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Traité mondial contre le plastique : il est grand temps de mettre fin à la gabegie

Le 25/11/2024 par Florence Santrot
déchets plastique
Un océan de déchets : chaque année, des millions de tonnes de plastique finissent dans nos décharges et dans la nature. Crédit : Chalabala / iStock.
Un océan de déchets : chaque année, des millions de tonnes de plastique finissent dans nos décharges et dans la nature. Crédit : Chalabala / iStock.

Cette semaine, les négociations sur le Traité mondial contre la pollution plastique se tiennent en Corée du Sud. Un enjeu qui pourrait avoir des répercussions majeures, assez similaires à l’Accord de Paris obtenu lors de la COP15. C’est à Busan, principal port du pays, situé dans le sud-est, que s’est ouvert ce jour, lundi 25 novembre, le cinquième et dernier cycle de négociations du comité de l’ONU à ce sujet. 178 pays y participent. Objectif : entériner des mesures pour réduire la pollution plastique à l’échelle mondiale. Mais l’accord sera-t-il suffisamment ambitieux ?

Il faut tout d’abord comprendre à quel point la production de plastique est devenue un véritable fléau pour la planète. On estime qu’environ 3 à 5 % des émissions globales de gaz à effet de serre sont la conséquence de cette activité. La moitié de l’ensemble du plastique produit depuis 1950 l’a été entre 2000 et 2016, souligne le WWF. Un phénomène qui va en s’accélérant : selon l’OCDE, la production de plastique pourrait encore augmenter de 40 % d’ici… 2030 et tripler d’ici 2060 ! Quand on sait que plus de 75 % de l’ensemble du plastique ayant déjà été produit est aujourd’hui un déchet, cela fait froid dans le dos. Ils émettent environ 2,7 milliards de tonnes CO2e par an, soit davantage que le secteur de l’aviation, de l’extraction du pétrole et du gaz ou encore de l’énergie utilisée pour chauffer les bâtiments.

production de plastique dans le monde carbone brief
La production de plastique a énormément augmenté depuis le début des années 2000 et continue à croître fortement. L’heure d’y mettre le holà est venue. Crédit : Carbon Brief

Une production plastique bien trop polluante

Une des raisons de l’importance de ce traité est de mettre fin à une production qui repose encore la plupart du temps sur les combustibles fossiles. Les plastiques stimulent donc la croissance de la demande en pétrole. Il apparaît donc important que, au cours des négociations, les pays engagés parviennent à fixer un plafond à la production mondiale de plastique, afin de réduire concrètement les émissions.

Par exemple, lors du 4e round des négociations, le Rwanda et le Pérou ont proposé une réduction de 40 % de la production de plastique à base de combustibles fossiles d’ici 2040 par rapport aux niveaux de 2025. Ainsi, les futures émissions cumulatives dues aux plastiques pourraient être divisées par deux d’ici 2050 par rapport au statu quo. Mais cette suggestion semble à l’heure actuelle très ambitieuse.

Deux camps qui s’opposent autour du plastique

“Il existe de réelles divergences sur plusieurs éléments clés”, a reconnu Inger Andersen, la directrice exécutive du Programme des Nations unies pour l’environnement. Dans le cadre des négociations du Traité mondial contre la pollution plastique, deux coalitions ont fini par se former. Dans ce clivage, on retrouve, d’un côté, des pays producteurs de pétrole et de plastiques, comme ceux du Golfe, la Russie, l’Inde, le Brésil ou encore l’Iran. De l’autre, une “coalition de la haute ambition”. Dans cette dernière, présidée par la Norvège et le Rwanda, on retrouve la France, le Pérou, l’Allemagne ou encore le Sénégal.

Les premiers estiment que l’effort doit se concentrer sur la collecte et le recyclage des déchets plastiques mais sans réduire la production globale. Plus de 90 % du plastique produit n’est jamais recyclé. Les seconds ajoutent à cela une réduction nette de la production de plastique vierge. Objectif : mettre fin à la pollution plastique d’ici 2040.

Quarante-trois pays ont appelé à ce que le traité aborde l’ensemble du cycle de vie des plastiques, y compris la conception des produits et l’élimination des substances chimiques dangereuses.

Un cinquième round de négociation crucial

L’objectif de cette session est de finaliser un projet de traité d’ici la fin de l’année, en vue d’une adoption formelle en 2025. Mais comment y parvenir face à un tel clivage ? Le ministre sud-coréen de l’Environnement, Kim Wan-sup, y croit malgré tout. Il a souligné l’urgence d’agir : Nous devons mettre un terme à la pollution plastique avant que la pollution plastique mette un terme à l’humanité”.

“Cette conférence est bien plus que la rédaction d’un traité international, a souligné Luis Vayas Valdivieso, diplomate équatorien qui préside les débats à Busan. C’est l’humanité qui se mobilise face à une menace existentielle. Les décisions que nous prendrons dans les sept prochains jours façonneront l’histoire.”

Une liste de produits chimiques interdits, un fonds d’aide aux pays en développement…

Outre la simple question de la collecte et du recyclage des plastiques, la “coalition de la haute ambition” souhaite donc intégrer dans le traité la création d’une liste de produits chimiques interdits dans les plastiques ainsi que la mise en place d’un fonds pour aider les pays en développement à financer des infrastructures de collecte et de recyclage.

Le début des négociations, ce lundi, est tendu. Les pays producteurs de pétrole ont entamé le cinquième round avec une exigence : que toute décision soit adoptée par consensus et non à la majorité…

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