Partager la publication "Elle reçoit le Nobel de médecine pour une découverte effectuée en… 1972"
“Nous avons mené des recherches pendant des dizaines d’années, donc obtenir ce prix n’est pas une surprise”, a-elle réagi dans les colonnes du quotidien de la province du Zhejiang (est), le Qianjiang Evening News, lundi 5 octobre.
Le lendemain, Tu Youyou a déclaré à la télévision publique que le prix Nobel n’était pas “un honneur fait à (sa) seule personne”, mais à “l’ensemble des scientifiques chinois”. “Sur le plan international, a ajouté la pharmacologue, c’est une percée de la médecine traditionnelle chinoise”.
Formée aux médecines occidentale et chinoise, Tu Youyou avait été affectée d’office en 1967 dans un institut de recherche, en pleine guerre du Vietnam. Avec d’autres chercheurs, elle avait alors héritée d’une mission militaire “top secrète”, baptisée “projet 523”, et venue des sommets de l’État chinois : trouver un traitement contre le paludisme, une maladie qui frappait alors la Chine et décimait les forces communistes du Nord-Vietnam soutenues par Pékin.
Sur demande de Mao Tsé-toung et du Premier ministre Chou En-lai, le “projet 523” – impliquant 500 chercheurs de 60 instituts – fut pourtant le seul maintenu, avec ceux sur les bombes nucléaires (A et H) et les satellites artificiels.
Alors que les jeunes gardes rouges répandent le chaos dans le pays, Tu Youyou quitte sa fille de trois ans et, dans son laboratoire de l’île tropicale de Hainan (sud), commence, avec son équipe, à extraire des substances antipaludéennes à partir de plantes traditionnelles.
Artémisine
Treize ans de recherches difficiles durant lesquels l’un de ses collègues ira jusqu’à s’innoculer le paludisme pour tester les effets des molécules-remèdes. Au bout des tests : la découverte de l’artémisine – extraite d’une plante, l’armoise annuelle (artemisia annua) – qui est devenue l’un des principaux traitements contre le paludisme.
L’institution pour laquelle travaillait la pharmacologue, l’Académie des sciences médicales chinoises, a déclaré à l’AFP “ne pas prévoir pour l’instant de conférence de presse”, alors que la Chine est en période de vacances jusqu’à mercredi 7 octobre. Li Tingzhao, le mari de Tu Youyou, n’a par ailleurs pas précisé si son épouse, à l’état de santé fragile, serait en mesure d’assister à la cérémonie de remise du prix à la fin de l’année, disant “attendre des précisions” du comité Nobel.
Lara Charmeil (avec AFP)
@LaraCharmeil