Partager la publication "13 Fermes d’avenir : un concours pour soutenir les “agriculteurs de demain”"
C’est pour promouvoir d’autres projets de ce type, “audacieux, innovants et réalistes”, que le jeune entrepreneur s’est associé à La Ruche qui dit oui. Avec cette plateforme dédiée aux circuits courts, au printemps, il a lancé le concours “13 Fermes d’avenir”. Le principe : dans chaque “grande région française”, sélectionner une ferme représentative de ce nouveau mode d’agriculture. Et financer son développement grâce à une enveloppe allant jusqu’à 30 000 euros.
“Nous voulons rendre désirable un métier difficile, en présentant au grand public des gens qui trouvent des solutions pour l’exercer de façon noble et pure”, explique Maxime de Rostolan.
7 000 pages et 4,5 gigabits
Les candidatures sont arrivées en grand nombre. “Nous avons eu beaucoup de mal à retenir treize projets parmi les 187 candidatures sélectionnées”, précise Guilhem Chéron, le fondateur de La Ruche qui dit oui. Et Maxime de Rostolan de renchérir : “En tout, nous avons épluché 7 000 pages, soit 4,5 gigabits de dossiers de présentation.”
À quoi ressemblera l’agriculture du futur, au juste ? “À celle qui existe déjà maintenant, mais en minorité, et qui n’est pas impactée par la crise d’élevage”, estiment les organisateurs du concours : “S’ils restent dépendants du système global, ils se situent en-dehors des problématiques actuelles.”
Bio, agroforesterie et microfermes
Ces agriculteurs, dont beaucoup cultivent en bio ou en agroforesterie, portent une attention toute particulière à l’analyse des sols et à la sélection des variétés, “des recherches qui, pendant longtemps, n’ont pas intéressé les agronomes”, explique Maxime de Rostolan. Ces nouveaux fermiers, dont un tiers sont des femmes, ont en moyenne moins de 40 ans et exploitent des microfermes de moins de 3 hectares.
“Ces paysans, même s’ils doivent se battre, vivent bien et sont heureux de se mettre au travail le matin. Ils nous ont proposé des modèles censés nourrir massivement et durablement la population, tout en leur permettant, à eux, de ne pas travailler tout le temps”, précise le fondateur de la Ruche qui dit oui.
Réduire le temps de travail tout en préservant la nature, la qualité des produits, tout en maintenant l’emploi : c’est par exemple l’objectif de Nicolas Thirard, l’un des treize lauréats. À la tête des “Légumes de l’Omignon” , une ferme établie dans la Somme, cet ex-informaticien produit plus de 50 variétés de légumes sur des terres qu’il convertit peu à peu à l’agriculture bio.
Inclure les consommateurs
“Depuis environ six ans, je travaille avec les gens du cru, mais aussi avec des ruches de région parisienne”, se réjouit le lauréat, spécialisé dans le chou de Kale. Et de poursuivre : “Si je pratiquais l’agriculture conventionnelle, je serais sans doute seul sur mon exploitation. À présent, nous sommes six. Et ma ferme est ouverte aux consommateurs.”
Plus à l’est, en Alsace, Lauriane et Charles Durant, de la “Ferme du vieux poirier”, ont eux aussi remporté le concours. Leur projet ? Profiter de leurs terres régulièrement inondées pour créer un “écosystème circulaire” sur trois hectares :
“Nous voulons creuser un étang dans lequel nous élèverons des écrevisses. Pour faire de l’ombre aux crustacés, nous planterons des arbres fruitiers. Sur ces derniers, nous cultiverons des champignons. Avec ce biotope recréé, nous voulons pouvoir faire vivre notre famille et être capables d’être généreux avec d’autres”, raconte Lauriane Durant.
Pour permettre la réalisation de tous ces projets, La Ruche qui dit oui et Fermes d’avenir comptent à présent sur l’intérêt des citoyens. Car sur les 30 000 euros offerts à chaque lauréat, “seuls” 10 000 euros sont versés par les partenaires du projet. Pour collecter les fonds supplémentaires, une campagne de financement participatif a été initiée sur la plateforme Blue Bees, vidéos à l ‘appui.
Lancée mi-septembre, la campagne se termine le 23 novembre, quelques jours avant la remise officielle des prix des 13 lauréats, les 4 et 5 décembre à Paris. En soixante jours, les organisateurs espèrent ainsi collecter 300 000 euros, afin de les répartir entre les différents projets sélectionnés. Pour l’heure, 5 000 euros ont été versés.
“Avec cette campagne, nous voulons montrer que l’argent peut trouver dans l’agriculture un espace de sens et de bien-être social. Quelque chose d’autre que les 3 milliards de subventions demandés par la FNSEA pour l’élevage français”, conclut Maxime de Rostolan.
Lara Charmeil
@LaraCharmeil