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Deal inédit entre la Nouvelle-Orléans et Airbnb : un modèle pour l’économie collaborative ?

La capitale de la Louisiane a accepté de légaliser les locations de courte durée. En échange, Airbnb lui livrera les noms de ses hôtes. Un accord qui pourrait contribuer à dessiner de nouvelles règles pour l’économie collaborative.

Le 13/12/2016 par WeDemain
La capitale de la Louisiane a accepté de légaliser les locations de courte durée. En échange, Airbnb lui livrera les noms de ses hôtes. Un accord qui pourrait contribuer à dessiner de nouvelles règles pour l'économie collaborative.
La capitale de la Louisiane a accepté de légaliser les locations de courte durée. En échange, Airbnb lui livrera les noms de ses hôtes. Un accord qui pourrait contribuer à dessiner de nouvelles règles pour l'économie collaborative.

La plateforme a détruit sa “qualité de vie” : Mary Moses, une assistante juridique interrogée par le New York Times, n’en peut plus du géant du logement de location Airbnb. Avec son mari, elle vit dans le quartier historique Faubourg Marigny, à la Nouvelle-Orléans. “Nous adorons les touristes, avance-t-elle, mais c’est la fête 24 heures sur 24 à un mètre de chez moi”.
 
Alors, Mary Moses espère que l’accord que sa ville a conclu mercredi 7 décembre avec la plateforme de logement va “améliorer les choses”. De San Francisco à New York, aux États-Unis, nombreuses sont les municipalités qui ont tenté, cette année, de travailler main dans la main avec le géant qui fut, à ses débuts en 2008, l’un des symboles de l’économie du partage. En Europe, Barcelone et Amsterdam s’y sont aussi essayé. Peines perdues. 

Dans la capitale des Pays-Bas, le parti travailliste vient juste de négocier de nouvelles règles, censées permettre à Airbnb de sévir lui-même contre les incivilités de ses hôtes. Mais ces mesures étaient non contraignantes. De l’autre côté de l’Atlantique, Airbnb vient seulement d’abandonner ses poursuites en justice contre New York début décembre. Dans ce contexte tendu, l’accord conclu avec la Nouvelle-Orléans pourrait faire figure d’exemple à un niveau mondial. Et ainsi, contribuer à dessiner les contours de nouvelles règles pour l’économie collaborative.

Légalisation des locations de courte durée

Celle qui est aussi appelée “Big Easy” a officiellement légalisé les locations de courte durée effectuées par le biais de la plateforme. En échange, Airbnb a accepté de livrer les noms des hôtes à la ville afin que ces derniers obtiennent un “permis” pour y louer un logement.

Autrement dit, chaque habitant sous-louant son appartement ou sa propriété par son biais est désormais automatiquement connu et enregistré par la municipalité, de même que chaque nouvelle personne s’enregistrant sur Airbnb à cet effet. En plus de leurs noms, Airbnb a aussi accepté de livrer les adresses des utilisateurs, après que la ville a promis de garder ces données pour elle. Une concession qu’elle n’avait jamais accepté auparavant, même si elle en contrôle le processus.

Autre partie de l’accord : pour faire un geste supplémentaire envers l’industrie hôtelière locale, Airbnb va collecter des taxes et prélever des frais supplémentaires de 1 dollar par nuit et par client, qui seront directement reversés à la ville. En outre, la plateforme ne sera plus accessible, et donc plus utilisable, dans le très touristique quartier de French Quarter… Ce qui, en soi, ne devrait pas poser trop de problèmes à ses utilisateurs : il s’agit d’une petite partie de la ville, facilement accessible à pied depuis les quartiers alentours, et la plupart des gros hôtels se situent de toute façon en dehors du fameux “quartier français”.

30 milliards de dollars

La Nouvelle-Orléans n’a donc pas obtenu tout ce qu’elle voulait de l’entreprise. Mais c’est déjà “un grand pas”, selon les autorités : “Airbnb a reconnu qu’il devait changer sa façon d’interagir avec les villes et changer la façon dont les choses se passent pour elles dans le pays”, avance Ryan Berni, un adjoint au maire de la Nouvelle-Orléans en charge de négocier ces régulations avec la plateforme. 

Une déclaration dont le ton positif est également de mise dans le camp adverse chez Laura Spanjian, la gestionnaire de politiques publiques pour Airbnb en charge du dossier : “Nous n’en sommes qu’aux débuts – nous avons maintenant besoin de nous assurer que ces règles sont suivies et que la ville va les faire appliquer, mais nous souhaitons que ce modèle aille plus loin”.

Avec un patrimoine actuellement évalué à 30 milliards de dollars et la concurrence montante d’autres plateformes de logement comme VRBO, HomeAway et Roomorama, la plateforme a tout intérêt à continuer à étendre ses activités en bonne entente avec les municipalités.

Pour l’heure, Airbnb a fixé un plafond de 90 jours légaux par an de location à ses clients hôtes à la Nouvelle-Orléans. Avec ses experts en data et en “croisements de statistiques”, il entend pouvoir estimer combien de pièces ou d’appartements y sont loués durant cette période, et quelles sont les conséquences en termes de prix de location. À terme, l’entreprise espère ainsi créer un standard applicable à d’autres villes. Une façon pour elle d’étendre son business sans entraves… Dans une Amérique “de plus en plus bienveillante à l’égard des entreprises”, selon le New York Times.

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