Partager la publication "Cette puce électronique pourrait stopper les engins de déforestation"
C’est une petite puce qui pourrait faire de grandes choses. Le bureau São Paulo de l’agence internationale AKQA vient de développer, en partenariat avec plusieurs ONG dont l’Amazon Environmental Research Institute (IPAM), le Raoni Institute et le Peabiru Institute, un programme informatique destiné à lutter contre la déforestation.
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Le projet baptisé “Code of Conscience” (disponible en open-source) entend empêcher -ou ralentir- les destructions environnementales en ciblant non pas les hommes, mais les machines.
Il comprend une puce électronique qui permet de localiser les véhicules utilitaires en temps réel et de vérifier s’ils se trouvent dans une zone environnementale protégée. Auquel cas, elle envoie un signal qui suspend immédiatement -et automatiquement- leur fonctionnement.
“Le programme peut être utilisé pour empêcher la déforestation illégale ainsi que l’exploitation minière, deux activités qui impliquent souvent l’utilisation d’engins de chantier”, précise Yago Sant’Anna, chef de projet chez AKQA.
“Au Brésil, et particulièrement dans le bassin du fleuve Xingu, l’extraction minière illégale dans les territoires indigènes augmente fortement, de même que les violences envers les communautés locales.”
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L’agence et les ONG ont envoyé des exemplaires du programme aux dirigeants des dix plus grandes entreprises mondiales de production d’engins de chantier. Objectif : les encourager à intégrer une puce dans chaque machine dès sa fabrication, afin de les rendre inutilisable sur les zones d’exploitation illégales.
“Nous avons aussi reçu des demandes d’entreprises qui exercent une activité économique en Amazonie. Elles veulent implanter le système dans leurs flottes [de véhicules] afin de montrer leur engagement environnemental”, se félicite Yago Sant’Anna.
Vers une future législation ?
La puce électronique inclut un logiciel, un traqueur GPS et une connection 4G, et a été conçue pour intégrer facilement le circuit électronique de n’importe quel modèle.
Le GPS permet une localisation en temps réel. Les informations sont ensuite recoupées avec la base de données mondiale sur les aires protégées établie par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et le Centre mondial de suivi de la conservation.
Ces aires protégées désignent des zones géographiques censées assurer “la conservation à long terme de la nature ainsi que les services écosystémiques et les valeurs culturelles […] associés”. En 2018, on comptait plus de 230 000 aires protégées – terrestres et marines – s’étendant sur 244 pays à travers le monde.
Si l’agence AKQA mise dans un premier temps sur un engagement écologique de la part des entreprises, le programme “Code of Conscience” pourrait aussi, à terme, être rendu obligatoire. “On pourrait imaginer une loi fédérale qui oblige tous les engins de chantier à intégrer ce système”, appuie Yago Sant’Anna. Reste que le respect de l’environnement semble plus facile à intégrer dans le circuit des machines que dans l’agenda politique – en particulier dans celui du président climatosceptique Jair Bolsonaro…