Partager la publication "Haut Conseil pour le Climat : le rapport 2024 invite à “tenir le cap de la décarbonation”"
“Les politiques publiques ne sont pas suffisamment alignées avec l’atteinte de la neutralité carbone en 2050”, affirme le Haut Conseil pour le Climat (HCC) dans le cadre de son nouveau rapport annuel. Le constat est clair : les politiques publiques d’atténuation connaissent des avancées significatives et produisent des résultats, mais elles ne sont pas suffisamment alignées avec l’objectif de neutralité carbone en 2050. “Il y a donc un risque social et économique important”, souligne Corinne Le Quéré, présidente du Haut conseil pour le climat. Le rapport appelle donc à définir une feuille de route claire pour la décarbonation sur le long terme.
Si le rapport salue les mesures adoptées, qui sont pour l’heure sur la trajectoire de la réduction des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050, il manque des garanties pour assurer que ces efforts s’inscriront dans le temps. C’est pourquoi le rapport invite à “tenir le cap de la décarbonation” sur le long terme “et renforcer l’adaptation pour anticiper les caractéristiques à venir d’un climat qui se réchauffe vite”.
Impact croissant du changement climatique
Les facteurs climatiques extrêmes se multiplient et s’intensifient en France et dans le monde, aggravant leurs impacts sur la société et les écosystèmes. Des événements sans précédent se sont produits en 2022-2023 : canicules meurtrières en Europe, sécheresses historiques, feux de forêt records, inondations coûteuses et fonte accélérée des glaciers.
Le rapport souligne que ces phénomènes extrêmes sont susceptibles de se cumuler à l’avenir, amplifiant leurs conséquences dévastatrices. “La France doit se préparer à faire face à des chocs climatiques multiples et simultanés”, alerte Corinne Le Quéré. Problème : le HCC constate un décalage qui se creuse entre les mesures d’adaptation et les besoins face à l’intensification rapide des impacts climatiques.
Des inégalités face aux risques climatiques
Les inégalités d’exposition aux risques climatiques selon les ménages, entreprises et activités professionnelles sont porteuses d’importants risques sociaux, met en garde le Haut Conseil. Certains groupes sont particulièrement vulnérables comme les personnes âgées, les nourrissons, les femmes enceintes, les personnes handicapées et les ménages pauvres.
Certains territoires cumulent également plusieurs facteurs de vulnérabilité. C’est par exemple le cas de la Guyane qui souffre d’une pénurie de personnel soignant et d’un manque d’infrastructures adaptées.
Décarbonation : un besoin urgent d’adaptation
La France est l’un des rares pays développés sans diagnostic national de vulnérabilités, ce qui nuit à l’évaluation des besoins d’adaptation dans la lutte pour la décarbonation. Les générations futures seront beaucoup plus exposées que les générations précédentes, avec des besoins d’adaptation supérieurs, prévient le Haut Conseil, appelant à accélérer les efforts en la matière.
Malgré les progrès réalisés, le rapport conclut que des efforts supplémentaires sont nécessaires pour atteindre les objectifs climatiques de long terme. Il exhorte le gouvernement à consolider rapidement le cadre d’action publique, en améliorant la cohérence et la pertinence des politiques climatiques.
Face à l’urgence climatique, le Haut Conseil appelle à un changement de cap rapide et profond des politiques publiques, mais aussi des modes de vie et de production. En somme, sur la feuille d’examen de la France, la mention “bien mais peut – et doit – mieux faire” a été attribuée par le HCC.
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