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Pesticides : ce supermarché appelle au boycott des aliments brésiliens

Le 03/07/2019 par Alice Pouyat
Dessiner, jouer ou inventer une histoire peut vous aider à  expliquer la situation à  votre enfant. (Crédit : Shutterstock)
Dessiner, jouer ou inventer une histoire peut vous aider à  expliquer la situation à  votre enfant. (Crédit : Shutterstock)

Ni café, ni mangue, ni eau de coco. En Suède, le patron de la plus grande chaine de supermarchés écolos a pris une décision radicale : le 3 juin, le directeur des magasins Paradiset a demandé aux membres de son personnel de retirer tous les produits brésiliens des rayons. Plus largement, Johannes Cullberg appelle à un boycott mondial de ces produits, rapporte Novethic.
 
Une initiative suédoise qui prend peu à peu de l’ampleur, notamment sur les réseaux sociaux, via le hashtag #boycottbrazilianfood.
 
Et pour cause : cette initiative intervient alors que le gouvernement du président Jair Bolsonaro a homologué, depuis sa prise de fonctions en janvier, 239 nouveaux pesticides, la plupart interdits en Europe.
 
Sur la page d’une campagne intitulée “We don’t have time” le patron de supermarchés écrit : “En tant que père et patron, je ne peux accepter cette attitude qui met en danger la santé de la population brésilienne, l’environnement et notre planète dans son ensemble !”
 

Son initiative trouve aussi un écho particulier en plein débat sur les très polémiques accords de libre-échange qui pourraient ouvrir davantage le marché européen aux produits du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay). Greenpeace, de son côté, vient d’ailleurs de tenter de bloquer le déchargement d’une cargaison de soja brésilien en France…
 

Course aux pesticides au Brésil

Arrivée aux oreilles de l’ambassade du Brésil en Suède, l’initiative a été condamnée par cette dernière, avant que la ministre de l’Agriculture brésilienne ne dénonce une “campagne de diffamation” dans la presse de son pays.
 
Mais ce contre-feu a du mal à convaincre. La ministre, surnommée dans son pays la “musa do veneno” (la muse des pesticides), s’est notamment distinguée en portant un projet de loi, le paquet pesticides, qui pourrait encore faciliter leur autorisation.
 
Les pesticides, et notamment le glyphosate, se sont largement répandus dans le pays avec le développement des OGM dans les années 2000. Ils sont déversés par avion sur les champs et parfois sur les habitations voisines. Avec l’élection du climatosceptique Jair Bolsonaro à la présidence, cette course aux pesticides s’est encore accélérée. 
 
Et ce alors que le pays est déjà le plus gros consommateur mondial de produits phytosanitaires.

Responsabilité européenne

Avec des conséquences inquiétantes. Diverses études font déjà état d’une augmentation significative des cancers et malformations dans les zones agricoles brésilienne. À plus long terme, ce modèle agricole épuise aussi les sols, les écosystèmes, et contribue à la déforestation de l’Amazonie.
 
Un problème dont le Brésil n’est toutefois pas le seul responsable : “Il est victime des grandes sociétés occidentales. Les pesticides sont de plus en plus interdits dans les économies développées, alors les industries délocalisent les risques dans les économies périphériques !”, dénonce la chercheuse Aline Gurgel dans Le Monde.
 
Pour changer la donne, le fondateur de Paradiset appelle chaque consommateur à l’imiter. “Tout comme nous avons arrêté l’apartheid il y a plusieurs années en prenant position contre le gouvernement sud-africain, nous pouvons faire de même maintenant”, veut-il croire.
 
Difficile, mais la démarche a le mérite d’alerter sur cette folle course aux pesticides.

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