Partager la publication "Rifkin avait raison ! La voiture individuelle décline en France"
“D’ici à 25 ans, l’idée même de propriété paraîtra singulièrement limitée, voire complètement démodée. (…) C’est de l’accès plus que de la propriété que dépendra désormais notre statut social. ”
En 2000, dans son livre L’âge de l’accès : la révolution de la nouvelle économie, l’essayiste américain Jeremy Rifkin dépeignait un capitalisme branlant, depuis toujours centrée sur la notion de propriété, et qui allait, en quelques années seulement, se transformer complètement. Une thèse qu’il confirmait en 2014 dans La Nouvelle Société du coût marginal zéro, ouvrage dans lequel il affirme que “le capitalisme va laisser place à une économie de l’échange et du partage”.
PROPRIETÉ VERSUS MOBILITÉ PARTAGÉE
Certes, la voiture reste le moyen de transport privilégié des Français. Mais le rythme de croissance du parc automobile, après une stagnation d’une dizaine d’années, ralentit nettement.
Particulièrement en milieu urbain. La présence des voitures individuelle diminue fortement en centre-ville, au profit des transports en commun certes, mais également de pratiques alternatives. Ce changement de comportement s’explique par différents facteurs, autant économiques que sociétaux. S’il met un terme à l’hégémonie des véhicules particuliers, il ouvre surtout la voie à une multitude de nouveaux marchés gravitant autour du concept de mobilité partagée.
Selon une étude du cabinet d’analyses sectorielles Xerfi, entre 2005 et 2012, le nombre de sociétés d’autopartage publiques a été multiplié par quatre en France. Vingt-trois villes proposent aujourd’hui ce type de service. Les services de location de voitures entre particuliers se multiplient également.
DES MONOPOLES MENACÉS
Les Français sont également de plus nombreux à user du covoiturage, qui se démocratise et s’industrialise, sous l’impulsion de Blablacar. À l’origine destinée aux longues distances, cette pratique s’étend désormais à de plus en plus petits trajets, en ville principalement. C’est le covoiturage urbain instantané.
Mais surtout, le discours des Français sur la mobilité change. Selon une étude réalisée par TNS Sofres pour le Groupe Chronos, pour 51 % d’entre eux, la majorité des déplacements en 2030 se fera en véhicules partagés.
DE NOUVEAUX VECTEURS DE LIBERTÉ
La cause la plus évidente de ce changement de mentalité est avant tout économique. Selon l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), le pouvoir d’achat annuel des ménages aurait diminué entre 2008 et 2015, de 1 630 euros par ménage.
Dans le même temps, le coût de l’utilisation d’une voiture individuelle ne diminue pas d’un pouce, s’approchant de 3 000 euros par an. Les frais sont nombreux, trop nombreux pour les Français qui préfèrent aujourd’hui prendre leur destin et leur porte-monnaie en main.
Judith Roussel est auditrice spécialisée dans la mobilité pour l’entreprise d’audit canadienne WWS.
Contact : judith.roussel@outlook.com