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Que mangera-t-on demain ? L’assiette du futur en 10 questions

Demain, l’alimentation pourra-t-elle être produite au pas de notre porte ? Par quoi la viande sera-t-elle remplacée ? Algues, pilules ou insectes ? Avant le Salon de l’agriculture, passage en revue de quelques interrogations.

Le 17/02/2020 par Emmanuelle Vibert
Les algues ont de nombreuses vertus nutritionnelles. (Crédit : Shutterstock)
Les algues ont de nombreuses vertus nutritionnelles. (Crédit : Shutterstock)

1. L’agriculture urbaine peut-elle nourrir les villes ?
FAUX. Maraîchage en terre, aquaponie sur les toits, culture de champignons dans des parkings… L’agriculture urbaine est créative, mais sa production limitée. Selon le biologiste Julien Fosse, elle pourra nourrir au maximum 10 % de la population des villes. Son intérêt va au-delà : créer des liens entre les citadins et leur alimentation, végétaliser l’urbain, séquestrer le carbone…

2. Faut-il s’appuyer sur le champignon ?
VRAI. Dans un rapport paru en février 2019, l’ONG WWF et la marque Knorr affirment que
les champignons sont un des aliments du futur. D’abord parce que leur goût est délicieux et leur valeur nutritionnelle importante : ils sont riches en vitamines B et D, en protéines et en fibres. Mais aussi parce qu’ils peuvent pousser dans des espaces délaissés – parkings ou caves –, à partir de déchets d’autres cultures (compost) ou de marc de café.

3. L’état des sols arables menace-t-il l’alimentation ?
VRAI. 33 % des terres arables du monde sont dégradées à cause de l’érosion, la salinisation, le compactage, l’acidification, la pollution chimique. Alors comment y remédier ? En limitant les labours, en enrichissant les sols avec du compost, en mettant en place la rotation des cultures avec des plantes fixant l’azote. Les experts préconisent aussi de réduire le gaspillage alimentaire et de manger moins de produits animaux et plus de végétaux.

4. La viande in vitro a-t-elle fait ses preuves ?
FAUX. Une trentaine de start-up dans le monde développent de la viande in vitro, produite en laboratoire en multipliant des cellules prélevées sur un animal. Aucune d’entre elles n’a pour l’instant créé un steak rentable et les doutes s’accroissent sur la pertinence de cette solution. À grande échelle, cela implique une consommation d’énergie énorme et des technologies de pointe (nanotechnologie, enceintes stériles, intelligence artificielle, robots) dont on peine à évaluer l’empreinte environnementale, nécessairement lourde.

5. Faut-il manger des algues ?
VRAI. Leur production mondiale a doublé entre 1996 et 2016. Ces plantes aquatiques, largement consommées en Asie depuis des millénaires, ont beaucoup de vertus nutritionnelles. Elles sont riches en protéines, en fibres, en iode, en vitamines et minéraux. L’algue séduit aussi pour ses qualités écolos : elle se cultive sans engrais, sans occuper la terre ni consommer d’eau douce, et elle stocke du CO2. Une vingtaine d’espèces sont autorisées à la consommation en France : wakamé, dulse, spaghetti de mer, kombu…

6. Les insectes sont-ils une nourriture d’avenir ?
VRAI, mais… 2 milliards d’êtres humains en consomment, en Afrique, en Asie et Amérique latine. Ces bestioles sont riches en protéines, lipides, minéraux. Leur production a un impact faible sur l’environnement. Ils pourraient remplacer la viande dans l’alimentation humaine et la farine de poisson ou de soja pour l’élevage. Si l’Europe les reconnaît depuis 2018 comme aliments potentiels, elle soumet leur commercialisation à une autorisation préalable. En France, fin 2019, aucune autorisation n’a encore été accordée, en raison d’incertitudes sur les risques sanitaires.

7. Des plantes sauvages pour tous ?
VRAI. Orties, plantain, ail des ours, mauves, vergerette… Les plantes sauvages comestibles sont partout, même en milieu urbain. Elles composent un formidable garde-manger gratuit et à portée de main. Apprendre à les dénicher, connaître leurs vertus culinaires et médicinales, est une façon de se connecter à la nature, de l’aimer et de la respecter.

8. Va-t-on se nourrir avec des pilules ?
FAUX, mais… Des pilules à tous les repas ? Peut-être pas, mais notons qu’en France, les substituts de repas font une percée remarquable. La marque française Feed, qui commercialise des repas présentés comme « complets » sous forme de poudre à diluer ou de barres, revendique un million de clients en 2018. Adieu plaisir des papilles et convivialité. Les nutritionnistes leur reprochent surtout de contenir beaucoup d’additifs artificiels et de ne pas nous permettre de mastiquer (et donc de ressentir les signaux de satiété).

9. Demain, tous végétariens ?
FAUX mais… Faut-il tuer des animaux pour nous nourrir ? Existe-t-il une manière éthique de le faire ? L’agriculture peut-elle se passer des animaux pour enrichir les sols, entretenir prairies et zones humides – sources de biodiversité et puits à carbone ? Le débat est impossible à trancher ici. On peut admettre que la production industrielle de viande est insoutenable, sur le plan environnemental comme éthique, et qu’il y a urgence à réduire notre consommation de viande et produits laitiers pour équilibrer les repas et limiter
les émissions de CO2, la déforestation et
la consommation d’eau.

10. Les OGM, problème ou solution ?
Choisissez votre camp ! Les partisans des OGM promettent grâce à eux de meilleurs rendements, une plus grande résistance aux ravageurs et des aliments plus nutritifs. Les opposants assurent que les rendements sont décevants et les dégâts démesurés. Sur le plan environnemental : les OGM actuels entretiennent la consommation de pesticides, avec des risques de propagation des gènes modifiés à d’autres espèces et de déséquilibre des écosystèmes. Pour la santé des humains : il y a des risques allergènes. Enfin, d’un point de vue économique, les OGM favorisent la domination de quelques multinationales sur le marché des semences, le tout au détriment des variétés locales – avec leur diversité et leur résilience aux aléas locaux.
 

Retrouvez plus d’articles sur l’alimentation de demain dans notre supplément : “Comment mieux manger sans dépenser plus ?”
réalisé avec le soutien de l’ADEME

à retrouver dans We Demain n°29 en kiosque le 14 février et disponible sur notre boutique en ligne

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