Partager la publication "Prostitution, xénophobie, terrorisme : quand le crowdfunding finance le pire"
Malheureusement, oui. Le crowdfunding, essentiellement consacré à financer des projets tournés vers l’innovation, la solidarité ou encore l’écologie, ne sert pas que de nobles causes. Il peut parfois financer le pire comme la xénophobie, la prostitution ou encore le terrorisme.
Une flotte anti-migrants pour Génération Identitaire
Très vite, une vague d’indignation a déferlé sur les réseaux sociaux. Pétitions, dénonciations d’un manque de réaction des politiques, boycott de Paypal… Cette forte mobilisation des internautes a conduit au gel des fonds de la campagne. Mais comme l’a précisé Le Monde , une partie des fonds a pu être récupérée et a permis au collectif d’extrême droite d’affréter un navire de 40 mètres de long : Le C-Star. Bloqué puis relâché au port de Famagouste (Chypre), le bateau est aujourd’hui en route vers le canal de Sicile.
Eros, la plateforme qui souhaite uberiser la prostitution
Pour lever des fonds, les deux fondateurs ont organisé une ICO (Initial Coin Offering). Un financement participatif qui s’appuie sur un système de crypto-monnaie. Plus de 7,6 millions de dollars (6,5 millions d’euros environ) auraient déjà été levés.
Depuis le 30 juillet, de gros soupçons d’arnaque pèsent néanmoins sur Eros. Profils Linkedin vides, plagiat d’un document technique, manque d’activité sur leur page… Les deux fondateurs pourraient avoir comme but ultime d’escroquer les personnes qui ont pris part à la levée de fonds.
Daesh financé par le crowdfunding ?
Dans son rapport 2015, Tracfin, la cellule française de renseignement financier, révélait des anomalies sur une plateforme — dont le nom est resté confidentiel —, dédiée à récolter des fonds à des fins humanitaires. D’autres collectes, réalisées sous couvert de financer de simples anniversaires, ont également été identifiées par l’organisme. Elles impliquaient des individus déjà repérés par les services de renseignement.
“Il y a des intitulés qui sont très évocateurs : ‘Aidez nos sœurs en Syrie’, ‘Facilitez le retour de nos frères’ avec des éléments qui laissent supposer quand même une certaine proximité avec des réseaux de départs ou des réseaux de retours de candidats au djihad”, confiait Bruno Dalles, directeur de Tracfin, lors d’une conférence de presse en décembre 2016
Quel engagement éthique des plateformes de dons en France?
Chez Ulule, 200 projets en moyenne sont passés au crible chaque jour. Sectes, projets politique ou faisant l’apologie du racisme, de la xénophobie ou de la violence sont catégoriquement refusés.
“Il y a un premier filtre à la réception du projet, un deuxième pendant la phase de modération et un troisième après la mise en ligne. On incite également notre communauté à nous avertir en signalant potentiellement un abus” précise à We Demain Margaux Thiérrée, responsable du pôle projet d’Ulule.
“Une fois, une association anti-avortement souhaitait financer un tour de France pour sensibiliser sur ce sujet. Après de longues discussions et un décryptage du projet, on a décidé de le refuser” explique Margaux Thierrée.