Business au vert - Bpifrance

Comment Clauger a relevé le pari du froid industriel vert

Pour Clauger, tout commence en 1971 quand Paul Minssieux fonde une société spécialisée en froid et traitement d’air pour la fabrication de produits alimentaires, notamment dans le domaine de la fromagerie. Peu à peu, l’entreprise élargit son activité à tous les secteurs agro-alimentaires et s’étend même au-delà. Parallèlement, elle se développe à l’international (plus de 100 pays aujourd’hui). Une évolution qui a notamment été menée par un des fils du fondateur, Frédéric Minssieux, qui a repris la tête de Clauger en 2006.

Frédéric Minssieux. Crédit : Clauger.

“Je suis un peu tombé dedans, c’est vrai, avoue-t-il. À l’origine, j’ai une formation technique avec un BTS froid et climatisation puis j’ai fait une équivalence ingénieur à l’IFFI [Institut Français du Froid Industriel]. J’ai commencé ma carrière par un stage au Danemark dans une entreprise de fabrication de compresseurs avant d’intégrer Clauger et de faire mes débuts sur le terrain.” Avant de prendre la tête de l’entreprise, Frédéric Minssieux aura fait presque tous les métiers possibles de l’entreprise. Dépanneur, metteur au point, chargé d’affaires, directeur d’une antenne en Bretagne puis à Niort… Il se bâtit une expérience complète avant de devenir le Directeur général de Clauger en 2006.

Une masse salariale en hausse de 15 % par an depuis 10 ans

Lors de sa prise de fonction, Clauger comptait 300 employés et réalisait un chiffre d’affaires de 50 millions d’euros. Aujourd’hui, l’entreprise dénombre quelque 2 300 collaborateurs et un chiffre d’affaires multiplié par dix (500 millions d’euros par an). “Cette transformation a été à 95 % organique. Pendant dix ans, nous avons en moyenne augmenté la masse salariale de 15 % tous les ans et avons même fini par ouvrir une école de formation Clauger”, souligne Frédéric Minssieux.

La spécificité de Clauger, qui explique son développement soutenu depuis tant d’années, est double. D’une part une réelle volonté de créer des solutions 100 % sur-mesure pour ses clients en intégrant de nombreuses briques technologiques et des compétences en interne. Mais aussi un vrai souci environnemental depuis quinze ans. “Le but est d’apporter de la valeur pour des usines ‘green label’, c’est-à-dire décarbonées, sobres en énergie et respectueuses de l’environnement”, résume le Directeur général. Des solutions qui ont séduit les plus grands (Danone, Nestlé, Chobani, Sanofi…) mais aussi nombre de PME.

Du “sur-mesure” pour un service client poussé

Loin de l’image classique du frigoriste, Clauger se démarque par son approche à 360° d’un site industriel. “Avant de proposer une solution, nous analysons de bout en bout le flux des produits et grâce aux savoir-faire de nos ingénieurs agro-alimentaires, nous accompagnons les exploitants, jusqu’à suggérer une modification de process afin d’obtenir le meilleur produit à la fin : sûr, sain, sans conservateur et avec une DLC 2024 plus longue si possible.” 

Clauger intègre par exemple ses propres spécialistes fromagers, capables de définir les meilleures conditions d’ambiance pour affiner les fromages. Hygiène, choix des matières premières… les conseils sont vastes et variés et vont bien au-delà de la simple chaîne du froid.

La performance énergétique, une préoccupation depuis de longues années

Au coeur d’une des installations de Clauger. Crédit : Clauger

Depuis son arrivée à la tête de l’entreprise, Frédéric Minssieux s’est emparé de la question environnementale pour l’intégrer dans les objectifs de l’entreprise. “Cela a eu du mal à démarrer à l’époque”, reconnaît-il. Mais ses clients y ont vite constaté l’intérêt financier qui accompagnait une meilleure gestion de la performance énergétique des systèmes de froid. Dès 2008, l’entreprise remporte un trophée de l’innovation pour la mise au point d’une pompe à chaleur froid et chaud avec un rendement sept fois supérieur par rapport aux équipements existants. Clauger a aussi mis un point d’honneur à accompagner ses clients vers la norme ISO 50 001 (management de l’énergie).

“Nous intégrons dans notre modèle l’optimisation énergétique dès l’installation et jusque dans la gestion au fil des ans avec un résultat garanti. C’est-à-dire que nous nous engageons sur une économie de l’ordre de 20 % garantie dans le temps”, détaille le Directeur général. Pour cela, Clauger a développé des briques d’intelligence artificielle dans sa plateforme collaborative MyPortal3E pour optimiser en continu la performance qu’elle soit énergétique, de process, environnementale ou même sociétale.

Une collaboration avec Bpifrance qui s’inscrit dans le temps

“Nous collaborons avec Bpifrance depuis plus de quinze ans. Ils nous ont aidé sur nos innovations, dans la signature de prêts verts mais aussi par le biais de l’accélérateur ETI qui nous a permis de monter en compétence. Ils nous ont aussi soutenus lorsque nous avons voulu développer notre service d’audits éco-flux auprès de nos clients”, détaille Frédéric Minssieux. Des diagnostics éco-flux qu’ils utilisent eux-mêmes, comme ce fut le cas dernièrement pour un nouveau bâtiment du groupe.

Frédéric Minssieux se dit aussi très attaché à la Communauté du Coq Vert. “J’ai intégré récemment cette communauté et cela m’apporte beaucoup. Clauger a eu l’honneur d’être désigné ‘Éclaireur’, c’est-à-dire que Bpifrance considère que l’entreprise est un bon exemple pour d’autres. Je me suis engagé à répondre au mieux aux dirigeantes et dirigeants eux aussi engagés dans leurs transitions écologique et énergétique”, explique-t-il. Une démarche qui rentre parfaitement dans sa philosophie de l’entrepreneuriat. Clauger est devenu entreprise à mission en 2018 et souhaite aujourd’hui échanger les bonnes pratiques et contribuer à cette communauté.

Cet article a été réalisé grâce au soutien de Bpifrance – La Communauté du Coq Vert

Recent Posts

  • Déchiffrer

Christophe Cordonnier (Lagoped) : Coton, polyester… “Il faut accepter que les données scientifiques remettent en question nos certitudes”

Cofondateur de la marque de vêtements techniques Lagoped, Christophe Cordonnier défend l'adoption de l'Éco-Score dans…

4 heures ago
  • Ralentir

Et si on interdisait le Black Friday pour en faire un jour dédié à la réparation ?

Chaque année, comme un rituel bien huilé, le Black Friday déferle dans nos newsletters, les…

11 heures ago
  • Partager

Bluesky : l’ascension fulgurante d’un réseau social qui se veut bienveillant

Fondé par une femme, Jay Graber, le réseau social Bluesky compte plus de 20 millions…

1 jour ago
  • Déchiffrer

COP29 : l’Accord de Paris est en jeu

À la COP29 de Bakou, les pays en développement attendent des engagements financiers à la…

2 jours ago
  • Déchiffrer

Thomas Breuzard (Norsys) : “La nature devient notre actionnaire avec droit de vote au conseil d’administration”

Pourquoi et comment un groupe français de services numériques décide de mettre la nature au…

3 jours ago
  • Respirer

Les oursins violets, sentinelles de la pollution marine en Corse

Face aux pressions anthropiques croissantes, les écosystèmes côtiers subissent une contamination insidieuse par des éléments…

3 jours ago