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L’architecture gonflable: design, colorée et flexible

Le 28/05/2019 par Sofia Colla
Skum, Groupe Bjarke Ingels (BIG) (architecte), Roskilde, Danemark, 2016. Les multiples formes de bulles de cette structure créent un arc à  la fois abri et balise. Appelé Skum, le mot danois pour la mousse, le pavillon gonflable a été conà§u pour àªtre à  la fois permanent et transportable et a été utilisé pour des installations lors de divers événements au Danemark. (Crédit photo : Rasmus Hjortshoj)
Skum, Groupe Bjarke Ingels (BIG) (architecte), Roskilde, Danemark, 2016. Les multiples formes de bulles de cette structure créent un arc à  la fois abri et balise. Appelé Skum, le mot danois pour la mousse, le pavillon gonflable a été conà§u pour àªtre à  la fois permanent et transportable et a été utilisé pour des installations lors de divers événements au Danemark. (Crédit photo : Rasmus Hjortshoj)

Vivre littéralement dans une bulle, l’idée vous tente ? L’architecture gonflable, inspirée des ballons dirigeables et de l’aviation, ne cesse d’alimenter l’utopie, d’inspirer designers et architectes.
 
C’est à la fin des années 1940, pour l’armée américaine, que la première structure gonflable a été conçue par l’ingénieur Walter Bird. Dans les années 1960, le plastique est omniprésent et les designeurs multiplient les expérimentations. C’est aussi la période où se développe le mobilier gonflable, notamment les fauteuils, qui vont devenir iconiques du design de l’époque.
 
Depuis, les architectes ont réussi à construire des structures plus pérennes grâce à de nouveaux matériaux, comme les panneaux ETFE (Éthylène tétrafluoréthylène), un plastique à base de fluor, plus durable, recyclable, transparent et résistant.
 
Au-delà de leur aspect design, le faible coût des produits gonflables et leur légèreté peut aussi aider à répondre aux situations d’urgence. En 2016, l’architecte Julien Beller avait par exemple monté une bulle pour héberger des migrants à Paris.

Modulable, légère et réversible, l’architecture gonflable sert aussi à accueillir des événements éphémères, remplaçant des constructions en dure qui mobilisent des ressources. La matière première restant le plastique, leur recyclage est toutefois essentiel en fin de vie.

Plus futuriste, un projet d’habitat martien sous forme de modules gonflables déployés par des robots à été présenté à l’occasion d’un concours organisé par la NASA.

Petit tour du monde de ces inventions gonflables, présentées dans l’ouvrage Bubbletecture – Architecture et design gonflables (Éditions Phaidon).

Pointu, Steve Messam (artiste), Gordon, Écosse, Royaume-Uni, 2017. Pointu vise à interroger et transformer la vision des visiteurs de Mellerstain House, grande bâtisse écossaise du XVIIIe siècle. Niché au creux d’un parc de sculptures à l’ambiance pittoresque, Pointu était une intervention charmante et surprenante, en accord avec la volonté de Steve Messam d’établir un dialogue espiègle entre l’ancien et le nouveau. Évoquant les contours d’une explosion ou d’une étoile rayonnante, les pointes blanches gonflables surgissaient du toit en pente d’une maisonnette en pierre vieille de plusieurs siècles. Au nombre de 28 et s’élevant chacune sur plus de 3 m de haut, elles donnaient au lieu une présence sculpturante effrontée.

Anda, Tehila Guy (designer), Tel Aviv, Israël, 2014. La créatrice israélienne Tehila Guy voulait réaliser un fauteuil léger et aussi facile à monter chez-soi qu’un meuble en kit, et avec du style. Elle a donc imaginé une structure en bois minimaliste enchâssée dans des coussins gonflables et transparents. Résultat : un objet presque invisible ! C’est la pression exercée par les coussins sur les rondins qui maintient les éléments ensemble, tandis qu’à l’inverse, la structure permet aux coussins de conserver leur forme. Inspiré des meubles gonflables en vogue dans les années 1960, le fauteuil Anda rappelle le mobilier de bord de piscine traditionnel, mais avec une touche moderne. 

Le Moment Végétatif, Victorine Müller (artiste), Môtier, Suisse, 2007. Commandé à l’origine pour le festival Art en plein air de Môtiers, en Suisse, Le Moment végétatif montrait sa créatrice, Victorine Müller, vêtue d’une robe rose vif et emprisonnée dans une bulle transparente. La forme, abstraite et organique, montait en s’enroulant vers la cime des arbres, se mêlant aux branches et aux feuilles. Toujours très expressives, les installations de Victorine Müller cherchent à remettre en cause la représentation et la matérialité du corps à la fois physique, spirituel ou énergique. Cette œuvre-ci, qui mesurait plus de 9 m de haut, fur présentée de nouveau en 2010 à l’occasion du festival Arbres en lumières de Genève, en Suisse.

Le refuge, Leopold Banchini avec Daniel Zamarbide (architecte), Genève, Suisse, 2016. Cette discothèque mobile aux parois en PVC noir était une commande de la Fédération des Architectes suisses – également connue sous le nom de Bund Schweizer Architekten – pour accueillir sa soirée d’été annuelle. À l’intérieur de la structure, on trouvait un bar et une piste de danse, mais aussi des tables et des fauteuils gonflables ainsi qu’une cabine de DJ. Imaginée par le studio suisse Bureau A, l’œuvre explorait les aspects philosophiques et spatiaux de la vie souterraine à la manière de théoriciens tels que Gaston Bachelard, Paul Virilio et Beatriz Colomina. Avec son intérieur noir complet, Le refuge entendait faire vivre à ses visiteurs une expérience déroutante.

