Respirer  > Première française : Arles se lance le défi zéro bouteille plastique

Written by 13 h 13 min Respirer

Première française : Arles se lance le défi zéro bouteille plastique

Le 22/08/2019 par Sofia Colla
En deux mois, une quinzaine de commerà§ants ont adhéré au challenge zéro bouteille plastique. (Crédit : VirginieOvession)
En deux mois, une quinzaine de commerà§ants ont adhéré au challenge zéro bouteille plastique. (Crédit : VirginieOvession)

Une ville sans bouteille plastique. Une utopie ? C’est en tout cas le défi que s’est lancé Arles, dans le sud de la France, depuis le mois de juin. Une initiative conjointe de l’association Zéro déchet Pays d’Arles et de l’écodesigneuse Stéphanie Dick, membre du mouvement Zéro Waste. 
 

“C’est comme si la bouteille d’eau était invisible. Quand on a lancé le projet, beaucoup de personnes ont témoigné en nous disant qu’ils n’avaient jamais vraiment pensé à son impact”, raconte la designeuse.

 
La France est pourtant le troisième consommateur européen d’eau en bouteille : chaque minute, ce sont 10 000 unités qui sont vendues dans le pays selon les chiffres de l’Ademe. Des bouteilles qui finissent trop souvent dans l’océan
   

Changer les comportements

Un défi difficile à organiser à l’échelle d’une ville. “Supprimer les bouteilles plastique est un projet collectif, contrairement à d’autres petits gestes qui peuvent être un choix individuel. Pour l’eau il faut mettre en place un ensemble de points d’eau, les rendre visibles pour les consommateurs…”, poursuit Stéphanie Dick.
 
Pour se faire, l’écodesigneuse tente d’abord de mobiliser les élus. “Une perte de temps”, regrette-t-elle, pourtant indispensable pour installer de nouvelles fontaines publiques dans la ville, qui n’en compte aujourd’hui que deux.
 
Elle se tourne alors vers les commerces, pour mettre en place des points d’eau privés. Divers snacks, épiceries ou encore glaciers répondent à l’appel. “La première à s’inscrire était une coiffeuse, par conviction personnelle. On ne s’y attendait pas”, se rappelle la cofondatrice du projet.
 
Les commerçants participants ont plusieurs options : proposer des écocups consignées, que les clients peuvent rendre dans n’importe quel commerce participant, vendre des gourdes ou installer des fontaines à eau.
  

  

“Le plus compliqué au début a été de leur faire comprendre que l’écologie n’était pas à mettre en opposition avec la rentabilité. La vente d’eau en bouteille est très profitable pour les commerces. C’est pourquoi on leur a laissé le choix de faire payer la recharge ou non, le prix de vente des gobelets réutilisables et des gourdes, des fournisseurs… On leur laisse cette liberté pour que chacun le fasse à son rythme”, explique Stéphanie Dick.

 
Depuis le début du challenge, lancé le 12 juin, seule une quinzaine de commerces se sont inscrits. Ces derniers sont identifiables grâce à des stickers apposés sur leur vitrine et à une carte de la ville  permettant de les géolocaliser. L’association leur a également fourni du matériel pour sensibiliser leurs clients, notamment des affiches exposant les chiffres de la pollution plastique ou mettant en lumière les avantages de l’eau du robinet.  
 

“Le retour des commerçants participants est très positif. Un couple qui tient un petit snack a complètement supprimé tous les sodas en bouteille pour proposer des boissons maisons”, se réjouit la designeuse.

Un développement difficile

Après deux mois, le défi zéro bouteille plastique en est encore à ses balbutiements. Seuls 350 gobelets réutilisables ont été vendus (la vente de gourde n’a pas été quantifiée). L’objectif de la designeuse : faire une “recherche sur les éléments déclencheurs pour le passage à l’acte”.
 
Le défi va continuer tout au long de l’année et sera élargi pour impliquer d’autres types d’acteurs (acteurs sociaux pour des publics plus précaires, sites touristiques, etc.). À terme, Stéphanie Dick compte créer un guide des bonnes pratiques, avec l’association Zéro Waste.
 

“Ce petit guide, qui sera sûrement disponible dans quelques mois, listera les actions nécessaires pour développer le projet sur d’autres territoires, ou bien pour des sites touristiques ou des événements”, détaille-t-elle. “Le projet est facilement étirable une fois qu’on aura les outils, mais pour que ça marche à plus grande échelle, le facteur clé est la volonté politique”.

 
Une expérience réalisable à l’échelle d’une ville, comme c’est le cas à Fribourg, en Allemagne. Depuis 2016, des gobelets réutilisables consignés ont été déployés dans plus d’une centaine de cafés et de commerces de la ville. Aujourd’hui, plus de 26 000 “Freiburg cups” sont en circulation. Une ampleur que les militants arlésiens rêvent d’atteindre.

A lire aussi :