Partager la publication "Fluicity, une appli pour renouer le dialogue entre les citoyens et les maires"
“En France, plus de 8 personnes sur 10 considèrent que les politiques ne se préoccupent pas de leur opinion. Et 71 % des personnes interrogées trouvent que la démocratie ne fonctionne plus. Il faut réconcilier le citoyen et la mairie”, avance Julie de Pimodan.
Fondatrice de Fluicity, cette ancienne journaliste a couvert les Printemps arabes, avant d’être embauchée chez Google, où elle a aidé de grandes entreprises à choisir leurs annonces publicitaires.
Alors que la défiance des Français envers le monde politique se creuse et que les réflexions sur la démocratie participative se multiplient, Fluicity espère faire bouger les lignes grâce à une application mobile. L’objectif de cette “innovation civique” , selon les mots de sa créatrice, est de renforcer les liens entre élus et citoyens.
Avec cette plateforme, le maire pourra s’adresser à ses administrés afin de les informer des actualités culturelles ou encore d’un nouveau projet urbain. S’il cherche à réduire les dépenses, l’élu pourra par exemple y lancer un sondage, afin de décider ses administrés des jours de fermeture d’une piscine municipale, par exemple.
L’application se veut simple et didactique, autant pour l’équipe municipale que les citoyens. Pour recevoir rapidement les informations qui les intéressent et connaître les nouvelles initiatives dans leur quartier, il suffira aux utilisateurs de se créer un profil.
Ils pourront alors livrer directement leurs avis, idées et suggestions sur les nouveautés dans leur ville, s’évitant, par exemple, d’avoir recours aux pétitions. Si le citoyen estime qu’un changement de signalisation serait bénéfique au trafic routier, il pourra le suggérer via l’application. Une réponse, ainsi que des informations sur la problématique soulevées lui seront alors envoyées par l’équipe municipale.
Mais avant de voir cette appli essaimer dans nos villes, il faudra patienter. Pour l’heure, cette dernière est en phase de test : des volontaires l’utilisent et donnent leurs avis sur sa version bêta, tandis que les membres de Fluicity jouent le rôle de l’équipe municipale d’une ville fictive.
Dès septembre, ce sera au tour de trois communes et d’un arrondissement parisien, non révélés pour le moment, mais comptant tous entre 20 000 et 80 000 habitants, d’essayer la plateforme. Le lancement officiel de Fluicity, lui, est prévu pour 2016.
L’équipe parisienne de l’entreprise, composée de cinq salariés, espère que d’autres villes se manifesteront alors pour adopter le dispositif. Leur objectif sera ensuite de rendre l’outil accessible au plus grand nombre. Pour ce faire, l’entreprise compte créer un site Internet, afin de ne pas limiter son public aux seuls détenteurs de smartphone.
Public et privé, prêts à coopérer ?
“À travers mes expériences, j’ai pu constater la très forte influence, négative ou positive, des nouvelles technologies dans la société, explique Julie de Pimodan. Le numérique était pour moi une évidence. Alors que seulement 5 % du gouvernement est passé au digital, il y a encore beaucoup de travail.”
Comme le souligne le rapport ministériel sur “L’amélioration de la relation numérique à l’usager”, le numérique, présenté comme “un outil essentiel”, peine à s’introduire dans l’administration. C’est ce retard important sur le secteur privé qui a incité l’équipe de Fluicity à agir. S’ils reconnaissent volontiers qu’une application ne sauvera pas la démocratie, Julie de Pimodan et son équipe espèrent “faire évoluer la situation”.
Comment l’arrivée d’un outil fourni et encadré par une entreprise privée sera-t-elle accueillie par le secteur public ? Là encore, Julie de Pimodan se montre confiante : après avoir rencontré une promotion d’énarques, elle a constaté “avec surprise” que “les mentalités sont plus ouvertes au numérique qu’on ne le pense”.
En l’absence de véritable retour d’expérience, l’apport concret de Fluicity reste encore difficile à évaluer. Mais l’application a déjà plusieurs réussites à son actif. Elle a réussi sa première levée de fonds et reçu, le 15 avril dernier, l’un des prix du concours d’innovation de la MIT Technology Review.
Jean Duffour
Journaliste à We Demain
@JeanDuffour