Eden, Grimshaw Architects (architecte), Bodelva, Cornouailles, Royaume-Uni, 2000. Les “biomes” du projet Eden – structure visible en Cornouailles, dans le Sud-Ouest de l’Angleterre – ont été conçus pour être installés sur le sol instable d’une ancienne falaise rocheuse. Huit dômes à structure géodésique, transparents et interconnectés, s’étendent sur plus de 2 hectares; ils abritent des milliers de plantes, pour lesquelles ils reproduisent le climat adéquat, soit chaud et tempéré, soit tropical et humide. Extrêmement solide et totalement autoportante, la structure de chaque dôme est un châssis supportant des panneaux de façade ETFE (éthylène tétrafluoroéthylène) dotés de coussins triple épaisseur remplis d’air. La taille des panneaux varie et peut aller jusqu’à 9 m de large, les plus grands étant installés au sommet des dômes.

SolarPuff, Solight Design (designer), États-Unis, 2012. Cherchant à réduire l’utilisation des énergies fossiles, la création Alice Chun a mis au point sa lanterne solaire gonflable et flottante en 2010, au moment du tremblement de terre qui a dévasté Haïti. Les possibilités offertes par cette invention sont évidentes dans les zones frappées par la pauvreté ou les catastrophes naturelles, ou encore celles ayant à gérer un afflux de réfugiés. Pesant à peine 75 g et mesurant 11,5 cm de côté, le SolarPuff est fabriqué dans une toile à voile de qualité, translucide et résistante à l’eau. Une fois gonflé, l’objet prend la forme d’un cube souple mais solide qui, pour une exposition de 8 heures au soleil, fournit 8 à 12 heures de lumière grâce à 10 ampoules LED puissantes. 

Collection de ballons, Seung Jin Yang (concepteur), Corée du Sud, 2015. Avec ses meubles réalisés avec des ballons à sculpter colorés, le créateur Seung Jin Yang avait l’intention de “transformer une technique de fabrication simple fondée sur des souvenirs d’enfance personnels en un procédé industriel de fabrication de meubles.” Sa gamme propose des chaises et des tabourets réalisés en appliquant huit couches successives de résine époxy transparente sur les ballons modelés. La pose de chaque couche prenant une demi-journée, la fabrication d’un seul tabouret s’étend sur près d’une semaine. En dépit de leur fragilité apparente, les sièges présentent une surface rigide et brillante pouvant supporter sans difficulté le poids d’une personne. 
 

Estar Azul, Penique Productions (artiste), São Paulo, Brésil, 2017. Cette oeuvre monumentale de 4 x 10 x 8 cm a été conçue tout spécialement pour le Week-end du design de São Paulo, au Brésil. Penique Productions a ainsi recouvert une immense pièce d’une membrane de plastique bleu foncé – y compris les meubles. En donnant une apparence commune à tous les éléments, Estar Azul suggérait un monde sous-marin dont l’aspect abandonné donne des frissons. L’oeuvre voulait évoquer l’avenir de notre planète et le besoin d’avoir recours à des meubles bien pensés et durables. Un requin gonflable télécommandé évoluait gracieusement dans l’espace, comme s’il nageait; son apparition menaçante soulignait l’obligation qui nous est donné de prendre soin de l’environnement. 
 

NAWA, Zieta Prozessdesign Studio (concepteur), Wrocław, Pologne, 2017. Érigé sur l’île de Daliowa, sur la rivière Odra de Wroclaw, en Pologne, ce pavillon aux courbes gracieuses, constitué de 35 arches en acier brillant assemblées les unes aux autres, était une commande réalisée dans le cadre du projet de reconstruction initié suite aux inondations des années 1990. Formant un portail chatoyant sur l’île, la sculpture a été créée grâce à un procédé de déformation par pression, déjà utilisé par le studio Zieta pour fabriquer des objets plus petits comme des tabourets. Les formes métalliques sont durables, stables, mais aussi légères; NAWA fut la première construction de cette ampleur réalisée par le studio avec cette technique. 

Bulle de banc public, Thor ter Kulve (concepteur), Londres, Angleterre, Royaume-Uni, 2014. D’apparence toute simple, la Bulle de banc public, exprime la vision de Thor ter Kulve de la vie urbaine contemporaine. Basé sur ses souvenirs d’Amsterdam et de Londres, son projet constitue un espace qui transforme un simple banc public en bois en un refuge solitaire gonflable, et équipé d’un chargeur USB fonctionnant à l’énergie solaire. Grâce à une paroi opaque située sous l’assise, le banc offre un cocon pour travailler à l’écart du reste du monde et auquel on accède grâce à une couverture zippée. Réalisée à partir de matériaux de récupération, la pièce réduit l’idée de “foyer” à l’essentiel : un protection contre les éléments et un endroit où utiliser les outils numériques. 

Robe sac de couchage, Ana Rewakowicz (artiste), Mexico, Mexique, 2004. Ayant l’apparence d’une robe kimono, ce vêtement polyvalent se transformait en une bulle de couchage pour deux personnes. Inspirée par les premières oeuvres pneumatiques d’Archigram, Ana Rewakowicz s’est interrogée sur la montée du matérialisme et la prolifération des déchets; cette oeuvre soulevait la question de la légèreté, au quotidien et dans la façon de voyager. Avec cette robe gonflée par un ventilateur, fonctionnant grâce à des batteries alimentées par un panneau solaire intégré, l’utilisateur devenait autonome, bien à l’abri dans sa bulle-vêtement nomade. En 2005, Ana Rewakowicz a testé sa création lors de sa performance Une nomade d’aujourd’hui voyageant à sa guise et dans laquelle elle arpentait les rues de Mexico, au Mexique. 

Découvrez plus d’architecture gonflable dans l’ouvrage Bubbletecture – Architecture et design gonflables, chez Phaidon.

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