Réunion au sommet pour la biodiversité. Depuis lundi, et jusqu’au 6 mai, des scientifiques de 132 pays sont réunis à Paris, au siège de l’Unesco, pour établir un bilan mondial de l’état des écosystèmes. Les membres de la plate-forme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), une instance créée sous l’égide des Nations Unies, équivalente au Giec pour le climat, va valider et synthétiser un rapport de 1800 pages élaboré sur la base de 15 000 articles scientifiques. Objectif : fournir aux décideurs politiques des éléments précis pour agir. Ce travail d’ampleur, qui n’avait pas été réalisé depuis 15 ans, sera d’ailleurs complété par des propositions de solutions à ce qui est d’ores et déjà établi comme une crise majeure. En témoignent ces quelques chiffres.
1 million
C’est le nombre d’espèces susceptibles de disparaître de la surface de la planète dans les prochaines décennies, si des mesures de protection de la biodiversité ne sont pas adoptées. Pas moins de 40 % de l’environnement marin a ainsi été gravement endommagé, tout comme trois-quarts des surfaces agricoles et la moitié des cours d’eau terrestres.La sixième extinction de masse est déjà en route, et cinq grandes causes, toutes liées à l’activité humaine, sont responsables de cette dégradation : surexploitation des ressources, dégradation des habitats, pollutions diverses, prolifération des espèces invasives et dérèglement climatique.
80 %
C’est le pourcentage d’insectes d’Europe ayant disparus en l’espace de 30 ans. Une extinction à “effet domino” : en réaction à cette dernière, 400 millions d’oiseaux de la même zone se sont à leur tour éteints. D’autres prédateurs d’insectes en pâtissent, notamment les hérissons, les lézards et les amphibiens.
Bonne nouvelle toutefois, qui montre qu’il est possible d’agir, d’autres espèces du globe sont quant à elles réapparues grâce à un travail scientifique ciblé ; c’est notamment le cas du lynx ou du bison en Europe.
125 milliards
C’est la valeur estimée, en dollars, des services rendus par la nature : soit une fois et demi le PIB mondial ! Entre autres, nous tirons profit du travail des insectes pollinisateurs dans les cultures, dont dépendent un milliard et demi d’emplois dans le monde. Les recettes de la médecine naturelle font également partie de ce calcul : quatre milliards d’individus utilisent plantes et autres espèces vivantes pour se soigner. Deux milliards de personnes dépendent quant à elles du bois pour l’énergie…
Le bilan final de la réunion parisienne sera présenté le 6 mai et devra être signé par les représentants politiques des pays membres. S’il n’est pas contraignant, ce document devrait en tous cas servir de base de travail pour la Convention internationale sur la diversité biologique (ou COP15) qui se tiendra en Chine fin 2020.