Partager la publication "Et voici le portrait robot du consommateur collaboratif"
QUATRE GRANDS MODÈLES
L’enquête dresse tout d’abord un panorama de ce secteur, tâche ardue, car il n’en existe pas de définition consensuelle. Se basant exclusivement sur l’acte de consommation (ce qui exclue de fait la finance participative), elle distingue quatre grands modèles :
- La redistribution de biens avec échange de propriété (achat, don et troc)
- Les produits-services ou économie de la fonctionnalité (location ou prêt d’objet, de véhicule, de logement, d’espace de travail)
- Les services entre particuliers (ménage, covoiturage, taxi P2P, coaching, restauration)
- Les systèmes locaux coopératifs (circuits courts, systèmes d’échange locaux, réseaux de voisinage)
Afin de mieux cerner les utilisateurs, une enquête en ligne a également été menée durant trois mois auprès de 2 150 adeptes de la consommation collaborative, à travers un questionnaire intitulé « Je partage ! Et vous ? ». Si cet échantillon n’est pas représentatif de la population française, il permet néanmoins de distinguer des tendances nettes dans le profil des utilisateurs.
Quelles sont les motivations de ces consommateurs collaboratifs ? OuiShare et la FING les ont répartis dans quatre catégories :
- Les pragmatiques (40 %), « qui cherchent avant tout le caractère pratique de la consommation collaborative », selon Arthur De Grave, de OuiShare.
- Les engagés (19 %), « qui trouvent un supplément d’âme dans cette forme de consommation ».
- Les opportunistes (36 %), « qui y ont avant tout recours pour des raisons économiques. »
- Les sceptiques (5 %), « qui ont essayé le collaboratif par simple curiosité et n’ont pas été convaincus. »
LES 25-34 ANS SURREPRÉSENTÉS
Quel âge ont-ils ? « On a peu de personnes de plus de 65 ans et peu de très jeunes également », explique Marine Albarede. « On a une surreprésentation des 25-34 ans, la génération la plus représentée parmi les consommateurs collaboratifs », ajoute-t-elle. Quant aux plus de 35 ans, ils sont très présents dans les services qui impliquent une forme de propriété : conducteur de covoiturage ou hôte d’hébergement.
Quelles sont leurs valeurs ? « Globalement, les sondés sont des gens très engagés dans des formes de solidarité : une personne sur trois est bénévole », ce qui explique aussi, selon elle, leur inclination vers des pratiques collaboratives.
Face à cette offre pléthorique qui englobe tous les aspects de la vie, 52 % des sondés pensent que l’économie collaborative deviendra aussi importante que l’économie traditionnelle dans le futur. Le seul frein à ces pratiques ? Le temps nécessaire à la recherche de l’offre et à la transaction, évoqué par près de sept sondés sur dix.
Cinq scénarios de prospective
- Elle pourrait se scinder en deux parties : l’une se rapprochant de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS), pour mieux répondre aux enjeux sociétaux et environnementaux, tandis que l’autre s’engagerait résolument dans une logique capitaliste.
- Pour faciliter les échanges, des « hubs » physiques devraient apparaître un peu partout sur le territoire et créer de la valeur à l’échelle locale, à l’image de la Ruche qui dit oui !
- De plus en plus d’objets seront conçus directement pour être partagés, tel le Vélib’, ce qui devrait entrainer de nouvelles spécificités dans les cahiers des charges industriels et des opportunités nouvelles dans l’économie des services.
- Après l’essor des systèmes centralisés, le second âge de la consommation collaborative pourrait tendre vers une gouvernance de plus en plus participative.
- Les usages collaboratifs des jeunes entrant dans la vie active transformeront probablement la société. Les services et les politiques qui leurs sont destinés devront s’y adapter.
Retrouvez toute l’enquête, publiée en Creative Commons, à cette adresse.
Journaliste We Demain