Partager la publication "Et si vous nous parliez d’avenir, Monsieur Macron ?"
Une phrase vue ces jours-ci sur un mur de la Sorbonne, à Paris, m’a interpellé : “Nous sommes l’avenir mais nous n’en avons pas”. Ces mots m’ont rendu triste. Certes, nous comprenons et nous admettons volontiers qu’il est difficile de gouverner quand une pandémie surgit brusquement. Mais nous sommes tous en train de perdre espoir, même les plus optimistes.
En effet, nos politiques, quels qu’ils soient, ne comprennent pas ce dont nous avons le plus besoin : d’espoir. Il est tellement plus facile de se cantonner sur la mise en place de processus plutôt que de mettre en œuvre une vision inspirante.
L’Imprécateur refait surface
Cela me rappelle le livre L’Imprécateur, de René-Victor Pilhes. Ce roman raconte l’histoire d’un combat étrange entre des forces inconnues, irrationnelles, occultes. Il met en scène ce que le monde occidental possède de “meilleur”, de plus moderne, de plus “exemplaire” : ses organisations technologiques, financières, administratives et économiques. Exactement comme notre gouvernement actuel.
Dans la hiérarchie des valeurs et des exemples, les “managers”, les chefs de la guerre économique mondiale, ont remplacé les enseignants, les philosophes, les artistes, les religieux, les militaires. Or, voici que dans l’entreprise de L’Imprécateur, ces élites arrogantes et vaniteuses se trouvent confrontées à une situation et un problème inconnus d’eux et dont aucun maître ne leur a jamais parlé dans leurs écoles… Il en va de même avec Emmanuel Macron.
Remettre l’imagination au pouvoir
L’imagination, antinomique de la technocratie, n’est décidément pas au pouvoir. Non seulement on échoue – ce confinement light marque le fiasco de la politique de vaccination et aussi de celui, bien antérieur, du tester-tracer-isoler (ou protéger) – mais en plus on anéantit l’espoir. Où est la vision ?
Avec cette crise, nous avions (l’avons-nous toujours ?) l’opportunité de changer les choses, de secouer cette bureaucratie qui nous tue et de bouleverser les règles que nous avons aveuglément respectées depuis des décennies. Il est temps de reconnaître que les codes et habitudes avec lesquels nous avons vécu n’étaient souvent pas nécessaires et, pire encore, rendaient la société plus fragile et moins agile. Il y a tant de choses que politiques et élus nous ont longtemps présentées comme impossibles et peu réalistes, qui doivent devenir possibles.
Ce faisant, les Français pourraient rêver à nouveau. Sans rêves, pas d’espoir. Mais aussi, sans vision, pas d’espoir.
Alors en attendant de retrouver l‘espoir, je deviens nostalgique et j’écoute la chanteuse américaine Joan Baez, Where are all the flowers gone ?
À propos de l’auteur
Philippe Bourguignon est co fondateur de Le Shack (Oasis urbaine – Paris)
Vice Chairman Revolution (Venture Capital – Washington DC)
Ex Davos ; Club Med; Disney ; Accor.
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