Partager la publication "La grande distribution mise sur l’agriculture urbaine"
Depuis plusieurs années déjà, le secteur flirte avec la tendance de l’agriculture urbaine. Toutes les grandes enseignes du secteur ont mis, d’une façon ou d’une autre, les mains dans la terre.
Chacun son potager
En 2018, Monoprix, filiale du groupe Casino, s’associe à La Boîte à Champignons pour créer des “Bars à pleurotes” dans 10 magasins. L’enseigne a aussi ouvert une champignonnière dans la cave du magasin Saint-Augustin, à Paris. Et elle propose des fraises cultivées dans un conteneur, grâce à la société Agricool.
En 2019, Franprix distribuera les légumes produits par l’entreprise Cultivate, sur un toit de 7000 m2, dans le quartier de la Chapelle, dans le 18ème arrondissement de Paris.
Auchan, pour sa part avait déjà construit un potager de 6000 m2 près d’un magasin à Mérignac (Gironde) et un autre à Villiers-en-Bière (Seine et Marne), en partenariat avec un lycée agricole. Mais si son plan se réalise comme annoncé, à partir de 2020, le mariage de la grande distribution et du maraîchage va passer à la vitesse supérieure.
Auchan, riche propriétaire terrien
Les récoltes de fruits et légumes de saison cultivés sur ces centaines d’hectares seront “autant que possible” bio, vendues sur place, dans les points de vente les plus proches, avec la création d’une marque spécifique pour mettre en avant cette production.
Le groupe met aussi en avant une dimension sociale et solidaire de son projet : il prévoit des aides à l’installation aux agriculteurs intéressés par l’exploitation de ses terres et — pourquoi pas ? — d’associer les habitants du coin au capital de la ferme et du magasin. Auchan pourrait enfin créer des événements pédagogiques autour de ses fermes urbaines.
Crise du supermarché
Ce basculement apparaît plus largement comme une réponse à la crise des supermarchés. “Si l’hypermarché ne bouge pas, il va disparaître”, nous confiait récemment Yves Puget directeur de LSA.
Avant d’accomplir une vraie révolution, il reste toutefois au secteur de la grande distribution quelques détails à consolider : améliorer la techniques de culture hors-sol, trouver un modèle économique… Et surtout, affronter ses propres incohérences: peut-on d’un côté devenir champion de l’agriculture urbaine et de l’autre être accusé d’étouffer les producteurs à coup de guerre des prix ?