Partager la publication "Glyphosate : les méthodes de Monsanto pour avoir toujours raison"
Selon les deux chercheurs Stefan Weber et Helmut Burtscher qui ont réalisé l’étude, plus de 70% des chapitres-clés de l’évaluation scientifique rendue par le BfR ne sont en réalité qu’un vulgaire copié-collé d’un dossier transmis par le géant de l’agrochimie aux autorités européennes. En d’autres termes : les arguments qui ont motivé la ré-autorisation du glyphosate en 2017 (donc son utilisation pour cinq ans dans toute l’Union Européenne), ont été gracieusement fournis par Monsanto lui-même.
Glyphosate : les autorités sanitaires ont plagié Monsanto — via @lemondefr jeudi soir une émission exceptionnelle d’ @EnvoyeSpecial entièrement consacrée au glyphosate sur @France2tv https://t.co/66PI108iFf
— Elise Lucet (@EliseLucet) 15 janvier 2019
De quoi attirer plus que jamais les suspicions autour de cet herbicide controversé, jugé “cancérigène probable” par l’OMS et banni des jardins français depuis le 1er janvier 2019. Dans son émission exceptionnelle du jeudi 17 janvier, entièrement consacrée au glyphosate, Envoyé Spécial revient sur les stratégies douteuses d’une multinationale (rachetée en 2018 par Bayer) prête à tout pour servir ses intérêts. La preuve par trois.
1. Enterrer les études compromettantes
En 2012, le professeur de biologie moléculaire Gilles-Eric Séralini publie une étude sur les effets de la consommation par des rats de laboratoire du maïs OGM NK603 (conçu pour résister aux pulvérisations de glyphosate). Les photos des rongeurs, déformés par d’énormes tumeurs, font le tour du monde. Face au scandale, Monsanto contre-attaque et accuse Séralini d’avoir manqué de rigueur dans sa méthodologie scientifique.
L’étude est finalement retirée de la revue Food and Chemical Toxicology dans laquelle elle avait été publiée. Pourquoi un tel revirement ? Le docteur A. Wallace Hayes, rédacteur en chef de Food and Chemical Toxicology au moment de la publication de l’étude, aurait signé un contrat de 12 000 dollars avec Monsanto quelques jours avant sa parution…
2. User et abuser du “ghostwriting”
Des communicants peuvent ainsi demander à vérifier le contenu, ou écrire eux-mêmes plusieurs parties d’une publication qui sera ensuite signée par des scientifiques prestigieux (moyennant finance). Quoi de mieux pour contrôler son image et de faire taire les détracteurs ?
L’équipe d’Envoyé Spécial a réussi à interroger le toxicologue David Kirkland, accusé d’avoir laissé Monsanto interférer dans la rédaction d’une étude sur le glyphosate. Le scientifique britannique commence par démentir vigoureusement le ghostwriting, puis, acculé par les preuves que lui présentent les journalistes, vacille. “Ils ont juste apporté des éléments de contexte“, finit-il par expliquer, avant de quitter l’interview en coup de vent.
3. Miser sur la publicité
Interrogé par Envoyé Spécial sur l’image désastreuse de Monsanto, le PDG de Bayer France, Franck Garnier, semble avoir bien du mal à condamner officiellement les méthodes de la marque… préférant répéter que rien de tel n’aura cours sous l’ère Bayer. On ne peut que lui souhaiter d’avoir raison.
- Retrouvez l’enquête d’Envoyé Spécial sur le glyphosate jeudi 17 janvier, à partir de 21h sur France 2