Celle-ci apparaît au grand jour sur nos écrans de télévision lorsque des catastrophes naturelles s’abattent sur des populations précaires. Ainsi, les femmes représentent plus de 75 % des populations déplacées lors de désastres naturels et près de 80 % des personnes en besoin d’assistance en situation d’urgence.
À ces déséquilibres induits par le réchauffement climatique, s’ajoutent les effets indirects, moins visibles, qui contribuent à créer un cercle vicieux pour les femmes. Obligées d’investir davantage de temps et d’énergie dans la gestion des ressources, elles voient leur chance d’accéder à des activités génératrices de revenu, à la scolarisation, à des dispositifs de formation ou encore d’occuper des postes décisionnels fortement diminuer.
Le réseau C40, qui réunit 96 métropoles engagées dans l’action climatique et présidé par la Maire de Paris Anne Hidalgo, a rassemblé dans le cadre de son programme Women4Climate les initiatives et projets innovants permettant de mieux prendre en compte l’impact du changement climatique sur les femmes dans les métropoles. “Notre objectif est que les maires et les décideurs publics puissent connaître ces approches innovantes, s’en emparer et s’en inspirer pour conduire des actions significatives dans leur ville”, indique Silvia Marcon, en charge du programme Women4Climate.
Une prise de conscience tardive de la communauté internationale
La seconde est la faible présence de femmes dans les sphères de recherche, de débats et d’élaboration des politiques liées aux changements climatiques. Dans le domaine scientifique par exemple, le champ des experts et chercheurs sollicités a été largement dominé par les hommes. Seuls 39 % des auteurs ayant contribué au dernier rapport du GIEC étaient des femmes, a précisé le journal Libération.
Les femmes, agents de la transition écologique
Les femmes produisent de 60 à 80 % de l’alimentation dans les pays en développement. A travers leurs fonctions, elles ont su élaborer des stratégies pour s’adapter aux conséquences sur l’environnement et ont acquis des expertises inestimables dans des secteurs tels que la gestion de l’eau, les procédés de conservation de la nourriture ou encore dans la mise en œuvre de nouvelles techniques agricoles.
Dans la communauté Nagy en Inde, où les femmes contribuent à l’entretien des forêts et à la production d’engrais naturels, l’élection de femmes chefs de villages, autorisée par un règlement administratif en 2005, a conduit dans certaines localités à l’adoption d’une gestion plus durable des ressources. Toutefois, le combat des femmes Nagy continue pour obtenir la pleine reconnaissance de leur droit de propriété. En Inde, même si les femmes constituent la majorité des exploitants, seules 10 % d’entre elles possèdent leur propriété, les privant ainsi des programmes d’aides agricoles de l’Etat.
Intégrer les femmes dans tous les processus de consultation, de définition et de mise en œuvre des politiques climatiques apparaît ainsi comme une priorité. “Un des enjeux est de renforcer le rôle des femmes à tous les niveaux, confirme Silvia Marcon. “Même si le terme d’empowerment doit être pris avec précaution, il recouvre ce que nous voulons faire : œuvrer auprès des femmes pour leur donner confiance et leur permettre d’être en position d’agir, de décider pour des choix qui les concernent, d’affirmer haut et fort “J’ai mon mot à dire.“
Vers une société plus durable et plus juste ?
Mais c’est surtout sur un pilier essentiel que repose la double lutte contre les inégalités de sexe et le changement climatique : celui du financement. Selon le rapport de l’Union internationale pour la conservation de la nature de 2015, seul 0,01% des financements internationaux soutiennent des projets qui intègrent à la fois le climat et les droits des femmes. Thématique forte de la prochaine COP24, la transition juste doit incarner l’expression d’une volonté puissante par la communauté internationale d’approcher le changement climatique dans une stratégie d’ensemble pour le développement et l’égalité.