Partager la publication "“L’increvable” : une machine à laver conçue pour durer 50 ans"
Mais en vingt ans de bidouille, les objets sont devenus de plus en plus difficiles à démonter : vis spéciales, plastiques cassants, soudures… tout semble désormais fait pour décourager le réparateur.
Derrière ce phénomène se cache une stratégie industrielle : l’obsolescence programmée , qui, selon Julien Phedayeff,“dicte notre consommation d’objets” et “permet de faire croître à l’envi la production et l’économie, souvent dans l’irrespect le plus total des ressources, des consommateurs et de la planète.” Pour preuve, si, au début des années 2000, un lave-linge fonctionnait entre 10 et 12 ans, sa durée de vie n’est aujourd’hui plus que de 6 à 9 ans, selon un rapport des Amis de la Terre.
À RÉPARER SOI-MÊME
Conçue pour durer au moins 50 ans, la machine est aussi rodée pour les déménagements. Adieu mal de dos : le traditionnel poids en béton a été remplacé par un réservoir d’eau de 30 litres, qui se remplit tout seul au premier lavage. Et au cas où votre escalier serait trop étroit, la machine est entièrement démontable. Une caractéristique qui permettra également de la vendre en kit à monter soi-même, à la façon des meubles Ikéa. Et donc, à un prix compétitif.
Julien Phedyaeff fait ainsi le pari qu’en montant lui même sa machine, l’usager pourra, à l’avenir, la rafistoler lui-même en cas de pépin. En guise d’assistance, il a créé un site Internet qui guide l’utilisateur à travers toutes les étapes de la réparation, de l’identification de la panne au remontage, vidéos à l’appui. Et s’il ne se sent pas l’âme d’un bricoleur, il pourra toujours faire appel à un pro.
Outre sa nomination au prix Observeur du Design, qui sera décerné fin 2015 par l’Agence pour la promotion de la création industrielle , L’increvable est également candidate aux James Dyson Award. Si le concept a de quoi séduire le consommateur, il reste cependant à savoir si un industriel sera prêt à fabriquer un objet si peu rentable. Car jamais remplacé…
Jean-Jacques Valette
Journaliste à We Demain