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Vivre mieux : à Nantes, le futur est une île

Une île transformée en laboratoire urbain. À Nantes, l’île de Nantes symbolise le renouveau avec une réhabilitation exemplaire de ses anciens chantiers navals en espaces publics.

Le 08/10/2024 par Gilles Luneau
l'île de Nantes
Sur l'île de Nantes. Crédit : Gille Luneau.
Sur l'île de Nantes. Crédit : Gille Luneau.

Quelques coups de pédale suffisent à franchir le pont Tabarly et à accéder à la pointe amont de « l’île de Nantes ». Des îles, Nantes en a connues une vingtaine sur la Loire et la ville a passé plus d’un siècle à combler les bras qui les séparaient des rives ou qui espaçaient les îlots. L’île de Nantes – 4,9 km de long, 1 km de large – résulte ainsi de la réunion d’un archipel que l’on appelait « nantais » au XIXe siècle. Elle abrita longtemps « la Navale » : trois chantiers de construction de navires. Après 227 ans d’activité et vingt ans de déclin, le silence tomba sur les machines et le désespoir des ouvriers, quand le dernier chantier ferma en 1987. L’intelligence des édiles fut de laisser du temps au temps. Au-delà de la cicatrisation de la plaie sociale, il fallait rendre grâce à l’histoire de la ville en confiant à la culture le soin de faire avancer les aiguilles du temps.

La page fût délicatement tournée en muant les parties emblématiques des chantiers navals (nefs de constructions, cales de lancement) en espaces publics. Il fallait donner à voir ce qui avait été le cœur battant, dans tous les sens du terme, de la ville. Et en jouir. Un travail de haute couture jouant des dentelles de la mémoire, des symboles, de la mise en art d’un quotidien révolu, de la poésie surgissant d’une structure métallique changeant de fonction, pour doucement porter un autre regard sur des lieux familiers. Pour changer de références et, pourquoi pas, oser prendre du plaisir là où d’autres avaient peiné. Pour découvrir, dans un espace de travail où l’être humain demeurait lilliputien en regard des œuvres qu’il créait, l’importance du vide.

Donner à voir le coeur battant des chantiers

On a conservé les trois grues symboliques du Nantes portuaire. Depuis 2007, sous ces vigies du passé, la friche industrielle de 13 hectares est devenue « Parc des chantiers » et le vieux quai de commerce portuaire une zone festive résonnant de jeunesse. Nettoyé d’une partie de ses bâtiments, l’espace met en valeur la géométrie singulière du chantier naval avec les angles aigus des cales, le patchwork des bétons rayés, fêlés, teintés de labeurs, ravaudés, les arabesques des rails rouillés entre les pavés, la verticalité massive des grues, le balisage des quais par les bollards (bitte d’amarage en bordure de quai, ndlr). La mémoire surgit à chaque pas, à chaque regard de flâneur. Les vélos, ici par milliers dans les années soixante, font leur grand retour, sans bleu de chauffe sur la selle mais parfois avec une assistance électrique. Où l’on imagine les métallos à la pause, grignotant leur casse-croûte, ce sont aujourd’hui les familles qui pique-niquent sur l’herbe qui a gagné la partie. L’herbe va si bien à la rouille.

On soude et on rive encore dans un ancien bâtiment des Chantiers Dubigeon : François Delarozière et Pierre Orefi ce y conçoivent d’étranges machines – automates, manèges fantastiques – qui semblent directement sorties des rêves et des contes. Elles sont notamment destinées aux Machines de l’île, un parc d’attractions où un éléphant géant et mobile promène une quarantaine de personnes à 12 mètres de haut sur le terre-plein des traceurs de coques, au pied de l’ancien bâtiment de la direction des Chantiers, devenue La Maison des hommes et des techniques, sous la direction d’anciens de la Navale. Plus loin, sur le quai des Antilles, un jardin potager bio, pédagogique, joue, hors-sol, dans des bacs en bois, à la corne d’abondance, débordant de légumes, d’aromatiques et de fruits. Sa production est réservée à deux associations d’aide alimentaire de l’île dont une est établie au « 5Ponts » : un centre ouvert 24 h/24, qui accueille des personnes en situation de très grande précarité.

Toujours garder un lien avec le passé

À la suite du jardin, à la pointe ouest de l’île, là où la Loire est la plus profonde, l’ancien hangar à bananes des années cinquante est devenu un lieu de convivialité aux rythmes fluctuants. Calme des rendez-vous matinaux avec les joggeurs. Contemplation à toute heure à la galerie d’art. Face au couchant, tumulte des restaurants, bars, discothèque. Un espace de détente sur un belvédère autrefois laborieux, rendu aux éléments – le ciel, la Loire et les vents. Combien de fois les ouvriers qui trimaient ici ont-ils rêvé d’un monde meilleur ? Il est en partie là, pour leurs petits-enfants.

Pour autant, signant le quai de leur cercle d’acier galvanisé de 4 mètres de diamètre, les dix-huit Anneaux de la mémoire de Daniel Buren et Patrick Bouchain rappellent qu’une partie des fortunes nantaises du XVIIIe siècle se fit avec la traite d’esclaves africains.

Au milieu de l’île, la grande halle à charpente métallique des Fonderies de l’Atlantique, où furent fondues les hélices du paquebot France et des porte-avions Clémenceau et Foch, est devenue un jardin public exotique. Toujours ce lien avec le passé, marin cette fois, où il était courant de revenir avec, en poche, une poignée de graines d’ailleurs. Toujours ce tricot subtil à trois aiguilles – histoire, culture, présent – installant, à partir de l’espace public, le cadre d’une véritable métamorphose de la ville et de la Métropole.

L’île de Nantes, un laboratoire urbain

L’île de Nantes ne se réduit pas à la plus vaste opération européenne de réaménagement urbain. Au-delà du courage politique de déplacer un centre-ville, c’est une rupture de la vision du développement urbain. L’abandon de la sectorisation chère à Le Corbusier (charte d’Athènes, 1933), organisant la ville en zones fonctionnelles (habitat, travail, loisirs, quartiers historiques, infrastructures de transport).

Une fois calées les implantations publiques (espaces naturels, écoles, maison de quartier, services sociaux, services publics, palais de Justice, voirie…), une fois améliorés l’habitat et l’environnement de celles et ceux qui habitaient déjà là, une fois tracé, par Alexandre Chemetoff, le damier précis de ce qui devait rester commun, commença la compétition créative pour modeler l’île en ville durable mêlant habitat, activités tertiaires, écoles supérieures, artisanat, commerces. Depuis vingt ans, les plus grands noms internationaux de l’architecture viennent mettre la main à la pâte de ce laboratoire à ciel ouvert. Bâtiments basse consommation ou à énergie positive, structures et façades bois, balcons, jardins, font quartier après quartier, de l’île une ville du troisième millénaire.

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Article réalisé en partenariat avec Nantes Métropole.

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