“Et si le succès du Roi Lion pouvait servir à protéger l’espèce ?”

Entre la sortie du Roi Lion en 1995 et son nouvel opus en 2019, la population de lions en Afrique a diminuée de façon brutale ! On comptait ainsi 50 000 spécimens au début des années 90, contre seulement 20 000 aujourd’hui.

Si le lion régnait autrefois en maître sur le continent africain, ses populations sont désormais éclatées et décimées par l’homme. D’après les scientifiques, l’espèce pourrait même disparaître d’ici 2050.

Les lions ne seraient ainsi plus présents à l’état sauvage que dans cinq pays : le Sénégal, le Nigéria, le Bénin, le Niger et le Burkina Faso. Cette zone de présence de 49 000 km² ne représente que 1,1 % de la zone historiquement habitée par le lion d’Afrique (Panthera leo).

Cette disparition fulgurante est principalement due à l’homme qui transforme les zones de chasse des lions en espaces de culture. Les zones de chasse autrefois réservées aux félins sont transformées en terres de culture ou de pâturage, le gibier (antilopes, buffles…) dont ils se nourrissent est abattu par des chasseurs, quand les lions ne sont pas eux-mêmes traqués.

Après l’indignation, il faut agir et vite !

La semaine dernière, je me suis indigné dans un message très commenté qu’on puisse encore chasser le lion en Afrique. En effet, chaque année, de riches touristes venus d’Europe ou des États-Unis sont prêts à payer plusieurs dizaines de milliers d’euros pour avoir la garantie de tuer un lion et “immortaliser” ce moment en photo. Les carcasses des lions sont ensuite vendus en poudre… car leurs os sont utilisés en médecine chinoise comme alternative aux cornes de rhinocéros (qui ont également quasiment disparus).

Ce filon juteux a même engendré la création d’élevages de lions en captivité. Des bénévoles travaillent parfois dans ces élevages en pensant œuvrer à la sauvegarde des espèces sauvages. Certains sont même prêts à payer pour un séjour de plusieurs mois.

Mais si la pratique est lucrative pour les éleveurs de lion, elle ne rapporte rien ou presque à ceux qui agissent vraiment pour la préservation de l’espèce. La baisse continue du nombre de lions dans la nature montre bien que la croissance des fermes ne protège en aucun cas les spécimens sauvages (sans parler des conditions dans lesquelles ces animaux majestueux sont élevés).

Quelle justice pour les lions ?

En juillet 2015, le plus célèbre lion du Zimbabwe, Cecil, avait été tué par un dentiste américain pour la somme de 50 000 euros. En réponse, le gouvernement avait placé les lions africains sur la liste des espèces en danger d’extinction. Mais c’est loin d’être suffisant !

Des associations spécialisées  estiment que l’interdiction des trophées d’animaux sauvages dans l’Union européenne et aux États-Unis pourrait par exemple porter un coup décisif à cette industrie. Protéger les lions demande beaucoup d’efforts, de nouvelles lois, mais aussi de l’argent.

Selon le docteur Henschel, il faudrait ainsi consacrer environ 2 000 dollars par kilomètre carré et par an pour protéger efficacement les lions, mais la plupart des aires protégées ont cent fois moins d’argent. Le tourisme pourrait alors représenter une alternative à la chasse. On observe en effet que les régions d’Afrique qui ont le plus de potentiel touristique sont également celles qui protègent le mieux les lions.

Préserver l’histoire de la Vie !

Avec 45 millions de dollars de budget et 968 millions de dollars de recettes en 1995, le Roi Lion était déjà l’un des films d’animation les plus rentables de tous les temps, le nouvel opus devrait battre de nouveaux records et il est normal que le Roi de la Jungle profite aussi de ce succès.

The Walt Disney Company a très justement lancé une campagne mondiale pour la conservation visant à sensibiliser et à soutenir la population de lions en déclin en Afrique à travers le LionRecoveryFund.org. Pour Elissa Margolis, en charge de la responsabilité sociale de l’entreprise : “Disney s’est engagé à soutenir les efforts de conservation des lions et nous pensons que Le Roi Lion est l’histoire idéale pour nous rappeler le rôle que chacun de nous joue dans la création d’un monde où ces animaux majestueux sont chéris et protégés”.

Mais on aurait pu aller encore plus loin en proposant d’attribuer à ce fond une partie des recettes sur les billets de cinéma. Certains spécialistes proposent même de créer un “droit à l’image” pour les animaux qui permettrait de reverser des fonds encore plus importants pour leur préservation dans la nature. Qu’en pensez-vous ?
 

“Tant que les lions n’auront pas leurs propres historiens, les histoires de chasse continueront à glorifier le chasseur” Proverbe africain

À PROPOS DE L’AUTEUR :

Yann-Maël Larher est le confondateur de okaydoc.fr, une communauté de chercheurs et d’experts dédiés à la transformation numérique des organisations. 
Il est Docteur en droit social et spécialiste des relations numériques de travail.

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