Partager la publication "En Colombie, les personnes âgées ont leurs petits anges gardiens"
En passant la porte de la “Casa Mayor”, me voilà en immersion dans le quartier Nord de Bucaramanga, la 5ème ville plus importante de Colombie. Derrière les vitres de la voiture, les taudis à flanc de collines résument ce qu’est le quartier de Regaderos. Ici sont arrivées de nombreuses familles, fuyant les conflits, la violence et le manque d’opportunités dans les campagnes.
Dans ce quartier précaire vivent notamment beaucoup de personnes âgées, délaissées par leur famille et par le gouvernement colombien. Bien souvent, elles se retrouvent isolées et en situation de vulnérabilité.
À Bucaramanga, 64 % des sans domiciles fixes sont des personnes âgées. C’est dans ce contexte qu’un enfant Colombien a décidé, il y a plusieurs années, de prendre les choses en main avec une confiance légendaire et une détermination précoce.
“Le Petit Ange du Nord de la Colombie”
Rapidement, il fait appel à ses amis pour l’aider à s’occuper des anciens de son quartier dans le besoin, isolés, sans famille, malades et/ou en situation de précarité financière. Vente de café, récupération de légumes avariés sur les marchés et appel aux dons, Albeiro ne rate pas une occasion pour venir en aide à ses “abuelitos”, comme il les appelle !
La mission de ce “Petit Ange du Nord de la Colombie”, nom joliment donné à Albeiro par un journaliste Colombien, ne fait alors que commencer. À 11 ans, il réussit à ouvrir un foyer au pied de son quartier pour plusieurs personnes âgées. Sa vocation est tracée : il devient gérontologue et consacre sa vie à cette noble cause.
Un programme intergénérationnel innovant
Assurer le bien-être des personnes âgées est une réelle priorité pour Albeiro. Par exemple, l’existence d’une monnaie locale au sein des maisons de retraite permet de valoriser leur travail et que ces “abuelitos” puissent acheter certains produits.
Pour pérenniser le projet, des maisons de retraite privées financent les maisons de retraite “publiques” de la Fondation pour les personnes âgées sans ressources. Des petites activités d’artisanat comme la création de cartes de vœux, de bracelets réalisés par les enfants et personnes âgées sont également des sources de revenu pour le centre.
Cette Fondation se distingue notamment par un programme intergénérationnel innovant : le programme “Ángeles Custodios” ! D’une durée de 5 à 7 ans, celui-ci consiste à recruter des enfants pour qu’ils s’occupent des personnes au sein des maisons de retraite. Les enfants suivent un programme de développement personnel en 4 étapes, jusqu’au stade final “d’ange gardien”.
Au fur et à mesure de leur expérience, ils se voient attribuer des responsabilités plus importantes comme accompagner une personne âgée au cinéma ou parler en public. L’un des moyens de recrutement le plus efficace reste le témoignage des enfants au sein de leur école et de leur communauté.
Au-delà des valeurs transmises comme la solidarité et le respect, les enfants acquièrent des compétences grâce aux personnes âgées, que ce soit en jardinage ou en artisanat. Les familles des enfants se sentent également rassurées de les voir encadrés plutôt que d’errer dans le quartier.
Une réconciliation insoupçonnée
Esteban, un psychologue de la Fondation s’affaire à sensibiliser les enfants à travers des règles de “bien vivre ensemble”. L’idée à travers ce programme est non seulement d’égayer le quotidien des “abuelitos”, que de faire tomber les barrières, les préjugés des enfants vis-à-vis de leurs aînés.
L’anecdote d’une enfant membre du programme en dit long sur les impacts positifs du projet. Elle ne parlait plus à sa grand-mère suite à une dispute. Grâce à des activités avec d’autres personnes âgées, elle a décidé de rappeler sa grand-mère et de renouer les liens avec elle.
Ces liens si forts créés entre les enfants et les “abuelitos” ont même suscité des vocations. C’est Erika, âgée de 27 ans qui me raconte que “quelque chose est né dans son cœur” lorsqu’elle était une “Angel custodio” à l’âge de 11 ans. Aujourd’hui aide-soignante au sein d’une maison de retraite de la Fondation, elle affirme : “le plus important est que les personnes âgées se sentent exister”.
Son meilleur souvenir ? Lorsqu’elle a pu exprimer des gestes d’affection envers eux ! Des activités culturelles et artistiques font partie intégrantes du programme. Des sourires, des claquements de mains, en quelques instants, les années d’écart s’effacent pour laisser place à un beau spectacle !
En quittant ce lieu, on s’interroge sur nos propres relations familiales et notre responsabilité ; et surtout sur cet amour précieux à donner à nos grands-parents.
À portée de mains
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