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Nouveaux médias : 6 podcasts féministes à découvrir

Le 24/01/2019 par Louise Bugier

La créativité est du côté des podcasts en ce moment, ça vit et ça bouillonne, ça me rappelle les radios libres“, s’enthousiasme Pascale Clark sur les ondes de  France CultureAux États-Unis, la part de la population qui écoute ces programmes audios a doublé entre 2013 et 2017. En 2017, 39 % des Français écoutaient régulièrement des podcasts, selon une étude Opinion Way pour la plateforme Audible. Alors si Arte Radio a été pionnière il y a plus de 15 ans, depuis les studios de podcasts fleurissent : Nouvelles Écoutes, Louie Média, Binge Audio, Slate … 
 
Et parce que les podcasts ne nécessitent pas beaucoup de matériel, ils ouvrent des portes à celles et ceux qui n’ont que peu de place dans les médias traditionnels. Les femmes en particulier se saisissent du podcast pour réfléchir et déconstruire les rapports de genres dans la société. Alors que le féminisme se résume trop souvent dans les médias à quelques publications militantes, le podcast apparaît comme le médium parfait pour explorer et démocratiser le sujet.

Comme l’analyse la documentariste audio Charlotte Pudlowski  dans les colonnes de Konbini : “Pourquoi les femmes investissent-elles ce média-là ? Car c’est un format où tu peux faire du long, où tu as le droit de parler sans qu’on te coupe la parole, un média où on ne les voit pas alors que les femmes sont en permanence réduites à leur physique, à leur image…

Petite sélection non exhaustive de programmes féministes.

Un podcast à soi : intimiste et poétique

Comme souvent en écoutant les podcasts d’Arte Radio, on a l’impression que les voix nous parlent dans le creux de l’oreille, la sensation égoïste qu’elles ne parlent que pour nous. C’est le cas avec “Un podcast à soi”, le programme le plus féministe d’Arte Radio. Une heure de réflexions sur tous les thèmes qui touchent à l’intimité des femmes, leur place dans la société, leur âge, leur éducation, leur colère, leur vie.
 
Le podcast est signé Charlotte Bienaimé, productrice sur France Culture, habituée de l’émission “Les pieds sur Terre” et autrice. Elle y mêle entretiens, récits intimes, lectures de textes, paroles d’experts, et nous la suivons avec plaisir dans ses réflexions personnelles et universelles. Femmes noires, sportives, activistes, lesbiennes ou âgées, dans “Un podcast à soi” – référence à Virginia Woolf, Charlotte Bienaimé explore le féminisme avec intelligence et poésie.
 

Les couilles sur la table : déconstruire la domination

Comprendre la masculinité pour déconstruire les rapports de domination ? C’est l’angle original qu’a choisi le podcast “Les couilles sur la table” du studio Binge Audio. Créé et conduit par la jeune journaliste Victoire Tuaillon, le podcast s’intéresse à différentes facettes de la masculinité. 
 
Pourquoi la voiture est-elle un symbole de virilité ? Qu’est-ce que une identité masculine acceptable selon l’Église ? Comment se structure la masculinité dans un milieu populaire et rural ? Autant de questions auxquelles s’attaque Victoire Tuaillon, accompagnée de sociologues, géographes, philosophes, historiens… Des entretiens d’une trentaine de minutes qui donnent matière à réfléchir et à déconstruire.
 

La poudre : donner la parole aux femmes

La Maire de Paris Anne Hidalgo, la chanteuse Jeanne Added, l’autrice Leïla Slimani, l’activiste Assa Traoré… elles sont toutes dans “La Poudre”, le podcast féminin et féministe, mené par Lauren Bastide. Après 10 ans au magazine Elle et une saison sur le plateau du Grand Journal de Canal+, la journaliste s’interroge sur la (sous) représentation des femmes dans les médias. Caricaturées dans la presse féminine, systématiquement interrompues et objectifiées à la télévision.
 
Lauren Bastide fonde alors avec son ami journaliste Julien Neuville, le studio indépendant Nouvelles Écoutes. Elle y développe le podcast “La Poudre”, pour donner la parole aux femmes qui l’ont interpellée, qu’elle admire, qui luttent. Quelle éducation ? Quel rapport au corps ? Quelle construction en tant que femme dans une société patriarcale ? Des entretiens fleuves d’environ une heure, intimistes, militants, presque thérapeutiques parfois, dans lesquels la journaliste interroge l’enfance, la féminité, la sexualité de ses invitées.
 

Yesss : une réponse au harcèlement

Il y a plus de 6 ans, la graphiste Anaïs Bourdet lançait le compte Tumblr Paye ta schneck, qui rassemble désormais des milliers de témoignages de femmes victimes de harcèlement sexuel dans la rue. En octobre dernier, accompagnée de la journaliste Margaïd Quioc et de la consultante Elsa Miské, Anaïs Bourdet a lancé le podcast “Yess”. Sorte de manuel de survie au machisme, le programme – qui dure environ 45 minutes – enchaîne les témoignages de celles qui ont réussi à répliquer face aux remarques et agressions sexistes.
 
Chaque épisode parle de ces “warriors” qui ont réagi face au harcèlement dans l’espace public, au travail ou encore en famille. Si le podcast rappelle que “parfois on n’y arrive pas et ce n’est pas grave“, il donne de l’énergie à celles qui ne veulent plus se laisser faire.
 

The Womanist : expatrié et afro-féministe

Je mets enfin des mots sur les frustrations, les situations équivoques, les malaises que je vis“, explique une auditrice en commentaire du programme “The Womanist” sur iTunes. Produit de façon indépendante, ce podcast offre un espace de dialogue et de réflexion sur les questions liées aux expériences et à la représentation des femmes noires. À travers leur programme, Louisa Adj et Laéthycia Judy, deux jeunes Françaises basées à New York, explorent l’actualité, les tendances, la pop culture, la sexualité et autres enjeux de société.
 
Leur point de vue de femmes noires françaises expatriées aux États-Unis est rare et leur permet de traiter les thèmes abordés en prenant en compte de nombreux paramètres. Le podcast des deux jeunes femmes (parfois accompagnées d’une invitée) est résolument afro-féministe.
 

Quoi de meuf ? : féminisme intersectionnel et pop culture

“Quoi de meuf ?”, c’est une conversation entre Clémentine Gallot, co-créatrice de la newsletter du même nom et des blogueuses, poétesses et journalistes. Ensemble, elles parlent pop culture, réseaux sociaux, littérature, sexualités ou encore actualité. Le tout sous l’angle du féminisme intersectionnel : autrement dit, un féminisme qui intègre les prismes du racisme, de l’homophobie, de la transphobie…
 
Clémentine Gallot et son invitée nous emmènent dans leurs discussions pendant 45 minutes à chaque épisode, grâce à leur naturel et à leur humour. Ce qui n’empêche pas le podcast d’être très bien documenté. À côté des “gros sujets” tels que le consentement, la place des femmes dans les médias ou la procréation médicalement assistée, “Quoi de meuf ?” s’attaque aussi à des livres, des séries, des films ou des téléréalités de la pop culture. 
 

++ BONUS ++
  • Dans “Aimer à 20 ans” un petit podcast de 5 minutes produit par Arte Radio, Sophie Andry raconte son histoire d’amour.
  • Dans chacun des sept épisodes de “Quouïr”, programme de Nouvelles Écoutes, des personnes homosexuelles, bies ou trans racontent leur coming out.
  • Parler des règles est un acte militant : c’est l’affirmation de cet épisode des “Sales gosses” sur Slate.fr.
 

 

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