, notamment : si les Singapouriens peuvent faire confiance à leur gouvernement et à son programme de Smart Nation, le gouvernement lui ne fait pas uniquement confiance à ses habitants.      

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