Partager la publication "Après les fruits et légumes moches, si on cessait de jeter les objets difformes ?"
À l’origine de la démarche, l’entreprise familiale Déglon, installée depuis 1921 à Thiers (Puy-de-Dôme), la capitale française de la coutellerie, qui souhaitait se débarrasser de produits entassés depuis des années dans un coin de son usine. “Au lieu de les mettre à la benne ou de les vendre au kilo chez un ferrailleur qui ne pourra pas forcément les recycler, ces couteaux pourront avoir une seconde vie”, explique à l’AFP le directeur des ventes Moïse Déglon, la “quatrième génération” à la tête de la fabrique.
Quelque 25 000 produits du coutelier, spécialisé dans la vente aux professionnels des métiers de bouche, ainsi que des milliers de couverts de la marque Albert de Thiers, racheté par Déglon en 1997, seront vendus avant Noël “entre 50 et 90 % moins cher” chez l’un des leaders français de la grande distribution, précise le coutelier.
Ces produits, totalement fonctionnels, avaient été mis au rebut en raison de légers défauts esthétiques (marques, éraflures, oxydations…), pas toujours visibles au premier regard mais ne pouvant pas être repris, sur la lame ou sur les manches des ustensiles.
”On avait déjà essayé de faire des opérations de ce type il y a cinq ans, mais on n’arrivait pas à vendre les produits déclassés. Aujourd’hui les mentalités ont évolué”, souligne le directeur technique de l’entreprise, Dominique Lazime.
Selon lui, les avantages de ce partenariat seraient autant “économiques qu’écologiques” et permettront à l’avenir “d’éliminer les coûts cachés” de l’entreprise.
“C’est une brèche qui est en train de s’ouvrir. Déglon est la première entreprise de produits manufacturés au monde à utiliser ce repère anti-gaspi pour écouler ses produits”, confirme Nicolas Chabanne, le fondateur de l’initiative des “Gueules Cassées”.
“Il y a un océan de produits qui vont revoir le jour grâce au consommateur très en demande de ce type de produits et au réseau qui a été mis en place”, prédit encore Nicolas Chabanne, qui imagine le même type de partenariat dans le “secteur textile ou mobilier”.
Lara Charmeil (avec AFP)
@LaraCharmeil