Partager la publication "Fonte du permafrost et déforestation… toujours plus de méthane libéré dans l’air"
Avec le dioxyde de carbone (CO2), le méthane fait partie des gaz à effet de serre présents dans l’atmosphère qui participent au réchauffement climatique. Or, l’augmentation rapide des émissions de méthane (CH₄) est aujourd’hui l’une des plus grandes menaces pour le climat mondial. Alors que les efforts se concentrent principalement sur la réduction CO₂, le méthane, bien que présent en moindre quantité, a un potentiel de réchauffement 80 fois plus élevé sur une période de 20 ans.
Depuis 2006, les concentrations de méthane dans l’atmosphère ont augmenté de manière spectaculaire, dépassant même les prévisions les plus pessimistes. D’où viennent ces émissions ? Elles sont issues principalement des activités humaines, notamment l’exploitation des combustibles fossiles et l’agriculture. En France, par exemple, “environ 68 % de l’inventaire national vient de l’élevage, dont 87% des bovins”, explique le climatologue français au CNRS, Christophe Cassou.
Limiter le réchauffement global implique de réduire les émissions du CO2 mais aussi de méthane [review👇]
— Christophe Cassou (@cassouman40) August 18, 2024
3 sources principales: usage des énergies fossiles & agriculture puis déchets.
En🇫🇷, ~68% de l’inventaire national vient de l’élevage, ~87% des bovinshttps://t.co/pirx2lmLp5 pic.twitter.com/VilZuBWH8A
Le réchauffement climatique accélère les émissions de méthane
C’est un fait désormais avéré : le réchauffement climatique exacerbe le problème en libérant du méthane des zones naturelles. Les marécages tropicaux, en particulier en Amazonie, et le pergélisol en Arctique, commencent à dégager des quantités croissantes de ce gaz en raison des températures élevées. Kayrros, une société française qui utilise l’IA pour éradiquer les fuites de CH₄ dans le monde, suit de près le phénomène.
Antoine Rostand, président de Kayrros, a déclaré au Guardian : “Le méthane est responsable de la moitié du réchauffement climatique à court terme et n’a absolument pas été géré jusqu’à maintenant, il est totalement hors de contrôle. […] Nous savons où se trouvent les gros émetteurs. Nous avons simplement besoin que les décideurs politiques et les investisseurs fassent leur travail.”
Plus précisément, les températures élevées augmentent la production de CH₄ dans les zones humides tropicales, déjà favorables à la croissance des microbes émetteurs de méthane. Ce phénomène est aggravé par la fonte du pergélisol en Arctique, qui libère le carbone emprisonné sous forme de méthane, un processus qui, selon les experts, pourrait devenir catastrophique si les températures continuent de grimper, explique l’article scientifique, The Methane Imperative.
Des solutions pour freiner cette course dangereuse
Pour ralentir cette tendance alarmante, il est impératif d’adopter des mesures spécifiques à la réduction du méthane, en parallèle des efforts de la lutte contre les émissions de CO₂. Des actions telles que l’amélioration des pratiques agricoles, la gestion des décharges, et la capture des fuites de méthane dans l’industrie des combustibles fossiles sont cruciales. Un récent rapport propose un plan en trois étapes : réduire les émissions de manière drastique, coordonner les efforts de réduction des émissions de CO₂ et de CH₄, et enfin, encourager financièrement les mesures de réduction de méthane, car chaque tonne de méthane évitée pourrait réduire les coûts des dommages climatiques.
Mais, bien que les solutions existent, leur mise en œuvre nécessite une volonté politique forte et des investissements conséquents. Si rien n’est fait, les conséquences pourraient être irréversibles, dépassant les seuils critiques définis par l’accord de Paris. Comme le souligne le récent rapport de Frontiers in Science, il est essentiel d’agir immédiatement pour éviter une catastrophe climatique liée à ce puissant gaz.
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